Fuyards

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Chapitre 8 : Boeuf bourguignon

Rick sortit du travail tôt. En fait, il sortit précisément à l'heure où son contrat disait qu'il terminait alors ce n'était pas réellement tôt mais pour cet habitué des heures supplémentaires, c'était exceptionnel. Il avait l'impression de ne faire qu'une demie journée.

Cela faisait une semaine qu'il logeait chez Daryl et étonnement c'était vraiment très reposant. Il ne lui laissait quasiment rien faire. Il cuisinait pour lui chaque jour, il lui disait quand il pouvait se laver ou aller dormir... Et bizarrement, pour un type comme Rick qui aimait vraiment tout gérer en permanence, c'était vraiment agréable d'être ainsi babyssité.

Mais il ne pouvait pas laisser cela durer plus longtemps. Il ne voulait pas être un poid pour Daryl. Ses journées étaient déjà bien assez chargées sans qu'il ait en plus à s'occuper de lui. Alors quand il sortit du boulot, il passa par le supermarché et acheta du bœuf se disant que Daryl ne devait en manger que rarement puisqu'il chassait sa nourriture. Peu importe sous quel angle il regardait, il ne pouvait s'empêcher de le trouver incroyable. Il tenait sa maison, était bon cuisinier, bon jardinier, excellent chasseur, mécano et tout ce qu'il oubliait sûrement... Il se sentait un peu honteux.. Parce qu'il n'avait pas tout le temps partagé les tâches ménagères à part égale pendant son mariage. Il y avait sans doute plein de choses qu'il ne savait pas faire et Daryl lui était si indépendant. S'il arrivait une catastrophe mondiale, comme un black out, ou une guerre civile, il voulait Daryl auprès de lui. Rick savait se battre certes, se servir d'un flingue mais il ne doutait pas une seule seconde que Daryl aussi et en plus de ça il avait tellement d'autres connaissances en survie.

Il revint à la ferme des Dixon en essayant d'être le plus discret possible. Il savait que si Daryl le surprenait, il ne le laisserait pas cuisiner, pourtant Rick n'était pas mauvais à ça. Alors il se gara juste à l'entrée du portail et sortit son sac de course à la main et rejoignit la maison en surveillant autour. À l'intérieur personne. Rick déposa son paquet à la cuisine et s'approcha des fenêtres du salon qui donnait sur l'arrière de la maison. Là, il vit, Daryl, torse nu, butant la terre. Il ramassait des pommes de terre sous le soleil cuisant. Ses mains couvertes de terre, serré contre la bêche. Ses cheveux mis long et hirsute bougeant avec lui. Les muscles de ses bras étaient saillants et se contractaient à chaque mouvement. De là où il était, Rick ne voyait pas son visage, seulement son dos et ses cicatrices qui rendaient le tableau effroyablement hypnotisant. Rick resta là, bloqué, dans un voyeurisme inconscient dont il eut du mal à se défaire. Il finit néanmoins par détourner les yeux, il devait se dépêcher de commencer à faire à manger. S'était-il rendu compte du temps où il avait ainsi regardé le corps d'un autre homme ? Peut être. Mais il avait fait en sorte d'occuper son esprit assez pour ne plus y penser.

Le soleil commençait à lentement baisser dans le ciel. Rick n'allait pas tarder à rentrer. Daryl s'étira. Son dos émit un petit craquement d'avoir été penché pendant longtemps. Il emmena son seau de pomme de terre prêt du robinet accroché à la façade et commença à rincer sa récolte et ses bras terreux. Il était un peu perdu. Daryl avait toujours vécu seulement pour lui-même. Et le fait d'attendre Rick le soir pour manger, pour se travailler sur l'enquête et pour parler ... ça lui faisait peur. Parce que ce n'était pas désagréable et il espérait ne pas s'y habituer. Il préférait ne pas trop se faire à sa présence parce que cette cohabitation était éphémère et qu'il lui arrivait de souhaiter qu'elle ne le soit pas. Et ce désir là le terrifiait. C'était un solitaire. C'est ce qui le définissait le mieux. Il aurait dû être dérangé par l'intrusion de ce quasi inconnu dans son espace... mais il n'en était rien. Il aimait tous des rares moments passés ensemble. De ces discussions pénibles aux rires et critiques échangés autour d'une bière sur tous ces gens se croyant tellement supérieur dans leurs pensées pourtant si étriqué, et jusqu'à sa vision même. De lui mangeant tout ce qu'il lui préparait. De lui luttant pour garder ses yeux ouverts les soirs où ils travaillaient jusque tard. De lui dans les moment où il le croisait revenant de la salle de bain, traversant le couloir seulement vêtu d'un caleçon et les gouttelettes tombant de ses cheveux et roulant sur son corps si ... Daryl mit la tête sous le robinet d'eau gelée. Quelque chose n'allait pas chez lui.