Chapitre 11: Confusion et meubles ikéa

Daryl commençait à furieusement s'inquiéter. Tournant comme un lion en cage dans sa cuisine. Le soir était tombé depuis longtemps et aucune nouvelle de Rick. Ce matin il lui avait dit qu'il passerait à son appartement après le travail pour monter quelques meubles. Il avait insisté sur le fait qu'il ne pourrait pas encore y dormir et qu'il rentrerait pour le repas. Apparemment Rick n'était vraiment pas pressé de partir, et ça allait très bien à Daryl, du moins, tant qu'il ne réfléchissait pas trop. Parce qu'en y pensant une seconde, Rick n'avait plus aucune raison valable de rester chez lui. Il avait un appartement, n'économisait pas les repas car il insistait pour faire les courses ou donner un billet à Daryl pour les charges. Leur part de l'enquête était terminée, Rick devait transmettre les informations qu'ils avaient trouvées à ses supérieurs aujourd'hui. Pourtant leur dossier avait été prêt plusieurs jours avant. C'est à croire qu'il faisait tout traîner en longueur. Et secrètement Daryl espérait que ce soit pour passer un peu plus de temps avec lui. En tout cas, il ne voyait aucune autre raison. Mais peut-être voyait-il seulement ce qu'il voulait voir. Il aimait la compagnie de Rick, et à trop vouloir que ce désir soit réciproque, peut-être l'inventait-il carrément.

Quoi qu'il en soit il avait dit qu'il rentrerait et il n'était pas là. Pris de terrible pensées il finit par craquer. Il prit les clés de sa moto et se rendit au centre ville. Il n'aimait vraiment pas descendre en ville. Et certainement pas sobre. Ce flic de médeux le faisait vraiment sortir de sa zone de confort. Heureusement, il savait où était le nouvel appartement de Rick. Il s'agissait d'une copropriété très verdoyante qui avait été construite il y a deux ans et qui avait du mal à se remplir. C'était une affaire. Les loyers avaient été baissé face au peu de demande de location.

Il frappa à la porte une fois. Puis deux. Au bout de quelques minutes il tambourinait clairement. Rick lui ouvrit. Surpris et confus. Vraiment confus. Daryl en eut du mal à déglutir, il ressemblait à son frère Merle lorsqu'il se shootait trop. Il avait l'air d'être totalement sur une autre planète.

-Daryl ? Qu'est ce que tu fais là ?

Même sa voix paraissait molle.

-Il est vingt-deux heures. Je m'inquiétais !

-Il est déjà vingt-deux heures ? À ce moment Rick pris conscience que la pénombre s'était installée aux dehors, et comme un enfant qu'on gronde sa voix se chargea de culpabilité jusqu'à en trembler.

-Désolé j'avais pas vu qu'-qu'il était si-ssi tard. Je montais le lit de Carl. Il montra distraitement la chambre d'enfant plus loin. L'air hagard. Ils étaient toujours sur le pas de la porte. Et Daryl était encore plus inquiet. C'est donc très sérieusement, d'une voix grave, profonde et sincère qu'il demanda;

-Rick ? Tout va bien ?

Le policier, toujours en uniforme, releva vers lui des yeux trempés de larmes. Il faisait non de la tête. Sa bouche tordue en une grimace douloureuse. Daryl se précipita à l'intérieur, le faisant reculer. Il ferma la porte derrière lui. Pas qu'il y ait âmes qui vivent dans le couloir, mais Daryl ne voulait pas prendre le risque que quelqu'un d'autre que lui soit témoin d'une version aussi misérable de Rick. Une vision de lui qui lui déchirait le cœur en deux mais dont il espérait tout de même avoir jamais été le seul témoin. Parce qu'il n'imaginait pas Rick craquer comme ça devant qui que ce soit. Il ne pensait jamais le voir dans cet état. Il le saisit doucement par les épaules, tentant de capter son regard. De le rassurer rien qu'avec sa présence. Rick, dès qu'il eut croisé les yeux bleus en face de lui, arrêta ses pleurs effréné et tenta de reprendre la maîtrise de sa respiration.

-Qu'est ce qu'il se passe ?

Rick avait tellement de sanglots coincés dans la gorge qu'il ne sut jamais comment il avait réussi à articuler ces mots sans se briser la voix.

-Lorie est venue au poste aujourd'hui. Elle est venue me dire qu'elle attend un enfant. Et elle ne sait pas si il est de moi ou de Shane.

Daryl fût totalement choqué de cette annonce, mais plus encore à la vision de Rick qui plongea la tête dans son épaule et se laissa aller contre lui. Il dû passer un bras autour de sa taille pour le soutenir complètement. Son autre main vint se perdre dans ses cheveux en les caressant doucement. Daryl n'avait que rarement été aussi proche d'un autre être humain de son plein gré. Et il ne savait vraiment pas comment agir dans une telle situation. Mais il se souvenait que dans son enfance, avant que sa mère ne décède dans cet incendie, elle soignait tous ses maux en caressant doucement ses cheveux. Alors il ne fit rien d'autre que d'être là. De plonger ses doigts dans les cheveux bruns et soyeux de Rick et de le soutenir. De sentir son tee-shirt s'humidifier au fil des larmes silencieuses que cet homme, de huit ans son aînées, laissait couler sur son épaule comme si il était une bouée de sauvetage. Comme si avec lui, il pouvait se laisser aller. Et c'est ce que Rick ressentait. Trop bouleversé par sa vie en plein changement, il ne se rendit pas compte d'à quel point toute cette situation était saugrenue. Mais il se sentait bien là. Bercé par l'odeur de transpiration de Daryl. Ça pouvait sembler fou. Ça pouvait sembler sale. Mais il se sentait en sécurité dans ses bras. Pourtant il savait qu'il n'aurait pas dû. Il savait que s'accrocher à Daryl Dixon était sûrement la pire des idées mais il monta ses mains dans son dos et agrippa son tee-shirt avec la force du désespoir.

Au bout d'un long moment dans cette position Rick finit par se dégager, essuyant furtivement ses joues encore humides et lança à Daryl l'un de ses fameux hochement de tête qui lui évita des remerciements et des excuses gênantes.

-Qu'a dit Lorie exactement ?

-Qu'elle en avait pas encore parler à Shane mais qu'elle le ferait bientôt et qu'il faudrait peut-être qu'on se voit tous les trois pour en discuter.

-Mais je croyais que ça faisait un bon moment que ça allait plus entre vous deux ? Ça peut vraiment être le tiens ?

-Quand elle à commencé à me tromper elle avait tout le temps envie... Par culpabilité je suppose, je m'en suis pas rendu compte tout de suite.. alors oui... C'est possible que je sois le père...

-Et ... Ces mots-là allaient être durs à prononcer pour Daryl, mais plus dur encore allait être d'entendre la réponse. - Et... Si c'est vraiment ton gosse ... Tu vas te remettre avec elle ?

-Je devrais ... Mais sincèrement... J'en ai vraiment aucune envie. Daryl fût soulagé.

-Je pense que tu devrais pas te remettre avec elle. Qu'elle que soit la raison. Qu'il y ait un bébé ou pas... Tu étais si heureux de vivre pour toi à présent. Ne laisse rien gâcher ça.

Rick fût un peu surpris de la profondeur inattendue des paroles de Daryl. Il savait qu'il avait raison mais ça remettait la tête sur les épaules de l'entendre dire par quelqu'un d'autre.

-Viens. On rentre à la maison. Faut que tu manges et que tu t' reposes.

Rick suivit Daryl docilement. " à la maison". C'était doux à entendre. C'était réconfortant comme le creux de son épaule. C'était terrifiant d'à quel point ça ne lui faisait plus peur.

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