ᴄᴇɴᴅʀᴇꜱ ᴇᴛ ꜱᴇʀᴍᴇɴᴛꜱ

ⅩⅩⅤ. Prémisse de la perdition

Le secouement brusque de la voiture me réveilla et je ne pris connaissance du chauffeur que quelques minutes plus tard. Le souffle court, je jetai un regard au rétroviseur, mon anxiété retombant en croisant le regard de Zyran.

« La Princesse est réveillée. »

Cette voix... Je ne l'ai jamais entendu et, d'une œillade furtive, je reconnus le passager assis près de Zyran : l'homme aux cigarettes. Tout ne faisait qu'un tour dans mon esprit, le sang séché sur l'entièreté de mon corps, mes cheveux devenus rouges, le regard inquiétant de Tyr et enfin une seringue.

Mon crâne me faisait énormément mal. En retombant sur le siège totalement sale, je soufflai légèrement. Le sang des hommes est entré jusqu'aux racines de mes ongles, j'allais me relever quand l'homme à la main tatouée me tendit une de ses clopes. Mais la fumée qui en ressortait me dévoilait que le contenu n'était pas du tabac, mais bien de la drogue. « Ne lui donne pas ça, ce n'est pas bon pour elle. » La voix raide de Zyran remit en ordre son acolyte qui fuma à ma place le joint au papier sombre.

Après quelque temps à réfléchir à cette situation, je ne comprenais toujours rien à ce kidnapping organisé tout juste quand une crise me menaçait. D'un ton craintif, je posai la question au conducteur : « Pourquoi t'as fait ça, on va où ? Et c'est qui ce mec avec nous ? Il sait pour-»

Zyran m'arrêta d'une main ferme et brandit une bouteille d'eau afin que je puisse m'hydrater.

Je la pris d'un geste sec, ce qui provoqua la contraction de sa mâchoire avant qu'il ne s'exprime durement envers moi. « Je crois que j'ai plus besoin de réponse que toi actuellement », il jeta un regard sur mon corps par le reflet du rétroviseur et je baissai les yeux, ne voulant pas en parler. « Donne-moi un nom. » Je restai silencieuse.

Puis il répéta sa question : « Qui t'a fait ça, Aelin ? » Mon fournisseur de cigarettes n'a pas l'air choqué de connaitre mon nom, ce qui veut dire qu'il fait partie de nos alliés, mais malgré l'arrêt total de la voiture après un virage serré, je restai muette face à ses questions.

Lui avouer que Tyr a extrait le sang de deux hommes qui m'ont agressée seulement pour me le verser dessus le rendrait furieux et cela allumera de nouveau la flamme de leurs disputes.

Ma porte s'ouvrit et Zyran se pencha vers moi, ses iris ne voulant lâcher les miennes.

Alors je murmurai légèrement, presque inaudible : « Tyr a buté deux mecs, et... je m'arrêtai tout en jouant avec l'ourlet de ma chemise : c'est leur sang. » Il pencha sa tête sur le côté, ma nuque devint tendue sous son regard. Perspicace, il comprit directement que je n'avais pas tout avoué et il reprit son interrogatoire : « Ne pas me dire certaines choses, c'est mentir mon cœur. »

Sa voix quand il l'usait pour me prévenir me procurait des frissons, mais pas les mêmes que Tyr provoquait à mon corps, non ceux-là cachés d'une peur, mais d'une certaine admiration face à l'homme qu'il est devenu.

« C'étaient des hommes qui... » Il haussa ses sourcils, attendant la suite, mais d'un regard vers le passager avant, il comprit que je n'allais rien révéler avec sa présence, ici.

« Calvin, dehors. » L'homme, encore hébété de son herbe, jeta un coup d'œil à Zyran puis à moi et ouvra la porte avant de se poser sur sa porte. Il ne comprenait visiblement rien à ma demande et, d'un geste de tête à Zyran, je lui demandais qu'il s'en aille plus loin. Malgré le fait qu'il connaisse mon identité, j'aimerais maintenir une relation professionnelle et non pas amicale.