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Certains soirs, la lune est tout ce qu'il me reste.

Je ne lis plus. Je n'écoute plus de musique. Je ne sors plus. Je ne parle plus à mes amis. Je ne rigole plus. Je n'admire plus la forêt. Je ne fais plus rien.

Même mes rêves ont disparu.
Ne laissant place qu'aux cauchemars.

*

Je ne sais pas quel jour on est, n'y en quel mois nous sommes. Tout ce que je sais, c'est que je n'ai pas cours aujourd'hui car mon père n'est pas venu me réveiller ce matin. Comme d'habitude, je suis assise sur la chaise de mon bureau, en face de la fenêtre. Le regard dans le vide. Laissant le temps s'écouler tout en écoutant les battements de mon cœur. Toutes les journées se ressemblent depuis le départ de Jacob et son absence remplie mon horizon. Depuis ce jour là, plus rien à sembler se passer. Depuis ce jour là, je suis complètement perdue. Il n'y a que le lever du soleil et le clair de lune qui me rappellent que le temps existe.
En présence de la lune, je dors. J'aime ne plus pouvoir penser. Mais lorsque je ne pense plus, je fais des cauchemars. Mon père, Charlie, se précipite toujours vers ma chambre, en m'entendant crier, pour me réveiller. En présence du soleil, j'attends que la lune refasse surface afin que je puisse dormir à nouveau. A la recherche d'une trace de lui. C'est comme un trou béant dans ma poitrine. En quelques sortes, je suis comblée. Ma souffrance est la preuve de notre amitié. Après tout, cela ne faisait pas longtemps que nous nous connaissions. Une si grande cassure pourrait réussir à tout effacer. C'est pour cette raison que j'apprécie tant ce vide. J'en suis même venue à l'aimer. Grâce à lui, j'arrive à me souvenir. Les mercredis sur la push, les réparations des motos, les rires incessants et les recherches sur mon ancien meilleur ami. Je me souviens aussi de cette lueur dans son regard, celle qui me faisait croire qu'il m'aiderait toujours. Puis, c'est lors de ces moments là que je me rappelle qu'il n'est plus là.
Il m'arrive de penser que tout cela est de ma faute. Que je n'étais pas assez bien et que je n'ai pas prise les bonnes décisions. Peut-être même que je n'ai pas dit les bonnes choses. Ou peut-être que le problème c'était tout simplement moi.

Je n'avais toujours pas détourné le regard de la vitre. Puis sans but précis, mes yeux se posèrent sur ma bibliothèque derrière moi. Plus précisément sur mon livre préféré, 16 Lunes. La saga était incomplète, un peu comme moi. Il lui manquait son deuxième livre. Je ne savais plus où je l'avais mis et en fouillant davantage dans ma mémoire, je me souvins de l'avoir prêté à ce garçon. Il avait gardé mon livre avec lui. Tout comme il avait pris une partie de mon cœur.

*

Un levé de soleil plus tard, mon père revient me réveille à l'aube. Les matins était durs désormais. Je n'avais plus l'énergie de me préparer pour aller au lycée et encore moins pour prendre mon petit déjeuner. Je restai un moment allongée sans bouger. Mes yeux étaient fixés sur le toit au-dessus de ma tête. Allant de la pente de gauche à celle de droite. Plusieurs minutes s'écoulèrent jusqu'à ce que je me mette debout. J'ouvrai mon placard et enfilai un jeans. Après que je l'eus boutonné, je remarquai qu'il ne tenait plus très bien sur mes hanches. Je pris par la suite un t-shirt à longues manches noires ainsi qu'un gilet marron foncé. J'attachai mes cheveux en queue basse et mis mes chaussures. J'empoignai mon sac à dos et descendis. Mon père et ma sœur étaient assis à la table de la cuisine, discutant discrètement. Lorsque j'entrai dans la pièce ils me regardèrent simultanément. Je voyais de la pitié dans leurs regards. Charlie tenta un petit sourire auquel je n'essayai même pas de répondre.
- On y va ? me demanda Bella d'une voix timide.
J'hochai la tête et me dirigeai vers la porte d'entrée. Bella qui m'avait suivi chercher les clés de sa camionnette. Pendant que mon père se tenait dans l'encadrement de la porte de la cuisine, les mains dans les poches.
- C'est bon. m'indiqua-t-elle.
Je m'apprêtais à sortir lorsque mon père nous arrêta.
- Bonne journée les filles.
A ces mots, je tournai ma tête et plantai mon regard dans le sien sans aucune réaction. Puis je continuai mon chemin. J'entendis dans mon dos ma sœur lui dire que tout irait bien avant qu'elle ne referme la porte derrière elle. Je n'ai absolument rien dit lors du trajet. Je faisais semblant de pas voir les coups d'œil furtifs de ma sœur. J'imagine qu'elle souhaitait entamer la conversation mais n'osait jamais.
C'est donc comme cela que la route se déroula.

Une fois au lycée, je n'ai fait aucun détour et me suis directement dirigée vers ma salle de classe. J'avais biologie. A mon arrivée dans la salle, presque tout le monde était déjà installé. Mon ancienne place était vide. Iris, la tête baissée sur son carnet, était assise à côté de celle-ci. Malgré cela, je partis m'asseoir au fond de la classe, près de la fenêtre. Là où personne ne s'asseyait jamais. Mon amie n'avait pas encore remarqué ma présence. A vrai dire, plus personne ne la remarquait. Il faut croire que c'était une habitude maintenant pour elle de s'asseoir seule. Pendant toute l'heure, mon attention était fixée sur le paysage extérieur. Je n'avais pas écouté ce qu'avait dit le professeur ni même sorti mes affaires de mon sac. C'était à ce demander s'il contenait les cahiers adéquats à mon emploie du temps.

Lorsque la sonnerie de la pause déjeuner retentit, je traversai le bâtiment jusqu'à atteindre la seconde porte d'entrée. Elle donnait sur l'arrière du lycée. Il n'y avait jamais personne ici. Encore moins le midi. Je  m'assis par terre dans l'herbe et regardai le ciel. Il était grisâtre et le soleil était caché par les nuages. J'aimais écouter le bruitage du vent sur les feuilles. Cela m'apaisait. Je n'avais rien pris au self. Je n'avais toujours pas faim apparemment. Ce fut ce que je me dis. J'étais complètement seule, entourée de mes plus profondes pensées. Cela faisait longtemps maintenant que je ne mangeais plus avec mes amis et que je ne leur avais pas adressé la parole non plus d'ailleurs. Personne ne savait que je venais ici tous les midis en attendant que le reste de la journée reprenne. A qui aurais-je pu le dire de toute façon ? Ma vie se résumé à cela désormais. Quelques fois se sont les bois que je regardais. Je les inspectais longuement et précisément. Sans éviter un seul détail ni un seul bruit. Peut-être qu'au fond de moi j'espérais le voir en sortir. Ou peut-être que le moteur de sa moto arriverait dans ma direction. Mais chaque jour est le même et chaque me confirme son absence. Peut-être qu'au fond de moi, je savais que je n'avais plus d'espoir. 

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 22 ⏰

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Moonlight - Jacob Black Où les histoires vivent. Découvrez maintenant