CHAPITRE • 18

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Le lendemain matin, quand je regagne ma chambre après le petit déjeuner, je trouve un tableau accroché au-dessus de mon lit. Il est magnifique, comme toutes les œuvres d' Hadès, à la fois fidèle à la réalité et trop sublime pour l'être. Il dégage une espèce de profondeur captivante, comme si l'artiste avait capturé quelque chose de plus qu'une image. Un monde.

C'est une prairie d' asphodèles. Les fleurs que j'ai créées il y a seulement quelques jours. Il a donc été peint depuis mon arrivée.

Je réprime un sourire tandis que des question tourbillonent dans ma tête. Quans Hadès a-t-il trouvé le temps d'y travailler ? Quand a-t-il décidé de me me montrer, ou plutôt de me l'offrir ? C'est un cadeau encore plus intime que ses révélations d'hier. Qu'attend-il en retour ? Qu'est ce que ça signifie ?

Finalement, je chasse toutes ces pensées et me contente de l'admirer.

Hadès à utilisé une peinture épaisse qui donne du relief aux pétales. Les étamines sont noires, et non blanche comme celles des vrais asphodèles. Je regrette soudain de ne pas avoir eu la même idée. Cette teinte pure et sombre me fait songer à ses yeux, et j'ai peur d'être aspirée par les ténèbres si je la fixe trop longtemps.

Au fond, ça m'énerve un peu que ce tableau soit tellement réussi. C'est injuste : non content de posséder un royaume, cet homme est incroyablement talentueux ! Il est tout simplement parfait. Ou presque si on lui retire son air hautain, ses taquineries à longueur de journée et son changement d'humeur surprenant.

Quand j'étais petite, chaque fois que Mère me donnait un pinceau, je l'abandonnais pour tremper mes doigts dans la peinture. Je finissais tachée de la tête au pieds, avec un millier d'idées de nouvelles fleurs à faire pousser.

Hadès aurait incarné la fille idéal pour ma mère. Cette réflexion ironique me déprime un peu car elle ne fait que souligner mes échecs. Mais di j'avais été aussi douée que lui, l'aurait-elle reconnu ? M'aurait-elle félicitée jusqu'à m'en donner le vertige ? Ou aurait-elle exigé que je lisse les reliefs de la peinture, ceux-là même que j'ai tant admirés ? Aurait-elle trouvé d'autres défauts à critiquer ? Même si elle ne l'avait pas fait, j'aurais été réduite à une liste de qualités pouvant être marchandées. Et mon père, aurait-il
apprécié mon travail ? Aurait-il conclu que je ne représentais aucune menace, puisque je n'étais finalement bonne qu'à badigeonner une toile ?

Je me sens soudain beaucoup plus confiante quand à ma capacité à changer ce royaume. Mes parents ne s'y attendent pas, et il semble que les surprendre soit devenu ma spécialité.

•••

- C'est un peu limite, je déclare en entrant dans la bibliothèque.

Hadès hausse un sourcil sans lever le nez de ses papiers.

Au nom du Styx, lui et ses parchemins !

- S'introduire dans ma chambre comme ça, pour accrocher un tableau au-dessus de mon lit....ça ne se fait pas.

- C'était une idée de Tempête.

- Ben voyons.

- Je pensais qu'il te plairait.

- Il me plaît beaucoup. Merci.

- Alors pourquoi tu te plaint encore ?

• LA REINE DES ENFERS •Où les histoires vivent. Découvrez maintenant