ⅫⅠ. Engjëll

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Une odeur musquée et masculine que j'ai appris à reconnaître s'était infiltré dans toute la pièce. Je me réveilla en sursaut dans le lit au quel je dors depuis quelques jours, mes vêtements humides avaient formé une cercle d'eau sur le drap en soi et de la boue y était aussi.

Me relevant, la pièce était vide, pourtant l'odeur de Tyr s'y était imposé, sur moi comme dans cette chambre.

Il m'a raccompagné ?

Je ne me rappelle plus énormément de la soirée d'hier, à part le fait que mon géniteur y était, que Tyr m'avait suivi on parlait d'un cygne et puis j'en sais rien. J'étais même pas énormément bourré mais le froid d'hier m'a bouffé le cerveau, je me suis sûrement assoupi sur la terre avant qu'on ne m'amène ici. Des jeux de lumière s'affichaient sur le sol pendant que j'enlevais mes vêtements. Les talons avaient disparus et d'un certain côté c'était mieux ainsi, ils étaient ensorcelés ces talons vu comment hier j'ai sangloté après la simple vue de mon père. Je ne devrais plus me soumettre à la tristesse, ce n'est pas digne de moi.

Les sentiments sont une faiblesse, je l'ai bien ancré dans ma tête pourtant en voyant le cygne ensanglanté je n'ai pas pu le regarder avec les yeux de mon géniteur.

Les yeux froids et durs.

Sans une once de pitié envers une bête.

J'enfilais un t-shirt blanc et un bas de pyjama uni de la même couleur, ma cuisse avait dès lors un gros hématome violet avec des nuances vertes. J'ai du mal à croire qu'il n'a pas fait exprès au moins la coupure que Tyr ma inculquée avait une signification, là je ne peux même pas situer son geste.

De la rage ou de la jalousie ?

En me regardant dans le miroir, ma mine était vraiment abominable, le prince charmant qui m'a déposé au lit à penser à me démaquiller et franchement il n'aurait pas du.

Sûrement Zyran, qui m'a mis au lit car Sabattini n'aurait pas une telle délicatesse. Mes cernes étaient ancrés, mes joues bouffies et pour couronner tout ça mes cheveux étaient emmêlés. Je devrais vite appliquer un soin avant qu'ils ne s'emmêlent davantage.

En allant à la porte elle s'ouvrît avant que je ne puisse le faire laissant entrer Hijo et Zyran les deux heureux de me voir visiblement. Mon oncle a le physique d'un tombeur même à 50 ans, ses yeux bleus ressortaient face à son teint terne et il était toujours en forme, aussi svelte que mon ami. Il me prit dans ses bras, sa chaleur me réchauffait tandis qu'il tapotait mon dos.

- Tu m'as tellement manqué.

Cette étreinte me fit du bien et quand il me lâcha je voulais le reprendre à nouveau dans mes bras. Zyran nous fis signe qu'il devait y aller, me laissant seule avec mon oncle. L'homme qui soignait et allégeait mes douleurs face à mon père.

Il me souriait bêtement d'un regard paternel .

« Alors tu as retrouvé ton amoureux, depuis tout ce temps ? » son ton était ironique visant à me faire rire, mais depuis hier, l'hématome, son regard sombre je ne pouvais rire a cet blague et je demeurai silencieuse, le visage fermé face à l'humour de mon oncle. « Tu ne veux plus rire engjëll ? Il t'a brisé à ce point ? »

Aucun mot n'a réussi à sortir de la bouche. Alors il continua « Comment vas tu, Aelin ? » mais c'était la phrase de trop et j'éclatais en sanglot face à lui, car depuis la cérémonie personne ne m'a posé cette question.

De ma vie entière, on ne m'avait posé cette question avec une telle délicatesse. Je pleurai alors qu'il me prenait une énième fois dans ses bras, tapotant mon dos d'une manière répétitive, cadençant mes pleurs. « Je..n'arrive pas...à m'arrêter » larmoyai-je alors qu'il me répétai que ce n'était pas grave et que j'avais le droit.

ᴄᴇɴᴅʀᴇꜱ ᴇᴛ ꜱᴇʀᴍᴇɴᴛꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant