ⅩⅩⅣ. Honneur ensanglanté

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J'ai dit, articulai je, prête à le confronter une nouvelle fois, « que tu n'es qu'un gamin gâté de merde. » Mes mots fusèrent avec une précision calculée, je ne devrais pas le piquer au vif de cette manière, mais les évènements ne font que s'empiler aujourd'hui et le laisser voir ma souffrance est pire que de lui répondre.

À peine avais-je terminé ma phrase que sa main se referma sur ma gorge, ses doigts se refermant sans ménagement sur mon cou et il me fit basculer en arrière au-dessus du canapé. Je me retrouvai projetée sur la table basse. Le choc me coupa brièvement le souffle, mais je serrai les dents pour ne rien montrer.

C'est alors que mon regard tomba sur les deux têtes qui se retrouvaient, yeux ouverts à chaque coin de table, un cri s'échappa de mes lèvres, une réaction totalement scénarisée et digne de Morena, la simple serveuse.

Cet infime moment de faiblesse appuiera le fait que je suis une fille banale qui sait simplement tuer par défense. Tous mes agissements devront être contrôlés maintenant que je suis rentrée dans la fosse aux lions.

Vois-tu, lança-t-il, sa voix aussi glaciale que la mienne, « s'il t'arrive par tout hasard de finir où Ambra était il y a quelques semaines, personne ne viendra te sauver, vipère. Pas même ton mec incapable. » Son regard me transperçait, mais je le soutins avec la même détermination. Je ne lui donnerais pas la satisfaction de me voir assouvir à ses désirs, du moins pas tant que Zyran ne me l'aura ordonné.

« Je te laisse une dernière chance. Demain. Fais ton job proprement, et rien ne t'arrivera. » Il passa ses doigts sur mes lèvres ensanglantées, un geste plus doux qu'il ne le devrait. « Mais si tu fais la moindre erreur, tu souffriras autant qu'elle. » Il inséra ses mêmes doigts dans sa bouche et les ressortit totalement humides avant de m'effacer les dernières gouttes de sang d'un geste brutal.

Dès qu'il me relâcha, je me redressai lentement, ajustant le bas de ma robe pour retrouver une contenance.

« Va en enfer. » susurrai-je, la tête haute, avant d'essuyer ses marques de salive sur ma lèvre et mon menton. Je me retournais haletante à l'idée de ne plus croiser ses yeux, mais d'un ton ironique, il me répondit : « C'est à toi de t'en échapper, vipère. » Je me retins de lui répondre et sorti de la pièce que je n'avais encore jamais remarquée avant son retour.

Deux semaines qui se passaient parfaitement avant son retour.

Lui et ses yeux démoniaques qui me donnent envie de gerber à chacun de nos regards. Je pris mon téléphone pour découvrir tous les messages sans réponses que Zyran venait de m'envoyer. Apparemment, il a des choses à régler au bar du restaurant et il m'attendra là-bas.

J'ai aucune envie de rentrer avec lui et de passer un questionnaire sur le comment et le pourquoi de mon retard. C'est toujours comme ça après une discussion avec Tyr : il réveille mes pulsions les plus sombres et le fait que je ne peux toujours pas le toucher me tape sur les nerfs.

Ma respiration commence à s'hacher maintenant que mon désir de tuer s'élève, mais aucune âme ne se trouve à proximité et, sans penser à me changer, je sortis à toute vitesse du restaurant. Je me ruai vers l'extérieur et trouvai un endroit assez reculé pour essayer de me calmer. Je m'assois à genoux, mon corps tremblant totalement, et je posai mes mains sur le sol. Mes jointures blanchissaient à mesure que je crispai mes mains.

Mes doigts s'arquèrent tout comme mon dos et j'essayai tant bien que mal de ne pas me griffer et de triturer mon corps pour m'apaiser. Mes oreilles sifflèrent et ma crise commençait à se calmer quand je posai une main sur ma gorge, la serrant, mais pas suffisamment pour me donner la mort.

ᴄᴇɴᴅʀᴇꜱ ᴇᴛ ꜱᴇʀᴍᴇɴᴛꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant