Fuyards

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Chapitre 16 : Ex-mari ou officier

-Salut Daryl ! À la semaine prochaine ! Cria Carl depuis la fenêtre ouverte de l'arrière de la voiture. L'ancien redneck répondit d'un hochement de tête si caractéristique et d'un petit sourire; chose qui se faisait de moins en moins rare. Même s'il était évident que Daryl allait mieux depuis qu'ils se côtoyaient, Rick avait toujours du mal à le laisser. Ça tordait son ventre. Et après un demi tour, le voir là, dans son rétroviseur, debout, son énorme peluche de poisson globe que Carl lui avait donné en cadeau sous le bras, c'était encore plus dur. Il détestait ça, le déposer chez lui, rentrer dans son appartement. Même si ça valait le coup puisque c'était pour Carl. Le procès s'était fait à l'amiable. Rick ne verserait pas de pension alimentaire mais mettrait la somme dû sur un compte pour les études de Carl. Il n'avait pas réussi à avoir la garde partagée. Il l'avait tous les week end pendant les vacances mais lorsque l'école reprendrait il l'aurait du mercredi au dimanche soir une semaine sur deux. 

Il ne savait pas si il pourrait tenir. Et surtout s' il supporterai d'être seul dans son appartement une semaine et demie à chaque fois. Parce qu'il ne fallait pas se leurrer, il ne pouvait décemment pas continuer de vivre entre chez lui et chez Daryl. Il avait encore quelques raisons, bien maigre cela dit, d'expliquer son attardement dans la ferme centenaire. Les mœurs lui téléphonaient régulièrement pour interroger Daryl ou pour le faire venir identifier des suspects présumés. Et à chaque fois Rick sentait bien que Daryl était profondément bouleverser de revoir certains visages, d'identifier son frère sur des vidéos l'incriminant dans cette affaire toujours plus. Alors bien sûr que ces soirs là il était impossible qu'il le laisse seul. 

Ils buvaient ensemble, chantaient des chansons paillardes datant d'au moins leurs arrières grands-parents. Et parfois, parce que l'alcool était une pente bien trop dangereuse pour les goûts de Rick et qu'il ne voulait pas s'y laisser glisser, il l'emmenait à des sorties comme celle d'aujourd'hui. Au parc aquatique ou ailleurs. À la fête foraine, aux musées, près d'un lac. Ailleurs.

 Et d'autres fois encore c'est lui qui se laissait entraîner dans le monde de Daryl. Il avait trait des chèvres pour la première fois de sa vie la semaine dernière et il ne savait que trop penser d'une telle expérience.Rick aimait découvrir la vie quotidienne de Daryl, même si elle semblait sortir d'un tout autre temps, mais plus encore, et même si ça pouvait sembler vraiment étrange, il aimait lui donner des expériences d'enfance que, selon lui, il aurait dû avoir. Parce qu'il le voyait en lui, qu'il s'amusait. Certes la foule l'angoissait mais, passé les appréhensions du début, Daryl ressemblait à un garçon de vingt quatre ans. Un jeune homme faisant l'idiot. Essayant de faire rire Carl avec des imitations de personnes fort grincheuses et ce petit sourire infime, espiègle, qui naissait sur le coin de ses lèvres. Ses yeux soudain emplie de malice avant qu'il ne l'arrose avec un jet d'eau, ça avait été trop beau à voir. Et tant pis si son tee-shirt était toujours mouillé de cette farce puéril. C'était bien trop beau de le voir comme ça.

Rick zieuta Carl dans son rétroviseur. Il semblait pensif.

- Tout va bien mon grand ?

- Hein ? Ha ouais ! Je me demandais si avant la rentrée on pourrait aller faire un laser tag ?

- On revient juste du parc aquatique et tu veux déjà aller ailleurs ?

- Ho aller papa ! Avec maman et Shane on fait que des trucs pas drôle genre des randonnée et de la pêche.

- Et tu as quoi contre la pêche ?

- Rien du tout ! Sauf que c'est l'activité la plus violente que maman me laisse faire ... Elle veut même pas m'acheter de jeux vidéos où y a des armes ...