Chapitre 28

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Je quitte le boulot complètement épuisée et courbaturée. Je donnerais n'importe quoi pour me plonger dans un bon bain chaud ou m'allonger sur une table de massage. Mon seul réconfort, c'est que Quil s'est chargé de récupérer Claire à la garderie ce soir et que je vais pouvoir rentrer directement à la maison sans faire de détour.

Les jours se sont enchaînés depuis ma dernière conversation avec Emily. Depuis, j'ai remarqué que nos habitudes se sont doucement réinstallées entre Quil et moi. L'air de rien, nous avons repris nos petit flirts innocents, de jouer de nouveau ce petit jeu où nous agissons comme un couple, ce qui ne cesse de me perturber.

En arrivant à la maison, je suis accueillie par les rires joyeux de Claire et Quil. Ils sont assis sur le tapis du salon, entourés de jouets et de livres. L'ambiance est joyeuse et légère. Aujourd'hui est un jour particulier : Claire fête ses deux ans ! Quelques paquets-cadeaux sont disposés sur la table que Quil a dû les apporter depuis La Push. Je crois voir l'écriture d'Emily sur l'un des paquets.

Claire a les cheveux en bataille et les joues roses, elle rit aux éclats tandis que Quil fait semblant de lire une histoire à voix haute avec des voix exagérées pour chaque personnage. Elle est surexcitée. Je dépose mes affaires à l'entrée et les rejoins sur le tapis. Le regard de Quil se pose sur moi et mon cœur fait un bond, comme à chaque fois. Claire se précipite vers moi pour un câlin et je la couvre de bisous. Deux ans, ce n'est pas rien. Deux ans que cette petite fille, ma fille, partage ma vie et me comble de bonheur.

Après un moment passé à la câliner, je me lève pour préparer le dîner d'anniversaire. Rien de bien exceptionnel, mais je lui prépare ce qu'elle aime. Pendant que je m'affaire à préparer le repas tranquillement, je les laisse donc dans le salon, où ils ont maintenant sorti des blocs de construction pour bâtir une tour. Cette scène est devenue si familière, presque naturelle, presque comme si nous formions une vraie famille, que je pourrais m'y perdre.

Quand je les appelle à table, je profite de ce moment pour écouter Claire me raconter avec enthousiasme en détail chaque moment de sa journée à la garderie, après tout elle a fêté ses deux ans avec ses copains, ce n'est pas rien. Quil et moi l'écoutons avec attention, échangeant des regards complices. L'espace d'un instant, j'imagine notre vie telle qu'elle pourrait être si nous étions vraiment ensemble.

Je baisse la tête sur mon assiette pour cacher mon trouble, mais Quil semble le remarquer puisqu'il me tapote légèrement la jambe de son pied sous la table.

— Ça va ?, articule-t-il en silence.

Je hoche la tête et lui offre un sourire de façade. Je reporte mon attention sur Claire.

— Et donc, tu as dessiné un dinosaure ?, m'exclamé-je, impressionnée.

— Oui maman, mais je le ga'de pour tonton Paul !

— Il en a de la chance, tonton Paul !, réponds-je tandis que Quil étouffe un rire.

Je souris franchement en repensant à Paul, qui est à mille lieux d'imaginer que ma petite princesse est complètement amoureuse de lui !

Nous finissons de manger tranquillement. Claire ouvre ses cadeaux et semble émerveillée par chacun d'eux. Il y a de gros feutres, des gros blocs de construction, quelques livres et le must du must : un jouet pour le bain.

— Eh bah ça tombe bien, c'est l'heure du bain !, m'exclamé-je.

Je laisse Quil se charger de débarrasser la table et faire la vaisselle. Pendant ce temps, je m'occupe de donner un bain à Claire. Elle est un peu capricieuse ce soir et fait tout pour rester le plus longtemps possible dans l'eau parce qu'elle veut profiter de son nouveau jeu.

Finalement, je parviens à la raisonner et le bain se termine plutôt bien. J'ai réussi à la convaincre qu'elle m'a convaincu pour qu'elle porte son pyjama vert avec des cœurs blanc en échange de finir son bain dans le calme.

Je la ramène dans le séjour avant de me rendre dans la buanderie afin de plier le linge et faire tourner une machine. Je reste concentrée sur ma tâche, écoutant d'une oreille les conversations animées entre ma fille et son Quileute préféré.

Soudain, le téléphone de la maison se met à sonner.

— Je vais décrocher !, me prévient Quil, alors que j'entends ses pas lourds sur le parquet. Résidence de Skyler Young ?

Je termine de plier un pantalon avant de sortir de la buanderie. Qui peut bien téléphoner à cette heure ?

— Non, Skyler n'est pas là, répond-il sèchement après une courte pause.

Je m'approche de lui et il pose son regard sur moi, il me semble agacé.

— Quil ? Qui est-ce ?, demandé-je en fronçant les sourcils.

Je suis inquiète, mais il finit par souffler bruyamment, rouler des yeux avant de tendre le téléphone vers moi. Je prends le combiné, toujours aussi soucieuse. Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Allô ?, dis-je, le cœur tambourinant dans ma poitrine.

— Ah ! Salut Skyler, c'est Ben.

Je me détends immédiatement en reconnaissant la voix de Ben. Malgré notre rendez-vous raté, nous sommes restés en contact. Je n'ai d'ailleurs pas retenté l'expérience d'un rendez-vous avec qui que ce soit.

— Ben ! Quelle surprise, dis-je en souriant. Comment vas-tu ?

Du coin de l'œil, je vois Quil s'agacer dans son coin. Je ne comprends vraiment pas sa réaction. Il ne cesse de lever les yeux au ciel et répéter les mots de Ben en l'imitant à voix basse.

— Sky, j'ai beaucoup réfléchi suite à notre rencard, dit-il et je vois Quil se tendre immédiatement. Ça te dirait qu'on aille manger un morceau, un de ses quatres, je voulais...

— Euh, c'est-à-dire que..., commencé-je, abasourdie.

Il n'était pas convenu qu'entre lui et moi rien ne serait envisageable ? Compte tenu de mes sentiments pour Quil ?

— T'en fais pas Sky ! Je voulais te proposer un truc au sujet de...

— Ok Ben !, accepté-je précipitamment. On se cale un rendez-vous très vite, je te rappelle rapidement ?

— Oh, tu me raconteras, comprend-il

Je marmonne un « ouais, bye » avant de raccrocher, le cœur battant la chamade. Je soupire en tenant fermement le combiné contre mon cœur pour essayer de ne pas trembler.

Quil se racle la gorge à côté de moi et me dévisage d'un air contrarié.

— Alors, toi et Ben ?, lâche-t-il avec un regard noir avant de souffler comme un bœuf et de s'éloigner rejoindre Claire qui habille une poupée.

Je me calme pendant quelques instants avant de reposer le combiné du téléphone. Je ne comprends pas ce qu'il vient de se passer à l'instant, je n'arrive pas à rationaliser la réaction de Quil et son irritation.

Mes jambes parviennent à me porter jusqu'au canapé avant que je m'y laisse tomber. Quil reste encore un moment avec Claire avant de l'emmener jusqu'à sa chambre.

Lorsqu'il redescend, je meurs d'envie de lui demander des explications mais ma raison prend le dessus. Mon imagination me joue des tours, rien de plus, rien de moins.

Celle que je ne suis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant