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Tu étais donc sérieuse, déclare Hadès le lendemain.
Son aura de fumée noire à complètement disparu. Il se tient sur le seuil, appuyé contre la chambranle de la porte. Ses vêtements soulignent les contours anguleux de ses hanches et de ses épaules. Cet hommes est tout en lignes brisées et en surface planes. Une fois de plus, je ne peux nier que c'est agréable de le regarder.
Je me concentre sur son expression moqueuse et, aussitôt, mon irritation se ravive. Je préfère ça. C'est un sentiment plus facile à rationaliser.
Je n'ai pas la moindre idée de l'heure qu'il est ni du nombre de repas que j'ai ratés. On perd la notion du temps quand on est plongé dans la lecture des parchemins. J'y ai peut-être passé la nuit, voire toute la journée qui a suivi, plissant les yeux pour distinguer les mots malgré le manque de sommeil.
- Bien sûr que j'étais sérieuse, je réponds.
Hadès me défie du regard et je refuse de détourner le mien. Je ne suis ni tout à fait effrayée ni tout à fait fâchée; plutôt un mélange des deux. Comme il ne bouge pas, j'ajoute:
- Tu ne pourra pas m'en empêcher.
- Oh, ce n'est pas mon intention. Ce ne sont que des humains. Fais ce que tu veux.
Comme si j'avais besoin de ton accord crétin.
- Parfait, alors c'est réglé, je réplique d'un ton enjoué, pour lui montrer que son mépris ne m'atteint pas.
Pendant ce temps, il inspecte le chaos de la pièce. De nombreux parchemins sont ouverts sur des passages en particulier. Des notes manuscrites sont épinglées à certains, d'autres gisent sur le sol. Quand à moi, bien que la bibliothèque soit équipée d'un bureau, je me suis allongée par terre sans égard pour ma robe. Je ne sais pas me coiffer seule et j'étais trop gênée pour appeler Tempête, alors j'ai attachée mes cheveux en une sorte de chignon en bataille avec un pinceau. Je dois faire peur à voir.
Les yeux d' Hadès s'attardent sur un parchemins abandonné dans un coin, comme s'il hésitait à dire quelque chose. Quel hypocrite ! Je ne l'ai jamais vu à table sans l'un de ses fichus rouleaux. Dommage qu'il s'intéresse moins aux humains qu'aux textes qu'ils ont écrits. Si je veux leur offrir une vie après la mort, je dois savoir ce qu'ils désirent. Interrompre le déclin de leur âme pour les interroger, comme je l'ai fait hier, est bien trop épuisant. Alors j'en suis réduite à lire tout ce qui me tombe sous la main, dans l'espoir d'obtenir un aperçu de leur esprit.
- Il faut que tu manges, declare finalement Hadès.
- Non merci.
- J'ignore ce que tu cherches, mais tu n'arriveras à rien si tu tombes de fatigue.
- Que les choses soient bien claires : je me contrefiche de ton opinion. Quel que soit le sujet.
Ma gorge se noue à la fin de la phrase. C'est grisant de parler ainsi, plus librement que je n'ai jamais osé le faire devant ma mère. Et encore plus de me sentir animée par une détermination légitime. Pour la première fois de ma vie, j'ai un but. Je n'ai plus besoin de cacher le mépris que j'éprouve. Je n'ai plus besoin de me contrôler sans cesse. Je peux dire la vérité, aussi cruelle soit-elle.
Hadès m'écoute sans bouger, le sourire aux lèvres.
- C'est noté.
- Alors du balai.
Je ne peux pas me concentrer s'il est la. Il es trop agaçant. Trop perturbant. Et ce fichu sourire...
- Respecter la xénia à dû être terrible pour toi. Je n'aurais jamais cru qu'on pouvait être aussi impolie avec la personne qui t'héberge.
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• LA REINE DES ENFERS •
Romance『 Même les cœurs en pierre, et les âmes les plus noirs peuvent rêver d'un amour sain...ou presque 』