40. Visibilité

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Après quelques exercices d'armes, Atha et moi regagnons nos appartements respectifs. Je prends une douche rapide, sans me laver les cheveux et m'habille d'un cargo (c'est ce que m'a dit Atha, que ça s'appelait comme ça) vert, d'un haut à manches courtes noir bien trop large et grand pour moi, ce qui laisse une épaule à découvert et recouvre mes bras d'un gilet fin et gris. 

Je me fais une tresse, que je ramène sur mon épaule gauche et sors de ma chambre. 

Je toque à la porte d'Athanase, qui vient directement m'ouvrir. Elle a encore les cheveux mouillés et porte un jean bleu et un haut blanc court collé à la peau à manches courtes. Elle me laisse passer et va se sécher les cheveux. 

J'attends patiemment quelques minutes puis elle arrive, cette fois-ci, habillée d'un gros pull en laine bleu clair. 

C'est sa couleur préférée. Celle de la couleur des iris de Gad. 

On échange quelques phrases puis allons frapper à la porte de, justement, Gad. 

Au début, rien. Même pas un mouvement de l'autre côté de la pièce. 

Puis, des pas précipités et le battant s'ouvre à la volée. Un Gad euphorique puis émerveillé apparaît. 

Atha et moi échangeons un regard. Qu'est-ce qu'il a ? 

Mais nous n'avons pas le temps de rien formuler, que le garçon prend Athanase dans ses bras, la fait virevolter dans l'air et plaque ses lèvres sur les siennes, tout en lui souhaitant joyeux anniversaire. 

Athanase lui rend le baiser, tout aussi passionné et agressif que celui de son copain. 

Puis, ce dernier la repose à terre et lui annonce, avec des irrégularités dans sa voix et des sautillements : " Oh mon dieu, Athi! Tu es encore plus magnifique en réalité !" 

J'émets un "hein?" qui exprime la confusion qui se lit sur le visage d'Athanase. Elle rit, un rire mélangeant gêne, incompréhension et amour dans un même son. Elle lui demande : " T'insinues quoi là ? Que tu rêves d'une moi laide ? 

- Je ne vois rien dans mes rêves, tu le sais bien. Enfin, je ne voyais rien. 

- Voyais ? j'interviens, égarée.

- Oui ! Atha ! Je... je ne sais pas comment ça ce fait mais... je... je te-

- Vois ? l'aide-t-elle avec espoir. 

- Oui ! Je... Oh mon Dieu c'est tellement beau la vie ! C'est magnifique ! Tu savais que  le bois c'était marron ? J'ai toujours cru que... En fait je croyais rien parce que je ne connais même pas l'aspect des couleurs ! Je savais que c'était marron mais je ne savais pas que c'était comme ça ! Et tes yeux ! C'est la chose la plus magnifique que je n'aie jamais vu ! Attends c'est quoi comme couleur ? Bleu ? Gris ?" 

Athanase ne répond pas, il y a juste ses yeux qui se remplissent de larmes, mais elle sourit.  Ce sont des larmes de joie. Elle sanglotte, mais elle rit. Elle s'exclame : "Oh Gad ! Tu me vois ! Oh mon dieu ! Merci Hadès, merci Jihène ! " 

Gad la serre dans ses bras, heureux comme jamais. Athanase lui explique tout en pleurant qu'elle est humaine cette semaine, et qu'elle a des yeux violets. Elle lui enseigne les couleurs. 

C'est fou. Je n'avais jamais pensé que la vie était tellement colorée et belle ! Je ne m'avais jamais posé la question, figurez-vous. La neige est blanche, l'eau est incolore, pour moi. C'est ainsi, ça l'a toujours été, ça ne changera jamais. 

Soudain, une douleur atroce me traverse les tempes, le front, la tête. Je me plie en deux, m'appuie sur les côtés de la tête. 

J'entends à peine Athanase crier mon nom que je perds à nouveau connaissance. 

La Fille sans NomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant