𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟺 | 𝙻𝚘𝚒𝚗 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚒

14 2 2
                                    




⚠️Tw : Violence⚠️




Sota





Submergé par mes pensées, je ne réalise pas tout de suite que la voiture de Ren s’arrête brusquement. Mon regard se fixe sur le grand bâtiment abandonné, sombre et menaçant, qui se dresse devant nous.

C’est là qu’elle est.

Mon souffle s’accélère alors que mes doigts se crispent sur la poignée de la portière. Ren brise le silence, sa voix rauque trahissant la même rage contenue que la mienne.

— On y va ? demande-t-il, les yeux brûlant d’une détermination féroce.

Je le connais suffisamment pour savoir que, derrière son calme apparent, il est prêt à tout. Bianca compte aussi pour lui. Cette fille, avec sa douceur fragile et ses silences hantés, a réussi à s’imposer dans nos vies, à s’attirer une loyauté inébranlable. Elle a trop souffert.

Trop.

— On y va, dis-je enfin, d’un ton tranchant, avant de sortir de la voiture.

Le vent glacial s’engouffre sous ma veste alors que nous approchons de l’entrepôt. Les vieilles portes métalliques sont entrouvertes, grinçant légèrement sous l’effet de la brise.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mais ma concentration ne vacille pas. Pas cette fois.

Ren et moi échangeons un regard, et sans un mot, nous nous faufilons à l’intérieur. L’obscurité est presque totale, seulement percée par la lumière blafarde d’une lampe vacillante suspendue au plafond.

Puis je l’entends.

Des sanglots étouffés.

Mon sang se glace.

Je me précipite, guidé par ce son déchirant, suivi de près par Ren. Nous contournons une pile de caisses poussiéreuses, et là, je le vois : lui. Cet ancien employé, un traître, qui se tient au-dessus de Bianca, son visage tordu par une fureur malsaine. Elle est à terre, luttant pour se dégager de son emprise.

Pendant qu’il est au-dessus d’elle, ses gestes lourds et dégoûtants trahissent ses intentions. Bianca ne réagit pas. Elle est figée, ses yeux vides, comme si son esprit s’était enfui pour échapper à ce cauchemar. Elle semble déconnectée de son propre corps, absente.

La scène me brûle. La rage éclate en moi comme un feu incontrôlable.

Je bondis sur lui sans réfléchir, le saisissant par le col et le projetant violemment contre le mur. La force de l’impact fait tomber une pile de caisses à côté de nous, mais je m’en fiche. Tout ce qui compte, c’est d’éloigner cet homme de Bianca.

Nidoto kanojo ni te wo dasu na! (Ne t’avise jamais de la toucher !) hurle-je, ma voix rauque, presque méconnaissable.

Ren intervient rapidement pour l’immobiliser, mais je reste planté là, tremblant de rage. Mon regard se tourne vers Bianca. Elle est toujours à terre, recroquevillée, ses bras enroulés autour d’elle-même comme une barrière invisible.

Je m’approche doucement, essayant de maîtriser ma colère pour ne pas l’effrayer davantage.

— Bianca… murmuré-je, m’agenouillant près d’elle.

Elle ne répond pas. Ses yeux restent fixés sur un point invisible, comme si elle était ailleurs. Son silence me frappe de plein fouet.

Je tends la main, hésitant, avant de toucher son épaule. Elle sursaute brusquement.

LA MAUDITE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant