𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟹 | 𝚏𝚒𝚗𝚒.

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⚠️Tw : Agression sexuelle⚠️


Bianca

Dans un entrepôt
00h21

— Oh putain, mais fais-la taire, Oscar, s’agace la voix qui était au téléphone avec Sota il y a deux heures.

Je me suis réveillée, les yeux bandés, les pieds et les mains attachés sur une chaise. Mais je peux mettre ma main à brûler que nous sommes dans un entrepôt. La poussière me fait éternuer un nombre incalculable de fois, l’odeur humide de l’endroit me fait renifler encore et encore, et mes sanglots, qui s’ajoutent à l’équation, n’aident pas beaucoup.

Soudain, ma tête se tourne violemment sur le côté, et je sens une douleur vive sur la joue droite.

Il m’a giflée tellement fort que je sens un goût métallique dans ma bouche.
Je crache le sang qui s’y trouve et redresse ma tête.

Tout d’un coup, je sens une présence devant moi.

— Ne t’inquiète pas, ma belle. Quand il arrivera avec l’argent, tu seras enfin libre, me rassure faussement une voix différente, qui doit sans doute appartenir à ce fameux Oscar.

— Tu lui as envoyé l’adresse ?

— Ouais, on se retrouvera à la frontière.

— Bien.

— Mmm... faut dire qu’elle a un sacré corps, la petite, ajoute celui dont je ne connais toujours pas le nom.

C’est bizarre, mais quand il parlait avec Sota, il avait l’air de le connaître et semblait avoir un compte à régler.

J’ai bien entendu ce qu’il vient de dire, mais mon cerveau préfère l’ignorer.

Enfant, quand ma mère — ou plutôt l’autre identité de ma mère — me disait des méchancetés, je préférais les ignorer et me souvenir de la fois où elle soignait les blessures qu’elle avait causées. Ou encore de la fois où elle m’avait acheté une glace après m’avoir insultée de tous les noms.

Et même si, à cette époque, je ne savais pas qu’elle avait un trouble, chaque fois qu’elle se montrait gentille avec moi, j’espérais qu’elle le serait toujours. Et quand, du jour au lendemain, elle devenait cruelle, j’avais toujours espoir, car je voulais plus que tout son amour. C’était vital, et c’était la seule chose à laquelle je pouvais m’accrocher.

Elle était ma seule famille.

Et quand elle s’est suicidée, elle est partie avec, non pas une moitié de moi, mais moi tout entière.

« Elle peut parler. »

La voix de la psychiatre résonne en moi.

Si je peux parler, alors pourquoi je n’y arrive pas, hein ?!

Chaque jour, je me force. J’ouvre la bouche, dans l’attente que ma voix résonne, mais je finis toujours par la refermer et fondre en larmes.

Pourquoi je n’y arrive pas ?

Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi ?!

Je sens qu’on m’enlève le bandeau, et je ferme automatiquement les yeux à cause de la soudaine luminosité. Puis je les ouvre et tombe sur le type avec la cicatrice.

— T’essaies de faire peur à qui en me regardant comme ça, bichette ? ricane-t-il en renversant la tête en arrière.

Je ne m’étais même pas rendu compte que je le fusillais du regard.

LA MAUDITE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant