Sota
Tokyo.
12h07
Je n’arrive pas à détacher mes yeux de la photo.Luke Carter...
Ce nom résonne étrangement en moi. Un mélange de colère, de curiosité s’empare de mon esprit. Le père de Bianca. Comment pourrait-il vivre en paix après avoir volé la virginité d'une femme ?!
Je pousse un long soupir, me levant pour faire les cent pas dans mon bureau. Albert attend en silence, me laissant digérer cette révélation. Il sait mieux que personne quand il vaut mieux se taire.
— Qu’est-ce que tu as trouvé d’autre ? demandé-je, sans me retourner.
— Peu de choses pour le moment. Il mène une vie tranquille, semble-t-il. Un mariage sans histoire, une carrière stable. Mais je continue à creuser.
Je serre les dents. Un père aimant, un homme respecté... tout ce que Bianca n’a jamais eu. Peut-être que je devrais...
Je me fige. Qu’est-ce que je suis en train de penser ? Il m’est impossible de... de quoi ? La confronter avec cette vérité ? De lui présenter cet homme comme une solution à ses douleurs ?
Je suis son tuteur. Ce rôle doit suffire.
Mais ce n’est pas le cas.
Je me tourne vers Albert, une décision soudaine s’imposant dans mon esprit.
— Je veux le rencontrer. Discret, sans que personne ne soit au courant.
Albert hoche la tête, comprenant l’urgence sans que je n’aie besoin d’en dire plus.
— Bien, je m’en occupe.
Il quitte la pièce en silence, me laissant seul face à mes pensées. Pourquoi est-ce que je fais ça ? Pourquoi ai-je besoin de découvrir la vérité sur cet homme, et pourquoi cette vérité m’obsède-t-elle autant ?
Je ne peux pas permettre à Bianca de souffrir davantage, c’est tout. Je dois la protéger. Et si cela signifie révéler des vérités douloureuses, alors je le ferai.
Je retourne à mon fauteuil, sentant l’étau autour de mon cœur se resserrer. Je prends une grande inspiration, essayant de me concentrer sur le travail à accomplir.
Mais mes pensées continuent de dériver vers elle, vers son sourire timide, et vers la façon dont ses yeux se sont éclairés en voyant ma mère.
Je sais que je dois faire quelque chose de concret. Je saisis mon téléphone et compose le numéro de ma secrétaire, Mélanie.
— Mélanie, pourrais-tu s'il te plaît fixer un rendez-vous chez un psychiatre ?
Sa voix résonne à l’autre bout de la ligne.
— Bien sûr, monsieur. Je vais m’en occuper tout de suite.
Après avoir raccroché, je prends quelques instants pour respirer. La pression monte en moi, mais je fais de mon mieux pour rester calme.
Un silence pesant s'installe à nouveau. Mes yeux retombent sur la photo de Luke Carter.
Des flashs me traversent soudainement l’esprit, brutaux, comme une plaie qu’on rouvre sans prévenir.
Mon propre père...
Sa silhouette massive, son regard dur, la façon dont il levait la main sur ma mère. Des cris, des larmes, des coups qui résonnent encore dans ma mémoire. Je serre les poings, chassant ces souvenirs douloureux.
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LA MAUDITE
Любовные романыBianca n'avait qu'un besoin vital : l'amour de sa mère. Pourtant, étant une enfant non désirée, elle fut constamment victime de la folie de cette dernière. Après un viol, une femme ne redevient jamais la même. Mais est-ce la faute de l'enfant si sa...