CHAPITRE • 13

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A la seconde ou je m'étends sur mon lit, je plongé dans un profond sommeil, telle une pierre qui sombre au fond de l'océan.

Je rêve de ma mère.

En fait, c'est plutôt un souvenir, qui doit dater d'un an ou deux après mon amphidromie. Mère me bande le bras si serré que je n'ose pas respirer, de peur de troubler sa concentration et de la mettre davantage en colère.

- Il faut que tu fasse plus attention, marmonne-t-elle. Je n'ai jamais vu ça. Tu es une déesse. Il faut vraiment que tu manques de coordination pour réussir à te briser un os !

- Cetait un accident, je proteste.

Mes yeux brûlent, emplis de larmes de douleur et d'indignation parce que je me fais gronder alors que je souffre. Je ne comprends pas ce que j'ai fais de mal. Mon seul souhait est de rendre Mère heureuse ; comment ai-je pu échouer sans même m'en rendre compte ?

- Tu l'as bien cherché, à courir partout comme ça. Cela ne peut pas continuer, Coré. Tu deviens une jeune femme et tu dois te comporter comme telle. Tu ne peux plus faire la course avec les nymphes.

- Mais...pourquoi?

- Pourquoi quoi?

- Pourquoi tu ne veux plus que je fasse la course avec elles? C'est très amusant.

- Réfléchis voyons.

Un petit sourire flotte sur ses lèvres tandis qu'elle noue l'extrémité du bandage sur mon bras. Mais elle se reprend vite et, les épaules droites, elle me regarde dans les yeux.

- Tu n'es plus une enfant. Courir à travers l'île, te rouler dans l'herbe...ce n'est plus convenable. Les gens vont te prendre pour une nymphe sauvage et non pour une déesse respectable. On commence déjà à évoquer t'as beauté et t'as grâce sur l'Olympe. N'est ce pas ce que tu veux? Devenir une jeune femme mûre et élégante? Me rendre fière?

Il n'y a qu'une réponse possible à cette question. Je hoche la tête avant même qu'elle ait terminé sa phrase, tandis qu'au fond de moi, quelque chose de dessèche comme une fleur privée de soleil.

- C'est bien, me félicite-t-elle en membrassant sur le front puis en me caressant l'épaule. Si tu savais comme je t'aime Coré...

Je me délecte de la chaleur de son approbation. Mais ce soir-là, mon oreiller est trempé de larmes que je serais incapable d'en expliquer la raison.


•••

Je suis réveillée par le contact du tissu mouillé sous ma joue. Clignant des yeux pour chasser le sommeil, j'éprouve le même embarras que lorsque j'étais enfant et que les règles de vie changeais constamment. Je ne pouvais jamais prédire ce qui était interdit avant d'être punie. J'ai fini par conclure que tout ce qui me procurait de la joie était mal.

J'aime très fort ma mère. Elle a toujours voulu me protéger, je le sais.

Mais ce n'est sans doute pas par hasard que je pense autant à elle en ce moment, et que ça me fait si peur. Si seulement je pouvais en parler avec Cyané...je sais déjà ce qu'elle dirait : << Ta mère t'aime, elle souhaite ce qu'il y a de mieux pour toi. >> C'était sa réponse à tout : << Elle t'aime, elle t'aime, elle t'aime. >>

Quand on aime vraiment quelqu'un, essaie-t-on d'étouffer sa personnalité?

Aussitôt, je me sens coupable. Comment puis-je douter de l'amour de ma mère après d'avoir entendu parler à Hermès? Elle se bat afin de m'assurer un minimum de sécurité. Je devrais lui être reconnaissante de tour ce qu'elle a fait pour moi. Elle a passé sa vie sur une île pour me tenir à l'écart des Olympiens, elle a tour sacrifié...

• LA REINE DES ENFERS •Où les histoires vivent. Découvrez maintenant