Chapitre 12 : régressement vers la moyenne

Encore une fois, Daryl l’avait totalement babysiter. Depuis l’annonce de Lorie, Rick était resté à la maison. Prenant quelques jours sans mal au vu de toutes les vacances qu’il avait à rattraper. Daryl, sans un mot, était au petit soin pour lui et répondait à chacun de ses besoins avant même qu’il ne les formule. Il savait parfaitement lorsqu’il voulait être seul ou au contraire, lorsqu’il fallait qu’il s’occupe pour ne pas devenir fou. Ainsi Daryl avait prétexté plusieurs fois avoir besoin d’aide pour le jardin, le ménage, la réparation d’une moto et Rick s’était précipité pour l’aider bien qu’il sache que le jeune Redneck n’avait certe pas besoin de lui. Daryl n’avait besoin de personne pour vivre. C’était une chose qu’il admirait tellement chez lui. Mais à défaut d’en avoir besoin, Rick espérait parfois qu’il en ressente l’envie, même s' il en doutait fort. Daryl était gentil. Trop. Et peut-être était-ce la raison pour laquelle il fuyait la foule. Tout le monde, même sans le savoir, profitait de la gentillesse d’autrui. Rick ne voulait pas être comme tout le monde mais il ne voulait surtout plus partir d’ici. Pourtant il le devait. Il le devait vraiment. 

-Je vais devoir aller à l’appartement aujourd’hui. On me livre les derniers meubles. 

Daryl releva le nez de son petit déjeuner et posa ses yeux sur Rick, essayant d’évaluer son état d’un simple regard. 

-Tu veux que je viennes ? 

-Tu n’es pas obligé. 

Daryl se retint de sourire. La réponse de Rick évitait cordialement la question, ce qui lui faisait penser que la réponse était bel et bien affirmative. 

-Ça m’ dérange pas. En plus c’est mieux d’être deux pour les monter. Tu vas galérer tout seul. 

En réalité Daryl éludait aussi les questions sous-jacentes. Il savait qu’il n’était pas obligé. Et ce n’était pas que ça ne le dérangeait pas. C’était qu’il n’avait pas envie de le laisser. Il avait fini par faire ce qu’il s’était interdit. Il s’était habitué à la présence de Rick. Encore plus depuis les trois jours d’arrêts qu’il avait passé entièrement chez lui. Depuis qu’il était installé chez lui, Daryl avait pris l’habitude de cuisiner pour deux, jusqu’à savoir les goûts de Rick. De se lever sans bruit le matin pour ne pas le réveiller lorsqu’il traversait sa chambre pour rejoindre le couloir. D’entrée dans une salle de bain embuée des douches trop chaudes qu’il prenait. Il s’était habitué à tous les aspects de lui. Et surtout il aimait chaque parole non prononcée. Chaque silence si éloquent. 

Même si Daryl n’était pas vraiment à l’aise lorsqu’il descendait en ville, Rick avait tout fait pour détendre l’atmosphère. Ils avaient monté des meubles toute la journée et ça avait été une épreuve de comprendre les plans, les nerfs lâchant parfois en des fous rire inarrêtable devant leurs très nette incompétences. Rick s'était fait livrer deux menus d’un restaurant qu’il aimait particulièrement et qu’il voulait vraiment faire découvrir à Daryl. Mais, sachant la réputation qu’il avait et plus que ça, son côté timide et terriblement introverti, il avait préféré commander et étrenner sa nouvelle vaisselle. La journée avait été douce. Dans cet endroit neutre de tout souvenir il était facile d’en créer de nouveaux, c’était comme si l’appartement se situait hors du temps. Ils n’avaient pas vu défiler les heures. Mais le téléphone portable de Rick sonna, les ramenant durement à la réalité. L’officier fronça les sourcil en voyant le numéro de son ancien domicile s’afficher. Il fût tenté une seconde de ne pas répondre et de seulement profiter encore de ce moment, mais son instinct jouant une fois encore, il se dit qu’il devait prendre cet appel. Que peut-être quelque chose n’allait pas. 

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