Fuyards

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Chapitre 4: Seulement savoir

Rick n'était pas retourné chez les Dixons depuis la révélation que lui avait fait Daryl. Il avait eu besoin de rentrer et de passer du temps avec son fils. Et surtout il avait eu besoin de réfléchir à pourquoi la chose le tourmentait autant. Pourquoi dès qu'il y pensait il avait mal au ventre alors qu'il avait travaillé sur des cas bien pires. Était-ce la culpabilité de ne pas avoir agi comme il le fallait à l'époque? Où la haine de l'injustice, savoir que ce juge faisait la même chose que cet enfoiré de Dixon... Comment un être aussi abject pouvait-il être de la même famille que Daryl...

Rick tourna la tête, ses cheveux frottant contre les draps. Il regarda Lorie qui lui faisait dos. Avaient-ils quelque chose à sauver? Le voulait-il seulement. Il ne savait plus. Et ce qui était le plus troublant c'est que penser à rompre avec elle ne lui créait plus de boule dans la gorge depuis trop longtemps déjà. Son portable sonna.

-Allô ? ... Oh monsieur le marchal merci de me rappeler. Oui c'était à propos d'une ancienne affaire c'est ça... Il s'éloigna de la chambre pour laisser Lorie se rendormir.

~♡~

Aujourd'hui il devrait retourner chez Daryl. Il le devait. Même si il se doutait que de le confronter serait difficile. Il devait se rendre à l'évidence. Il aimait bien Daryl. Il avait de la sympathie pour lui. Et pourtant lorsqu'il l'avait arrêté pour la première fois au supermarché du coin après un rapport de vol à l'étalage, jamais il n'aurait pensé pouvoir éprouver de l'empathie pour ce petit con insolent. Il avait mis plus de trois heures à lui tirer seulement son nom et son âge. Mais Rick avait appris plus tard qu'il avait été le seul officiers auxquels le gamin avait jamais parler. Aucun n'avait jusque-là entendu le son de sa voix. Il avait à peine quatorze ans à l'époque et Rick eut du mal à se dire que déjà, à cette période, son père abusait de lui. Il y avait trop de part d'ombre dans cette histoire. Ne pas tout savoir le rendait fou parce que son imagination allait en tout sens. Aujourd'hui, il irait le trouver. Il en doutait mais peut-être qu'il aurait des réponses à ces questions.

Quand il gara sa voiture dans la cour devant la maison, il faisait encore jour. Il vit Daryl sortir du bois à ce moment-là. Son arbalète sur une épaule et sur l'autre, un collier de trois poules faisane.

Il lui fit seulement un petit signe de tête avant de faire le tour de la maison et de s'installer sur la terrasse derrière. Rick le suivit. Il était assis là, sur les marches, et il avait commencé à plumer la première poule.

-Faut que je le fasse maintenant, quand elles sont froides après c'est chiant.

Rick ne dit rien. Il enleva son chapeau et le posa sur la balustrade. Sans un mot il vint s'asseoir juste à côté de Daryl. Dans l'étroitesse du passage, leurs épaules se frôlaient et Rick sentait toute la puissance d'un corps comme celui de Daryl, taillé pour le combat à côté du sien, fort, sec, mais bien moins impressionnant et robuste. Bien qu'ils fassent sensiblement la même taille, il se sentait petit. Et si d'habitude la pensée que physiquement on pouvait le maîtriser ne mettait pas Rick très à l'aise, mais il l'était. Et pourtant il aurait eu nombre de raisons de ne pas l'être.

Rick sortit son couteaux et détacha une poule qu'il commença à plumer à son tour. Là, dans son uniforme d'officier.

Daryl, passé sa surprise, eut un petit sourire en coin.

-Tu sais faire ça toi ?

-Ma grand-mère m'a appris.

Il eut un long silence pendant lequel les plumes volaient.

-J'ai des nouvelles de ta cousine Carole.

Rick sentit le chasseur se tendre puis se forcer à respirer plus calmement.