Epilogue

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1 MOIS PLUS TARD,



Parfois, la vie peut être cruelle, s'acharnant sans relâche sur les mêmes personnes leur affligeant la pire des souffrances, mais elle peut aussi être d'une beauté à couper le souffle.

Parce que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et qu'elle fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui nous forgeant une carapace épreuve après épreuve et un beau jour, on aperçoit enfin la lumière au bout de ce tunnel sans fin.

Malgré le soleil présent aujourd'hui, brûlant ma peau découverte nous faisant suffoquer sous la chaleur de l'été, des frissons parcourent la peau de mes bras j'aurais tant souhaité ne pas avoir à refaire cela, ne pas encore remettre les pieds ici parmi ce silence pesant, l'alignement de centaines de tombes me fait face m'écorchant un peu plus le cœur. J'aurai tant voulu avoir plus de temps avec eux, des non-dits qui resteront à jamais gravés au fer rouge dans mon cœur.

Je n'ai pas été une amie exemplaire ni même une fille modèle, j'ai fait tant d'erreurs dont je ne me suis jamais pardonnée, j'aurai tant voulu qu'il voit la Anna d'aujourd'hui celle qui après des mois à broyer du noir, a finit par accepter cette main tendue, à enfin guérir de ce chagrin sans fond, à accepter que désormais ils ne seront plus là mais vivants à travers mes souvenirs, à travers l'amour que je leur porterai indéfiniment. Car on ne guérit jamais réellement de la perte soudaine des personnes qui nous sont chères, on finit juste par s'habituer à cette douleur qui nous coupe le souffle, broyant tous nos organes les uns après les autres, car rien ne les ramènera mais ils vivront toujours, ici, dans notre cœur et ça personne ne peut nous l'enlever.

Ma main frôle une dernière fois les inscriptions dorées déposant une rose blanche sur sa tombe déjà bien fleurie. Je sèche rapidement mes larmes du revers de la main et marche sur les graviers de l'allée les yeux rivés sur cette silhouette accoudée à sa monture, il est là, présent dans les bons comme dans les mauvais moments.

Quand le cauchemar a enfin pris fin un mois plus tôt il n'a jamais pu quitter mon lit ni mes pensées, parce qu'auprès de lui je respire enfin, je me sens libre et vivante, électrisée par sa simple présence laissant derrière nous les fantômes du passé. Ses mains attrapent mes hanches attirant mon corps contre le sien.

- Tu es prête ? Murmure-t-il contre mes lèvres

Passant ma langue le long de ma bouche devenue sèche par notre proximité, je réponds en haussant les épaules.

- J'ai peur.

Sa main remonte le long de ma joue embrassant le bout de mon nez.

- Ensemble, nous sommes plus forts. Tu te rappelles ?

Je ferme les yeux profitant de cet instant d'intimité avant de faire face au monde réel. Ses mains ferment mon blouson en cuir, s'attardant le long de ma nuque profitant pour me voler un baiser avant qu'il n'enfonce le casque sur ma tête.

Mes bras se referment sur son torse avant que le moteur ne vrombisse dans les allées de la ville dont la circulation dense nous attend. Je laisse cet instant grisant s'infiltrer dans ma peau, profitant du vent qui s'engouffre dans mes cheveux devenus plus longs que mon éternel carré court flottant en dehors de mon casque. Dans un élan de courage, je détache mes mains de son torse resserrant mes cuisses le long de son corps, j'écarte mes bras levant la tête vers le ciel sans nuage criant à m'en couper le souffle. Je peux sentir sa main se resserrer autour de ma jambe alors que je souffle enfin.

À peine ai-je le temps de réaliser que Silas se gare devant la boutique, mes yeux s'embuent rapidement de larmes enlevant mon casque le cœur au bord des lèvres, je parcours la banderole attachée à la porte d'entrée « Chez Anna ».

À travers les grandes vitres je peux y apercevoir mes amis me saluant, ma famille, maman, Augustin. Ils sont tous là, pour moi.

- Tu l'a fais mon ange, me chuchote Silas le long de mon oreille.

Un sourire radieux s'étire sur mon visage tandis qu'une foule attend le long du trottoir patiemment que je vienne ouvrir ses portes, mon nouveau chez moi, notre futur, parce que sans eux, sans lui je n'y serais jamais parvenue.

J'attrape sa main avant de pénétrer dans la boutique, tout le monde applaudit, Rose est la première à venir me serrer dans ses bras suivie de près par toute la petite troupe que j'ai fini par affectionner avec le temps.

Cette boutique est l'accomplissement de tous mes rêves ainsi que de longues soirées à travailler sans relâche. Nous avons fait de ce second shop notre nouvelle maison, affichant des photos des plus intimes, papa, plusieurs cadres fleurissent le mur « des souvenirs » au cœur s'y trouve le dernier portrait de mon père, de notre famille au complet des frissons me parcourent le bras quand mes yeux effleurent toutes ces photos avec nostalgie. Mon cœur se serre un peu plus quand le visage d'Abby me fait face, parfois seule, mais aussi réunie de ses amis, de sa famille.

Cette boutique est pour moi une page qui se tourne, ainsi qu'un nouveau livre qui s'ouvre entre mon passé et mon futur, entre mon chagrin sans fond et mon bonheur nouveau...

- J'ai une surprise pour toi.

Je lève les yeux vers Silas qui rejette sa tête sur le côté, je me retourne vivement pour comprendre ce qu'il se trame. Mais alors que je pensais ne plus avoir de larmes en stock, il semblerait qu'un tsunami s'empare de mon corps au moment où ses bras s'ouvrent m'accueillant sans sourciller.

- Tu es venu, sangloté-je

Il hausse les épaules retenant avec peine les larmes accrochées dans ses cils.

- Je n'aurais manqué ça pour rien au monde.

- Comment as-tu réussi à sortir du centre ?

Un rire rauque attire mon attention, Silas s'approche lentement de nous les mains dans les poches.

- Ton petit ami peut être très persuasif quand il veut.

Ils échangent un regard complice. Un soupir de soulagement franchit la barrière de mes lèvres, pourtant ce n'était pas gagné, qui l'aurait cru que mon ex petit ami et mon copain actuel seraient devenus autant amis ? Pas moi ça c'est certain, mais j'avoue que cela me rend heureuse, je suis heureuse d'enfin pouvoir profiter de ma famille au complet sans à avoir à choisir entre mon passé et mon présent.

Le bras de Silas enlace mes épaules posant un baiser sur ma tempe, passant mon bras derrière son dos, mes yeux ne cessent d'admirer cet homme qui en quelques temps a pris une place si importante dans ma vie que je ne pourrai plus jamais le laisser partir, car je suis incapable de respirer correctement, je ne me sens à ma place que près de lui.

Il lève un sourcil voyant que je le regarde avec insistance.

- Qu'y as-t-il ?

Je hausse les épaules tout en me mettant sur la pointe des pieds déposant un chaste baiser sur ses lèvres, qui se transforme vite en besoin urgent et viscéral de sentir sa peau contre la mienne, la pulpe de son pouce passe délicatement le long de ma mâchoire déclenchant une nuée de frissons le long de mon corps.

Ses yeux d'une beauté à couper le souffle me sondent avant que ses lèvres ne murmurent contre les miennes.

- Je t'aime mon ange.

- Plus que l'univers.

Parce que même si vous n'y croyez plus, quelque part dans ce monde une personne vous attend, parfois se sont dans les moments les plus sombres que la lumière finit par percer. Ne perdez jamais espoir car l'amour finit toujours par triompher peu importe les épreuves à endurer il faut s'accrocher parce que ce sentiment vaut la peine d'être vécu.

FIN

Un coeur pour deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant