Ⅰ. L'aube et ces regrets

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À ceux qui se retrouvent brisés durant l'averse,
et encore plus égarés durant l'accalmie...












Ma mère aurait dû avorter. Au moins, je n'aurais pas eu à goûter à la cruauté de l'homme.

Il était deux heures du matin. Il était là, devant moi. J'attendais qu'il réalise ce qu'il venait de faire, qu'il prenne conscience de son erreur. Je tremblais sans cesse, incapable d'accepter qu'il m'ait utilisée puis m'ait abandonnée après m'avoir souillée de ses mains. Ça ne pouvait pas se finir comme ça.

J'attendais une réaction. Je l'avais supplié d'arrêter de me toucher et de s'en aller, mais il avait continué. Non, ça ne servait à rien d'espérer des excuses. Il se rhabilla, dos à moi, en soupirant. Je le contemplais, ne sachant quoi faire. Il reprit son téléphone et sortit de l'appartement sans un mot.

Mon pantalon au sol. Ses traces étaient encore sur mon corps, me rappelant un souvenir lointain... Mon haut relevé sur mes seins, la lumière cendrée de la lune les éclairait. Je me dégoûtais. Je n'en peux plus de ce train de vie.

Ne puis-je pas être en paix un instant ? Respirer sans que l'on arrête mon souffle, est-ce trop demandé ?

Deux semaines. On traînait ensemble presque chaque soir, se racontant nos problèmes, tellement défoncés qu'on se livrait énormément, car on savait que personne ne s'en rappellerait le lendemain. Depuis le premier soir, il voulait ce qu'il a réussi à obtenir de force aujourd'hui. C'est sûrement le déroulement habituel des choses entre deux personnes de sexe différent.

Je n'avais jamais vécu ça. Être aimée, c'était donc ça ?

Il était venu me voir, m'avait tenu la main jusqu'à l'appartement. Par pure naïveté, je lui ai proposé de monter. Il a sans doute compris que je l'invitais dans mon lit. Je n'ai jamais voulu partager ce moment si intime avec lui, je n'ai jamais voulu vivre ce moment de cette manière en ne désirant qu'une chose, que ça s'arrête.

Pourtant me voilà, j'en suis à pleurer, moi qui pensais que je n'avais plus de larme à déverser auprès de lui...

3h37. L'horloge fait du bruit à chaque minute alors que je me vêtis d'un haut noir après m'être lavée de ses empreintes sur mon corps.

Partout. Partout, je les sentais alors que je marchais, et je me demande pourquoi le sentiment de déjà vue est empli dans mon crâne.

L'orage faisait désordre dehors. Et la pluie tombe quand je le revois assis près de ma table au restaurant. J'étais avec mon père ce jour-là, et j'ai agi trop vite, mes pulsions étaient légèrement remontées. Alors, mon père m'avait giflée devant les autres hommes, me montrant à tous que j'étais misérable.

Mio était là.

Et comme une fille fragile, j'ai cru en mon rétablissement quand il me fixait. Quand il me souriait, je revoquai ses yeux bruns et une part de lui chez Mio...

Je voulais avoir une vie normale.

Je déteste ce mot, car je n'en ai pas la notion. Ce qui est qualifié comme normal est que les actions sont considérées comme telles. Je n'ai jamais eu la notion d'une chose normale. Naître fille du patron de la mafia albanaise n'est pas une bonne chose. Non, au contraire, c'est une véritable abomination.Je me suis vêtu de mon jogging noir, d'un sweat de la même couleur ainsi que de mon arme de poing. Je ne pouvais pas lui donner cette partie de moi et le laisser repartir avec comme triomphe.

S'il l'a eu, il mourra avec cet enculé.

Je réussis plutôt bien à gérer mes émotions, un corps ou deux en sang me permet de mieux respirer. De reprendre de l'air alors que je plonge une nouvelle fois dans l'eau froide, qui me brûle à chaque vague.

ᴄᴇɴᴅʀᴇꜱ ᴇᴛ ꜱᴇʀᴍᴇɴᴛꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant