CHAPITRE • 17

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J'ai les mains rouges et couvertes d'ampoules. Je jardine depuis des heures. Animée par un besoin irrépressible de sentir la terre sous mes ongles, j'ai renoncé aux outils qui m'auraient facilité la tâche.

Je contemple le palais de métal froid et de lames acérées qui se dresse devant moi. L'espace d'un instant, je voudrais lui ressembler. Affûter mes angles, m'entourer d'une couche de glace. Mais c'est quand je me laisse aller à mes émotions que j'obtiens des réponses. Et je ne peux pas repousser cette confrontation plus longtemps.

Avant de changer d'avis, je retourne à l'intérieur du bâtiment.

- Hadès ? je demande à Tempête, qui hoche la tete.

- Je vais le chercher.

Mieux vaut qu'elle s'en charge, car je ne le trouve jamais. Non pas que j'ai souvent essayé.

Une bassine remplie d'eau apparaît au milieu du couloir.

- Tempête ?

- Tu as besoin de te laver.

Un coup d'œil à mes mains devenus noires et ensanglantées me confirme que ça ne serait pas du luxe. Je termine de les essuyer quans une boule au creux de mon ventre me prévient que je ne suis pas seule. Le roi des Enfers se déplace aussi discrètement qu'une ombre. Je ressens sa présence avant de le voir, comme lorsqu'un nuage passé devant le soleil.


- Coucou, je lance d'une voix étonnamment douce.

Est-ce à cause de la fatigue? Ou parce que je me terre dans ma carapace depuis si longtemps qu'elle commence à se fendre?

- Comment tu te sens?

Hades se tient sur le seuil de l'une de ses innombrables bibliothèque. Je me détendre un peu. Au fond, je ne demande qu'à lui faire confiance. Je n'ai pas besoin d'un ennemi de plus parmi les dieux. Maintenant que Père et Mère ont découvert ma disparition, ce sont des alliés qu'il me faut. Or...j'ai vu comment il se comporte avec Styx. Ou parfois avec moi.


Je me suis focalisée sur son agressivité des premiers jours parce que j'étais terrifiée à l'idée de baisser ma garde. Mais je n'ai plus le choix. Si je ne m'appuie pas sur lui, je vais m' effondrer.

Néanmoins, la confiance marche dans les deux sens.

- Lasse, perdue, effrayée, furieuse. La liste est longue.

Je me frotte les yeux dans l'espoir de me réveiller. Mon épuisement n'est pas seulement physique, sans quoi il serait plus facile à surmonter.

- Je n'arrête pas de penser aux nymphes qu'elles a transformées en sirènes.

Hades me sourit, sans la moindre trace d'ironie ou de provocation.

- Après tout ce que ta mère, Poséidon et Zeus ont dit, c'est pour les nymphes que tu t'inquiètes? Ta mère pense qu'on t'a kidnappée, ton père ne pense qu'à ta réputation et Poséidon pense qu'un homme, en l'occurrence moi, est en train de coucher avec toi tel un animal affamer.

J'ignore si c'était son but, mais ma fatigue s'envole.

- Je suis très attachée à elles. Plus qu'à des rumeurs infonder sur ce que je suis en train de faire.

- Et aux humains. Y a-t-il quelqu'un dont tu ne te soucies pas ?

- Oui, les dieux.

- Logique.

• LA REINE DES ENFERS •Où les histoires vivent. Découvrez maintenant