_______________________________________________________________
Tempête apparaît dans ma chambre deux jours plus tard, alors que je me tresse les cheveux.
- Hadès veut te voir.
- J'arrive dans cinq minutes.
- Non, tout de suite. Apparemment, il y a une urgence.
- Tempête? appelle une voix paniquée depuis le couloir. Au nom du Styx, je t'ai dit que je voulais lui parler. Je ne t'ai pas demander d'aller là chercher!
Je ne suis pas certaine que de simple pronoms soient préférables à << Coré >> mais, à sa décharge, je ne lui ai pas proposé de solution de remplacement.
Peut-être que je vais opter pour le nom d'une fleur. Ce serait une jolie façon de boucler la boucle, après en avoir baptisé tellement. Je réfléchis encore.
- Qu'est ce que ça change? ronchonne Tempête.
- Je suis encore capable de me servir de mes jambes, sans devoir convoquer les gens à tout bout de champ.
- Tu as l'ouïe d'une chauve-souris, je commente.
- Tu es habillée? m'interroge-t-il. Je peux entrer?
L'innocence de cette question me fait sourire, surtout au regard de mes craintes des premiers jours. Puis j'aperçois mon reflet rougissant dans le miroir. Je suis ridicule. On dirait une nymphe toute émoustillée.
Ce que je ne suis pas, bien évidemment. Je suis juste touchée par sa délicatesse. Bien que je vie sous son toit, il respecte mon intimité. Mère, elle, faisait irruption dans ma chambre sans frapper.
- Tu peux entrer, je confirme en me retournant.
Tant pis pour mes cheveux. Les tresser est plus difficile que Cyané ne le laissant paraître et, dans la mesure où j'ai passé la journée d'hier le visage tâche d'encre, ça m'étonnerait qu' Hadès s'offusque de ma coiffure.
Sa chemise en satin noire et son pantalon de costume également noir tranche sur le tissu pâle et le marbe blanc de la pièce. Ce palais est si froid, si sobre, si dépouillé...Le sol doré du mégaron est la seule touche de couleur. Pour la première fois, j'éprouve un pincement de regret en songeant au chaos chaleureux de la maison de ma mère.
Puis mes yeux se posent sur le visage d' Hadès, crispé par la même fureur que le jour où nous avons écouter Hermès négocier ma main.
- Ils savent, m'annonce-t-il.
J'avais déjà compris. Mon cœur s'est serré avant même qu'il ouvre la bouche.
- Ta mère a appris que tu t'étais enfuie.
Je me raccroche à la table. Heureusement que je suis assise, sans quoi je me serais effondrée.
- Je vais vous laisser, dit Tempête.
Ni Hadès ni moi ne répondons. Je me lève lentement, submergée par un tas d'émotion.
- Montre moi, je réclame en le contournant pour sortir.
Le son de ses pas résonne derrière moi.
Mon répit a duré plus longtemps que je ne l' escomptais.
Le degout m'envahit à la pensée du nombre de prétendants qui ont du se manifester, dont les quatre membres du conseil.
Autant d'hommes prêts à tout pour décrocher le gros lot...
Au milieu du Lac des Cinq Fleuves, je vois Mère hurler sur notre île, la tête levée vers le ciel afin d'alerter Zeus. Les nymphes détalent autour d'elle paniquées.
VOUS LISEZ
• LA REINE DES ENFERS •
Romance『 Même les cœurs en pierre, et les âmes les plus noirs peuvent rêver d'un amour sain...ou presque 』