𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟼 | 𝙹𝚎 𝚟𝚒𝚜 𝚒𝚌𝚒...

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Bianca

Tokyo
8h21

Maman ?

J'appelle son nom à plusieurs reprises, mais aucune réponse.

Elle doit sans doute être dans la cuisine. Je m'y dirige et l'aperçois de dos.

Ma-

Du sang s'échappe de sa main.
Je me précipite vers elle, mais elle me repousse brusquement.

Maman ! Tu... tu saignes !
Elle se retourne et me fixe de ses yeux injectés de sang.

Bianca...

Bianca, Bianca, Bianca.

— Bianca !

J'ouvre brusquement les yeux en sentant quelqu'un me tapoter le bras et croise un regard bleu.

Sakura ?

— Ça va ? me demande-t-elle, visiblement inquiète.

Que fait-elle ici ?

Je ferme légèrement les yeux, aveuglée par un rayon de soleil.

Quelle heure est-il ?

— Je crois que tu faisais un cauchemar, m'informe-t-elle.

Sans blague.

Je me redresse, tentant de reprendre mes esprits.

Toujours le même rêve.

Pourquoi me hantes-tu, maman ? Ta malédiction n'a-t-elle pas apaisé ta rancœur ?

Un raclement de gorge me tire de mes pensées.

— Écoute, je... hier... enfin, on t'a vue nous écouter.

Mince ! je pensais avoir été discrète.

Visiblement non, ironise ma conscience.

— Je voulais m'excuser pour mon comportement d'hier.

Je la dévisage un instant, cherchant la trace d'un mensonge, mais en vain.

— Sota ne sait pas mentir... enfin, pas en ce qui concerne ses émotions. Il m'a dit qu'il t'avait adoptée par pitié, mais je sais qu'il a menti. J'ai ressenti une pointe de jalousie quand il t'a amenée ici, mais j'ai compris que, même s'il est attaché à toi, son affection ne sera jamais comparable à celle qu'il me porte.

Que veut-elle dire ? Quelle sorte d'affection pourrait-il éprouver pour moi ?

Si ce n'est pas de la pitié, pourquoi m'a-t-il adoptée et amenée ici ?

Je réalise que Sakura n'attend pas de réponse. Peut-être que son frère lui a parlé de mon état.

— Et si on devenait amies ? me demande-t-elle soudainement.

Amies ? Ce mot a franchi si facilement ses lèvres.

Je lui souris et hoche la tête.

Ce mutisme traumatique ne m'empêche pas de chuchoter, bien que cela soit rare. Et même dans ces rares moments, je ne prononce que quelques mots. Mais là, j'en ai envie.

Amies ? chuchoté-je d'une voix à peine audible.

Elle écarquille les yeux, puis affiche un large sourire.

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