Chapitre 17

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Je prépare des boissons fraîches et quelques petits snacks pour les filles. J'ai décidé de faire simple pour le repas, des petites choses à grignoter pour éviter de faire de la grande cuisine. Je les rejoins dans le salon et installe le plateau repas. Je repousse les sextoys qu'elles m'ont offerts. C'est quand même gênant de se dire qu'elles ont pensé à moi et à ma solitude...

Bon allez, racontez-moi d'autres choses sur votre vie à l'université, ne faites pas de chichis, je veux tout savoir !, insisté-je en souriant.

Alors les filles commencent à me raconter d'autres anecdotes. Liza me raconte comment elle a réussi à convaincre son professeur de littérature de l'autoriser à écrire un essai sur un auteur inconnu du grand public.

— Il était tellement perplexe quand je lui ai parlé de Grant Malone !, m'apprend-t-elle. Personne ne connaît ce mec-là, mais tu sais comment je suis, j'ai insisté. J'ai même fait un exposé devant toute la classe !

Liza a toujours eu ce don de persuader n'importe qui de faire n'importe quoi, surtout quand elle y croit vraiment. Je suis vraiment contente qu'elle apprécie ses cours de littérature appliquée. Elle est vraiment faite pour la grande vie, loin de la Tribu.

Ruth, quant à elle, me parle de ses recherches en biologie marine.

— Je vais partir en stage à Hawaï cet été, pour étudier les écosystèmes coralliens. C'est un projet de six semaines avec des experts du monde entier. J'espère qu'avec ce que j'aurais appris, ça me permettra de me faire un nom et de bosser pour des grandes ONG plus tard. Peut-être même que je vais pouvoir en diriger une et qui sait, défendre Neah Bay ?

Je l'écoute avec un sourire sincère, mais à l'intérieur de moi, je sens le fossé se creuser davantage. L'idée de voyager, de découvrir de nouveaux horizons, c'est quelque chose que je ne peux même plus imaginer. Hawaï semble si loin de Neah Bay, de ma vie quotidienne centrée sur Claire.

Les anecdotes continuent de fuser, entre les sujets sérieux et les éclats de rire. Plus la journée avance, plus je me sens spectatrice de leur vie. Elles parlent de voyages, de rencontres, d'histoire de cœur et histoire de cul, tandis que moi, je me tais.

Je garde pour moi les histoires de couches changées et de nuits blanches. Ce n'est pas que je regrette, parce qu'il est évident que je n'ai aucun regret, ma fille est tout pour moi. Mais parfois, je me demande à quoi ma vie aurait ressemblé si les choses avaient été différentes...

Elles rient et je ris avec elles, mais le cœur n'y est plus vraiment. Une pointe de jalousie s'insinue en moi et me serre la poitrine. Je me souviens de ces soirées quand nous étions à l'école de la réserve, quand tout ce qui comptait c'était de passer un bon moment entre copines. Maintenant, mes soirées sont bien différentes, les repas, les bains, et les couchers de Claire...

— Oh et vous vous rappelez de cette fête chez les Alpha Theta ?, s'exclame Kacey.

— Celle ou tu as perdu ton pari avec Vance et que tu as dû chanter « Bohemian Rhapsody » devant tout le monde ?, ricane Liza.

— Oui ! C'était incroyable ! Je chantais tellement faux, mais tout le monde était trop saoul pour remarquer ! Ceci dit, j'ai peut-être perdu mon pari, mais j'ai fini ma soirée avec Vance et c'était... torride !

Les autres éclatent de rire et je commence à débarrasser la table. Avec tout ça, le soleil commence à décliner. Liza, Kacey, et Ruth y voient le signal du départ et commencent à rassembler leurs affaires, tout en continuant de raconter leur folles histoires de sexes. L'espace d'une seconde, je m'imagine à leur place, flirtant sans retenue avec un garçon ressemblant à Quil.

— Merci pour cette journée, Sky, déclare Ruth en me serrant dans ses bras. C'était vraiment bien de se revoir.

— Oui, merci, ajoutent Kacey et Liza en s'étreignant à leur tour.

Je les raccompagne jusqu'à la porte, je les embrasse encore une fois, leur promettant de les revoir bientôt. Je les regarde s'éloigner en leur faisant de grands signes de la main, mais à mesure qu'elles s'éloignent, mon sourire s'estompe un peu.

Je referme doucement la porte derrière moi, inspirant profondément. La soirée est calme, paisible et une part de moi ne peut s'empêcher de rêver de cette vie que je n'aurai jamais. La maison me semble soudain bien vide. Je me tourne vers le salon, là où Claire devrait jouer, si elle n'était pas partie avec Quil pour le week-end.

Quil.

Mon regard se pose sur les sextoys, nonchalamment posés sur un fauteuil.

Je frissonne.

Je récupère le gode ventouse à la volée et me rend vers la salle de bain. Mon cœur bat de plus vite alors que j'entre dans la pièce, mes pensées toujours tournées vers Quil. Je me laisse aller à penser à ses muscles bien dessinés, son sourire charmeur, son regard doux et ses grandes mains puissantes.

J'ouvre le robinet de la douche et attend que l'eau soit à température. Progressivement, la vapeur commence à envahir l'espace. Je fixe le carrelage de la paroie de douche, le regard un peu hagard. Mes pensées se perdent entre la réalité et mes fantasmes.

Quil.

Son nom résonne dans ma tête.

Je fixe le gode ventouse contre une paroi de la douche et ajuste la hauteur. Une chaleur monte en moi, intense et irrésistible. Je me débarrasse de mes vêtements que je laisse tomber au sol sans ménagement et j'entre dans la cabine de douche. L'eau commence à couler sur ma peau alors que je me rapproche du mur. Mes mains glissent sur mon corps et je ferme les yeux, laissant mes pensées vagabonder vers lui, imaginant que sont ses mains qui me caressent.

Lentement, je me laisse aller, mes mouvements se faisant plus précis, plus pressants. Mes doigts glissent entre mes cuisses, touchant la zone la plus sensible de mon corps, déjà gonflée de désir. Le jet d'eau couvre le bruit de ma respiration, qui devient de plus en plus haletante. Je laisse mes pensées s'envoler, imaginant Quil derrière moi.

Lentement, je me laisse glisser sur le gode, qui me pénètre en me soutirant un gémissement. Chaque sensation est amplifiée par l'image de Quil que je crée dans mon esprit. La tension monte en moi, j'ajuste ma vitesse de pénétration, jusqu'à ce que je me perde complètement dans ce moment, me laissant submerger par une vague d'émotions intenses. Plus rien n'existe à part ce plaisir, ce désir, et le fantasme de Quil.

Je gémis de plus en plus fort, ne sachant plus où donner de la tête, lorsque tout se relâche enfin et qu'une vague de satisfaction déferle en moi. Je reste un instant immobile, les yeux toujours fermés, avant de m'éloigner du mur et me redresser lentement. Le souffle court, je retire la ventouse du mur et m'appuie contre le carrelage, laissant l'eau chaude effacer les dernières traces de ce moment.

Lorsque je rouvre les yeux, la réalité me rattrape doucement. Quil n'est pas là, mais le désir qu'il suscite en moi est bien réel. Je sors de la douche, la peau rougie par la chaleur, et me sèche lentement. Je nettoie le gode ventouse que je laisse sécher sur le rebords sur lavabo.

Un dernier coup d'œil dans le miroir, je me fixe le regard sombre.

— Skyler, il faut arrêter ça maintenant, Quil-N'est-Pas-Pour-Toi !, me grondé-je. Range se fantasme au plus profond de toi et oublie-le !

Je pousse un soupir de lamentation et rejoins ma chambre, l'esprit embrouillé. Comment je vais faire pour m'en sortir ?

Celle que je ne suis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant