Ⅹ. Escarpin venimeux

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Hotel - Montell Fish

Je regardai cette robe, et un élan d'excitation m'envahit. Cela faisait des jours que je ne m'étais pas sentie aussi contente qu'à l'idée de me vêtir de cette robe noire, s'arrêtant à mi-cuisse. Elle apportait une élégance subtile à mon corps meurtri, que je détestais tant depuis qu'une cicatrice le marquait.

L'ironie de cette robe résidait dans le fait que le tissu était drapé vers la droite, formant une longue traîne qui tombait sur ma hanche, là où se trouvait ma cicatrice, comme si cela cachait élégamment mon pire cauchemar.

Un cœur orné de pierres dorées accentuait cette robe noire qui paraîtrait simple sans ce détail.

En l'enfilant, je contemplai mon reflet. Malgré cette voix intérieure qui me susurrait que j'étais épouvantable, je ne pouvais ignorer combien cette robe épousait parfaitement mes courbes. Elle était certes assez courte, et la vision de mes cuisses exposées me fit déglutir un instant.

Je pris une grande inspiration et ajustai mes boucles brunes, qui retombaient jusqu'à mes hanches.

Alors que j'allais sortir de la salle de bain, la porte s'ouvrit brusquement, laissant Tyr entrer dans la pièce où nous nous étions rencontrés pour la première fois. Il ferma la porte d'un coup sourd, restant immobile près de l'entrée, sans un mot. Ses yeux parcoururent chaque centimètre de peau découverte, des jambes jusqu'à mon visage.

Un rictus effleura ses lèvres tandis que je l'examinais à mon tour. Il portait un pantalon sombre, parfaitement assorti à ses cheveux noirs, sans la moindre trace de lumière.

Sa tenue taillée avec soin tombait impeccablement, s'arrêtant juste au-dessus de ses chaussures, toujours aussi impeccablement cirées.

Et ses yeux...

En y plongeant un peu plus, je remarquai une nouvelle distinction : l'une de ses pupilles était légèrement plus petite, comme si son œil gauche avait une capacité de vision réduite. Ce trouble avait un certain charme, surtout sur son visage bronzé, avec cette fossette qui apparaissait lorsqu'il souriait ainsi.

Je me demandai à quel point la mort lui irait.

Serait-il aussi magnifique avec du sang coulant de ses orbites et un teint aussi pâle que le mur face à nous ?

"À quoi tu penses, vipère ?" Sa voix rauque me sortit de mes pensées funestes, me ramenant à la réalité.

Je ne répondis pas, ce qui le fit pencher la tête sur le côté, attendant malgré tout une réponse. Feignant de l'ignorer, je me retournai vers le miroir et appliquai méthodiquement un gloss sur mes lèvres empourprées.

Mais, tout comme Zyran plus tôt, il continuait à me regarder à travers le reflet, et nos regards se croisèrent de nouveau. Mais cette œillade n'était en rien comparable à celle de mon ami. Celle-ci était chargée d'électricité. Il me foudroyait de son regard, me faisant comprendre qu'il n'avait toujours pas assouvi son désir de me faire taire. Ce désir palpable brillait dans ses yeux depuis cette soirée.

Aujourd'hui, il l'assouvira.

Mais pour rien au monde je ne me laisserais dominer par cet être, aussi glacial qu'ardent lorsqu'il m'observe.

"Zyran ne t'a pas averti ?" Il appuya sur le dernier mot, comme pour souligner ma nonchalance face aux avertissements

Ce serait tellement facile de le tuer, ici et maintenant. Je pourrais saisir la tringle du rideau et l'assommer, avant de fracasser son crâne contre la cuvette des toilettes, le forçant à boire par la même occasion.

ᴄᴇɴᴅʀᴇꜱ ᴇᴛ ꜱᴇʀᴍᴇɴᴛꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant