Chapitre 9

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J'étais debout dans cette immense salle, la même où j'avais rencontré Deimos pour la première fois. L'air y était lourd, chargé de cette aura mystérieuse et écrasante qui imprégnait chaque pierre, chaque recoin. Le trône face à moi était vide, mais son absence pesait comme une force invisible, un rappel constant de l'autorité implacable de son occupant. J'avais le sentiment qu'il n'était jamais vraiment absent, même s'il n'était pas là en personne.

La pièce était un chef-d'œuvre d'architecture démoniaque. Les moulures sinueuses sur les murs semblaient se tordre, créant des scènes mythiques et terrifiantes, des batailles d'une violence inimaginable, et des créatures issues de cauchemars que je n'aurais jamais pu concevoir. Chaque fresque semblait presque vivante, les yeux des figures peintes suivant mes mouvements avec une intensité qui me mettait mal à l'aise. C'était comme si les murs eux-mêmes étaient les gardiens de ce lieu, imprégnés d'une puissance ancienne, et qu'ils jugeaient chaque personne qui osait franchir leur seuil.

Ce n'était pas seulement un palais, c'était un sanctuaire de puissance brute, un lieu où chaque fibre de mon être me criait de rester sur mes gardes.

Une servante silencieuse était venue me voir plus tôt, m'informant que Deimos souhaitait me voir. Depuis, je me tenais là, seule dans cette salle où le temps semblait s'écouler différemment. Chaque minute s'étirait, se dilatait, comme une éternité oppressante qui pesait sur mes épaules. Cela faisait maintenant dix minutes que j'attendais. À chaque seconde qui passait, la tension montait en moi, transformant l'air déjà lourd en une atmosphère suffocante.

Je m'avançai doucement vers le trône, attirée malgré moi par son pouvoir magnétique. C'était un trône comme je n'en avais jamais vu, d'une noirceur si profonde qu'elle semblait dévorer la lumière environnante. Ses lignes étaient à la fois élégantes et terrifiantes, faites d'un métal sombre, luisant d'une lueur inquiétante, comme si une essence maléfique y était emprisonnée.

Je m'arrêtai à quelques pas, hésitant à m'en approcher davantage. La salle entière semblait retenir son souffle, et pourtant une force invisible me poussait à tendre la main. Je fis glisser mes doigts sur l'accoudoir, frôlant à peine la surface froide et lisse. Le contact me fit frissonner, mais ce n'était pas une simple froideur physique. C'était comme si le métal portait en lui la trace de chaque décision impitoyable, chaque acte de domination imposé par Deimos depuis des siècles. Ce froid me pénétra jusqu'aux os, réveillant une angoisse que je tentais de refouler.

Je retirai ma main précipitamment, comme si j'avais effleuré quelque chose de dangereux, un avertissement silencieux qui me murmurait de ne pas aller plus loin. Ce trône n'était pas seulement un siège, il était une manifestation de pouvoir brut. Il représentait l'autorité incontestable de Deimos, l'incarnation de son règne implacable sur les ténèbres. Ici, dans cette salle, il n'était plus simplement Deimos, mais un roi. Un souverain d'un empire qui m'échappait encore.

Mais ce qui me troublait davantage, c'était son absence. Il m'avait convoquée, m'avait fait traverser ces couloirs oppressants pour finalement me laisser seule dans ce lieu chargé de pouvoir.

Je me détournai du trône, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Chaque recoin de cette salle me rappelait que je n'étais pas chez moi, que je n'étais qu'une invitée dans un monde dont je ne maîtrisais ni les règles ni les secrets. Pourtant, malgré ce sentiment d'étrangeté, une part de moi était irrémédiablement attirée par cette obscurité, par cette puissance palpable qui émanait des lieux. Et surtout, par Deimos. Lui-même était une énigme, une force d'attraction à la fois terrifiante et irrésistible.

Alors que je luttais pour ordonner mes pensées, un mouvement subtil capta mon attention à la périphérie de mon champ de vision. Mon cœur s'arrêta un instant alors que je pivotai pour voir l'entrée de la salle. Les lourdes portes, sculptées de motifs inquiétants et antiques, s'ouvrirent en un murmure presque imperceptible. Lentement, la silhouette de Deimos se dessina dans l'ombre.

heart of the AbyssWhere stories live. Discover now