La lionne de la famille Sy

Partie 34

Je m'éloigne rapidement d'Abbes, mon cœur battant la chamade. Il ferme la porte devant Bianca, l'air agité, et se précipite derrière moi. Je l'entends courir après moi, mais je ne ralentis pas.

Dans le salon, je l'affronte, les yeux pleins de larmes que j'essaie de contenir.

Moi: Pourquoi, Abbes? Pourquoi ne m'as-tu jamais dit la vérité sur Ryad? Je croyais que nous avions une véritable connexion. J'ai été vulnérable avec toi, je t'ai fait confiance, et voilà ce que je découvre!

Abbes: Hafsa, je voulais te le dire depuis le début. Mais quand je t'ai rencontrée, je ne pensais pas que tu irais jusqu'au bout du mariage. J'avais peur que, si tu savais, tu ne veuilles plus de moi.

Je secoue la tête, frustrée et blessée.

Moi: Mais tu n'as jamais essayé de me le dire après, même quand nous sommes devenus plus proches. Pourquoi as-tu continué à avancer avec moi sans me dire la vérité?

Abbes: Je pensais que je pourrais le dire quand le moment serait venu, quand nous serions plus proches. J'ai cru que le temps serait plus approprié... Je ne voulais pas te perdre avant que nous ayons l'opportunité de nous rapprocher véritablement.

Je fais un pas en arrière, mon cœur lourd.

Moi: Et Akim, mon frère, était-il au courant?

Abbes: Oui, Akim savait. Il était au courant depuis le début.

À ces mots, mes larmes débordent et je me précipite vers l'escalier, mes émotions prenant le dessus. Abbes me suit en appelant mon nom, mais je ne m'arrête pas. Je monte les marches rapidement, me réfugiant dans ma chambre.

Abbes: Hafsa! Attends, s'il te plaît!

Je me barricade dans ma chambre, les pleurs résonnant dans la pièce. Abbes frappe doucement à la porte, mais je reste silencieuse, dévastée par la révélation et le sentiment d'être trahie.

****

La fête d'anniversaire de Ryad, quelques jours plus tôt, restait gravée dans ma mémoire comme un étrange mélange de joie et de malaise. La famille s'était réunie chez ses grands-parents à San Francisco, la maison d'Abbes résonnant de rires et de conversations. C'était un beau moment pour Ryad, un instant où son innocence brillait, insouciant des tensions qui planaient au-dessus de nous, moi surtout. Pourtant, même au milieu des éclats de rires et des sourires, je pouvais sentir l'atmosphère lourde, presque palpable, autour de moi.

J'avais ressenti une tension latente, une sorte de nervosité à fleur de peau, comme si tout le monde savait que quelque chose clochait entre Abbes et moi. Bien sûr qu'ils savaient. Abbes avait dû leur dire que j'avais découvert son ancien mariage. Pourtant, personne n'avait osé me parler directement de cette affaire. Pas pour me dire de lui pardonner, pas pour essayer de me convaincre. Et cela signifiait beaucoup pour moi. Ils respectaient mon espace, mon silence. Même si la douleur était encore vive, je comprenais que ce n'était pas à eux de me dire la vérité, ni de me pousser à prendre une décision que je n'étais pas prête à prendre.

Je ne pouvais pas en vouloir à ceux qui avaient gardé le silence. Ce n'était pas leur rôle de se mêler de notre relation, de ce lourd secret qu'Abbes avait gardé enfoui pendant tout ce temps. Ils avaient probablement ressenti que ce n'était pas leur place de dire quoi que ce soit, et même si ça me blessait, j'acceptais cela.

L'anniversaire de Ryad, malgré tout, avait été parfait à ses yeux. Tout s'était bien passé jusqu'au moment fatidique du déballage des cadeaux. Ryad, des étoiles dans les yeux, avait tiré sur le papier cadeau pour découvrir la Nintendo Switch. Le silence tomba immédiatement sur la pièce, presque palpable. Tous les regards s'étaient tournés vers Abbes. Même son père, habituellement si stoïque, semblait tendu. Abbes ne laissait rien transparaître, mais je pouvais sentir sa contrariété. Pourtant, un léger sourire en coin flottait sur ses lèvres, un signe qu'il savait exactement pourquoi j'avais acheté ce cadeau. Il savait que j'avais acheté la console pour le contrarier, pour défier cette autorité qu'il avait toujours exercée, d'une manière subtile mais implacable.