3. Présentations

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Athanase m'a passé des informations plutôt intéressantes sur leur petit groupe d'amis. Ils se réunissent à peu près tous les soirs autour de la fontaine centrale, nommée « La Fontaine du Feu. »

La nuit est tombée, alors que la grande aiguille du monastère ne montre que seules 18 heures sont passées depuis la première heure du jour.

En sortant de mes appartements, Athanase est déjà à ma porte pour m'emmener à ladite fontaine. Sur le chemin, on parle comme si on était des amies. Je lui fais confiance. Elle me demande d'un air taquin : « Alors, toi, t'as personne qui occupe ton cœur ? » Je souris. « Moi je ne suis pas tombée amoureuse, mais plein de garçons des miens étaient follement de moi. On m'a demandé des fiançailles, j'ai failli devoir supplier mes parents que non. Les pauvres garçons, ils étaient si tristes... Mais ils n'avaient qu'à pas m'aimer. Et toi ? Personne dans ton cœur ? »

Je devine la réponse en voyant la couleur sur le visage de mon amie. Du rose sur les joues. « Ah, c'est qui ? » J'ai dit ça en mode fouineuse. Elle lève son regard vers moi et me jette un regard noir et énervé, mais amusé. « Ça ne te regarde pas. » Je fais la moue. Elle sourit, bien contente de sa réplique. Je décide de changer de sujet : « Toi, tes parents, ils ont quel poste ici ?
- Mon père était Kuntaï, mais il a préféré devenir maître des pouvoirs. Quand à ma mère... Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer. Elle ne coud pas, mais c'est la cheffe des domestiques, et elle est l'assistante de Edana. Elles sont de très bonnes amies, tout comme moi et Azra. »
Je hoche la tête, et un silence de réflexion s'installe entre nous. Moi je suis plongée dans mes souvenirs, quand la gêne de Athanase me percute. Elle veut me poser une question, mais elle a peur qu'elle soit déplacée. « Euh... Etrangère, je ne veux pas faire preuve d'irrespect envers ton peuple, mais... Toi, est-ce que dans votre société il y a des postes ?
- Oui.
- Tes parents, ils étaient dans quels postes ? »
Je soupire. J'ai l'impression que je ne les ai pas vus depuis 5 T.d.P..
« Chez moi, il y a beaucoup de postes. Le premier, le chef si tu veux, c'est le plus Cultivé. C'est celui qui nourrit le village et c'est celui qui est le plus cultivé dans la culture, le seul qui sait parler les trois langues, ainsi que les écrire. Après, il y a le sous-chef. Le « Lavendsultiv ». Il sait faire la même chose que le cultivé, sauf que lui ne peut pas écrire les trois langues, mais seulement deux. Le plus cultivé après le Cultivé. En général, il est marié de force à la plus belle femme du village. Le nom, Lavendstultiv, change toutes les générations. Mon père est Lavendstultiv. Mais lui il a enfreint la coutume. Il s'est marié à la femme qui l'aimait et que lui il aimait. Ma mère est la Guerisaria. La guérisseuse. Comme tous les postes, il est héréditaire. Le plus souvent, c'est une fille qui naît chez les Guerisarias. Mais quand c'est un garçon, c'est pas grave, c'est juste surprenant. Moi, j'aurais dû être en train de préparer mes noces dans 2 T.d.P.. Sauf que j'ai rejeté toutes les demandes. Et, je serais dans 2 T.d.P. déjà la Sous-Cheffe et la Guerisaria. Je serais mariée au plus beau garçon de la tribu. Sauf que je préfèrerais faire la même entorse à cette règle comme l'a fait mon père et choisir l'homme que j'aime. Le problème est que mon cœur n'est pas occupé et que le soi-disant futur mari est arrogant et je le déteste comme la peste.
- Il s'appelle Zain, non ?
- Ouais. Donc je disais que le titre Lavendsultiv a été donné à mon père parce qu'il termine toujours par -ultiv, et le préfixe, Lavend, de ma mère, qui est celle qui cultive les lavandes. C'est ce qui veut dire son prénom, Laviena. J'aurais pu connaître ma grand-mère, sauf que les Kuntaï, sont venus l'assassiner dans sa hutte. Je ne leur ai jamais pardonné d'avoir été responsable de la mort d'une parente, qui aurait dû m'enseigner la voie des plantes et de la guérison. »

Ma voix se brise sur la dernière syllabe. Je sens les larmes me piquer les yeux, mais je me reprends. Il faut pas se mettre à chialer, ça ne les aidera pas. Si tu veux les sauver contre toute attaque possible, tu dois garder la tête haute ! Athanase me voit lutter contre les larmes qui menacent de couler et frotte sa main sur mon bras. « Eh, tu sais, une fois que tu sauras te battre, tu seras tellement forte que personne ne se mettra en travers de ton chemin pour rentrer chez toi. Et cela, avant les 18 T.d.P.. » Elle me fait un clin d'œil et, étrangement, ça me réconforte.

La Fille sans NomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant