Malgré l'arrivée de certains clients, je restai là près du bar attendant un signe d'une table qui voulait commander. Des confettis jaillirent d'une source inconnue et s'effondrèrent partout dans la salle, des bouts de papiers qui annonçaient l'entrée d'une troupe de femmes au corps de déesse. Elles portaient des vêtements similaires, une nuisette en satin sombre sur leur peau huileuse à souhait, mais une chose restait distincte sur chacun de leurs corps.
Une jarretière où siégeait un bout de tissu de nuances différentes sur chacune des femmes, et en les fixant plus intensément alors qu'elle dévalait les allées près des clients, un lien se fit immédiatement dans mon esprit. La couleur de l'étoffe coïncidait avec la teinte des portes qui longeaient tout le bar.
Une femme passa près de moi avec un bout de tissu rouge, une autre était à califourchon sur un homme et prit son bout de tissu vert avant de le brandir face à son amant qui répondit avec un regard fiévreux de désir.
Une envie de comprendre me prit et inconsciemment, je me mis à suivre ce couple qui marchait vers une porte à la teinte verte, mais toute idée s'arrêta quand Vidar me plaqua une bouteille d'alcool fort au buste en me chuchotant : « Réveille toi ».
Je me réveillerais bien si je pouvais t'en coller une.
Mais je n'en fis rien. Il est un peu trop tôt pour que je me fasse virer, je dois protéger cette couverture intensément, même si le buter est une meilleure option pour ma conscience. Je soufflai bruyamment comme réponse et pris la bouteille avant de me diriger vers une table qui m'appelait bruyamment.
Je reconnus des iris parmi tous les hommes de la table et il le fit également, car il cria un verre à la main : « Bouclette ! » Assez bizarre comme parole venant de l'homme si silencieux durant le voyage, Arian qui cessait toutes paroles sans regarder ses coéquipiers est maintenant beaucoup plus ouvert à la discussion.
L'effet de l'alcool agit donc bien et, en voyant l'état de toutes ses personnes autour, je me mis à me demander quelle est l'utilité d'ouvrir un bar en plein jour. Peut-être qu'ils travaillent tous de nuit ?
- Alors, enfin embauché chez l'Erotiko ? Ses pupilles vertes me regardaient, mais pas comme celles des autres hommes, les siennes criaient le respect envers moi et aucune énergie perverse n'émanait de lui. Ses cheveux longs bruns donnaient l'impression qu'il venait de sortir de la douche, le rendant séduisant.
- En effet, premier jour ! J'essayai tant bien que mal de paraitre comme une gamine qui vient d'avoir la proposition de sa vie et de voyager pour la première fois de sa vie. Je ne pense pas être convaincante, mais en voyant Arian me sourire et hocher positivement sa tête, mon anxiété s'effondra.
Je posai la bouteille près de lui et m'apprêtai à sortir avant qu'un homme avachi sur sa chaise se mette à crier en ma direction : « Premier jour, première fois au lit !» Son allusion me répugnait et en le regardant, je vis à quel point cet homme s'était laissé aller.
Il est devenu l'allégorie du mot bourré alors que l'après-midi vient de commencer.
J'ouvrais les lèvres afin de le remettre à sa place de moins que rien, mais Arian prit la parole avant moi d'un ton préventif : « C'est la copine de Zyran ». Le silence se fit immédiatement, mais alors que le même homme croisa le regard d'un de ses amis, ils se mirent à rire de nouveau.
La situation était détestable et franchement, je buterai bien toute la table. « C'est du sérieux », cette fois plus aucun rire ne se fit et, comme si le fait que j'entretienne une relation avec leur supérieur les effrayait, ils baissèrent leur tête.
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ᴄᴇɴᴅʀᴇꜱ ᴇᴛ ꜱᴇʀᴍᴇɴᴛꜱ
Roman d'amourAelin, brûlée à vif par son père, chef de la mafia albanaise, nourrit une haine incontrôlable contre lui. Son ami d'enfance, de passage dans la ville de Saranda, la retrouve et lui offre protection et soutien, mais à quel prix ? Elle accepte, sans s...