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Je regrettais.
Je regrettais tous ce que je lui avais dit. Je regrettais la manière dont je l'avais repoussé. Je souhaitais revenir en arrière et changer mes paroles. Je voulais lui dire à quelle point il comptait pour moi et par dessus tout, je voulais qu'il ne soit jamais parti.

Cette nuit là, je ne trouvai pas le sommeil. Les pensées fusaient dans mon esprit. Les remords me hantaient. Je me demandais ce qu'il lui était arrivé. Pourquoi était-il parti si brusquement ? S'était-il énervé par ma faute ? Je voulais lui parler. Je voulais comprendre, il me fallait des réponses. Mais je n'osais pas le déranger en pleine soirée. Mon appel aurait pu le réveiller et cela n'aurait pas arrangé la situation. Il valait mieux attendre le lever du soleil. C'est donc pour cela que je n'ai pas dormi. J'étais enfouie sous mes draps, à la recherche de chaleur, la tête enfoncée dans mes oreillers et les yeux rivés sur le plafond blanc de ma chambre. J'espérais que les heures s'écoulent le plus rapidement possible afin de voir les faibles rayons du soleil traverser la pièce. Mais le temps était long et me paraissait durer une éternité. Les minutes semblaient être des heures et les heures, elles, devenaient des journées entières. Je me souviens d'avoir attendu encore et encore et ensuite, c'était le trou noir...

*

Seulement quelques heures plus tard, je me suis réveillée en sursaut. J'entendais en boucle la voix de Jacob dans ma tête. Elle ne s'arrêtait jamais. Il disait à nouveau qu'il avait tout son temps, qu'il n'abandonnerait pas et qu'il attendrait. Je percevais ses phrases au fond de mon âme. Je ne me rappelais pas, je le vivais de nouveau. Ma respiration était saccagée et des gouttes de sueurs glissaient le long de mon front. J'avais terriblement chaud - ce qu'il ne m'était pas arrivé depuis plus d'un mois - et je ne supportais pas la sensation de la couverture sur mes jambes. J'avais besoin de fraîcheur. Je me suis frottée les yeux et je les ai humidifiés plusieurs fois avant de m'asseoir sur le bord de mon lit et de ma prendre la tête entre les mains. J'avais une douleur insupportable au crâne, comme s'il allait exploser. Je n'arrivais même plus à réfléchir. Je remarquai que mes lèvres étaient totalement fissurées et desséchées. Ce qui me donna une envie de boire un litre d'eau. Lorsque je repris suffisamment mes esprits pour constater que les rayons du soleil apparaissaient déjà dans le ciel, j'attrapai immédiatement mon téléphone. Il n'y avait aucun message de sa part. Je m'en doutais mais au fond de moi je savais qu'une petite partie de moi avait tout de même espéré. Il était 6h14 ce qui me semblait toujours trop tôt mais je ne pouvais plus attendre. Je me suis précipitée vers mon placard. Je l'ai ouvert rapidement et j'ai attrapé un jean bleu et un t-shirt vert à longues manches, trop large pour moi. Mes cheveux étaient encore emmêlés alors que je descendais déjà les escaliers. J'accourus dans la cuisine et saisis une bouteille d'eau en plastique dans le réfrigérateur. Je ne pris pas le temps de la boire et je me mis à courir vers la porte d'entrée. Je l'ouvris et j'empoignai les clés de la camionnette de Bella au passage. Le claquement de la porte se fit entendre dans mon dos. Je ne pris même pas le temps d'attacher ma ceinture que je faisais déjà ma marche arrière. Je ressemblais à une tornade. Une fois en route, je mis ma ceinture et bus quelques gorgées d'eau. Pendant que je conduisais, je regardais le ciel. Il était sombre comme si la pluie s'apprêtait à tomber. Les sapins autour de moi avaient l'air humides ainsi que les feuilles d'automne au sol. Plus j'avançais et plus la vitre devenait floue. Sur le moment, il n'y avait que de la buée et puis la pluie arriva peu de temps après. Les gouttes d'eau tombaient une par une. Tout doucement au départ et l'intensité augmenta seulement quelques minutes après. J'activai donc par la suite l'essuie glace. Je roulais sans véritablement voir la fin du trajet. Je ne pouvais m'empêcher de me demander ce que je lui dirai une fois devant lui. J'essayais de répéter certaines phrases dans ma tête mais je finissais toujours par trouver cela débile. Je commençais à me demander si cela avait était une bonne idée d'aller à la réserve. Peut-être que je mettais mise à regretter ma décision irréfléchie et subite. Il est vrai que je ne m'étais pas vraiment demander si cela avait été un bon choix. Je ne l'avais même pas appelé afin de savoir s'il était chez lui. Je m'étais précipitée dès mon réveil sans réfléchir aux conséquences de mon passage. J'étais prête à faire demi tour lorsque je vis la panneau indiquant la réserve Quileute. J'étais presque arrivée, il était trop tard maintenant. Il fallait que je lui parle. Je ne pouvais pas abandonner ici. Au moment où je me garais et que je coupais le contact, la pluie tombait des cordes. Les gouttes s'écrasaient brusquement sur la vitre. Pourtant, cela ne me préoccupait pas davantage malgré que je n'avais qu'un simple t-shirt. J'ouvris la portière et descendis du véhicule. Un seau d'eau se renversa directement sur moi. Je n'avais passé que seulement quelques secondes dehors que j'étais déjà trempée de la tête aux pieds. Mon haut mon colla davantage au corps et mes cheveux, eux qui étaient tout ébouriffés, s'aplatirent. La température de ma peau chuta et mes poils s'hérissèrent. J'avais du mal à voir clairement à cause de l'eau qui tombait sur mes cils. Je me dirigeais vers la petite maison rouge de Jacob. Lorsque je toquai à la porte personne ne vint m'ouvrir. Je restai un instant sans bouger, en attente d'un signe, en écoutant les gouttes s'écrasaient bruyamment sur la tôle. Mais toujours rien. Il n'y avait ni Jacob ni Billy pour m'accueillir. Me fuyaient-ils ?
Je fis donc demi-tour à la recherche de quelqu'un. Je ne pouvais partir d'ici sans l'avoir vu. J'avais besoin d'entendre le son de sa voix. J'avais besoin de l'entendre me dire que tout irait bien. Que rien ne changerait, que je n'avais rien changé. C'est à ce moment là que je l'aperçu au loin. Marchant sous la pluie, tout comme moi. Le torse nu malgré la fraîcheur de l'eau qui envahissait l'atmosphère. La tête baissée. Il avançait de façon colérique, comme si quelque chose le brûlait de l'intérieur. Ses points étaient serrés tellement fort comme s'il essayait de se retenir d'hurler. Je n'avais encore jamais vu mon ami comme cela. Il n'était pas comme cela d'habitude. Aucun sourire ni rire ne s'afficherait sur son visage. Il ne me prendrait pas dans ses bras lorsque qu'il me verrait et il ne parlerait sûrement pas de mon livre préféré non plus.
Je me suis précipitée dans sa direction en criant son prénom, espérant qu'il s'arrête et se retourne vers moi. Mais il n'en fit rien et continua de marcher.
- Jacob !
Je l'appelais encore et encore mais rien. Ce n'est qu'une fois à sa hauteur que je pus le stopper dans son élan en attrapant son bras. Je prononçai une dernière fois son prénom avant qu'il ne me regarde droit dans les yeux. Ses sourcils étaient froncés et tout comme moi il avait des gouttes de pluie qui lui tombaient dans les yeux, glissaient sur son nez ainsi que sur ses lèvres avant de s'écoulaient le long de son menton. Il resta dans cette position avant de détourner son regard par terre.
- Qu'est-ce que tu as ? lui demandais-je d'une voix peu assurée.
Il ne me répondit pas et tenta de partir de nouveau. Je lui barrai donc le passage en passant devant lui.
- Eh ! Je te croyais trop malade pour sortir ou même pour me donner de tes nouvelles.
Il évitait sans cesse de me regarder ce qui me faisait mal au cœur. D'habitude, il plongeait toujours son regard dans le mien.
- Attends mais...tu as coupé tes cheveux. Et tu as un tatouage.
Il passa une main dans ses cheveux qui étaient désormais courts et jeta un léger regard vers son épaule droite. Sur laquelle il y avait un cercle noir mais je n'arrivais pas à distinguer les détails à l'intérieur de celui-ci.
- Stella, rentre chez toi. prononça-t-il sans émotion.
- Quoi ? dis-je confuse.
- Rentre chez toi.
- Qu'est-ce qu'il ne va pas ?
J'attendais une réponse mais il restait là sans bouger en fixant sévèrement le sol.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Est-ce que Sam est venu te voir ? Est-ce que c'est ça ?
- Nan Sam essaye seulement de m'aider ! Il n'est coupable. Mais si tu veux trouver des coupables pourquoi tu n'irais pas demander à ta sœur. Celle qui aime tant ces foutus...
Il laissa en suspend sa phrase et serra sa mâchoire.
Je ne comprenais rien à ce qu'il racontait. En quoi ma sœur avait un rapport la dedans.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Elle, elle sait exactement de quoi je parles. Elle ment à tout le monde autour d'elle. A Charlie, à toi mais moi elle ne m'aura pas. Elle ne peut plus Stella.
Jacob s'apprêtait à continuer son discours mais une voix, provenant de dernière lui, hurla son prénom. C'était quatre garçons qui lui faisaient signe de les rejoindre. Ils lui ressemblaient. Eux aussi étaient sans t-shirt et eux aussi porter un short noir. Ils étaient trop loin, je ne pouvais comprendre qui ils étaient mais je devinai que celui qui l'avait appelé était sûrement Sam. La respiration de Jacob était saccadée et il me regardait tristement.
- Écoute moi bien Stella. Écoute, l'amitié n'est plus possible entre nous.
En entendant cela, mes yeux commencèrent à me brûler. Ma vue devenait trouble et je n'arrivai pas le voir correctement.
- Jacob je...je sais que je t'ai fait souffrir...et...et ça me tue littéralement. J'te jure ça me tue. Il faut...que je me remette. J'ai besoin d'un peu pour me remettre.
Je secouais la tête à chaque mot que j'articulais. J'essaye tant bien que mal de retenir mes larmes mais elles se mirent à couler toutes seules.
- Nan tu n'y es pour rien.
- C'est moi et tu n'y es pour rien...c'est ça.
- C'est la vérité. Il ne s'agit que de moi. Je ne suis pas...quelqu'un de bien. Je l'étais autrefois. J'ai été quelque de bien...mais je ne le suis plus. Et de toute façon ça n'a pas d'importance, comprit ? Tout ça c'est le passé.
- Tu ne peux pas m'abandonner...
Au moment de prononcer cette phrase, ma voix se brisa et mes larmes ne cessèrent de tomber.
Je t'en pris. Tu me l'as promis.
- Je sais. Je t'ai promis de ne jamais te faire souffrir et voilà comment je tiens ma promesse. Rentre chez toi...et ne reviens jamais. Ou tu en souffriras.
Il se retourna et se mit à courir en direction des garçons à l'entrée de la forêt. Je ne voulais pas qu'il s'en aille. Je ne voulais pas qu'il me laisse seule sous la pluie. Je le regardais s'éloigner de moi, les joues rougies par le froid et les pleurs. Puis soudainement, je le suivis. Je me mis à courir derrière lui de plus en plus vite. Mais sa course était trop rapide pour que je le rattrape. J'ai donc mis toute la force que je possédais dans mes jambes. Espérant rien qu'une seconde que je puisse effleurer sa peau une dernière fois. Mais je glissai avant même de pouvoir l'imaginer. J'avais trébuchais à cause de la boue et un bruit de flaque d'eau retentit lors de la chute. Mes mains étaient enfoncées dans la terre tandis que je n'arrivais plus à me relever. Jacob, qui était arrivé à l'entrée des bois se retourna vers moi. Il avança de quelques pas, comme s'il s'apprêtait à revenir dans ma direction, mais un d'eux posa sa main sur son épaule. Ils se regardèrent durant quelques minutes avant de me tourner de nouveau le dos. Ce garçon l'avait empêché de me rejoindre, j'en étais sûre. Jacob me jeta un dernier regard par dessus son épaule et disparu, une fois de plus, entre les sapins, qui me semblaient si sombres d'où j'étais. Je ne quittai pas mon attention de là où il se tenait jusqu'à ce que son ombre s'évapore totalement. Me laissant seule, brisée et effondrée au sol.

Moonlight - Jacob Black Où les histoires vivent. Découvrez maintenant