𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟸 | 𝙹𝚊𝚖𝚊𝚒𝚜

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Sota

Tokyo
22h32

Merde, merde, merde !

Putain de merde !

Je commence sérieusement à me demander si ramener son passé devant elle était une bonne idée. Je n’avais pas le droit de lui infliger ça... C’était mon devoir de lui faire tout oublier, de la pousser à se concentrer sur le présent et de lui offrir une meilleure vie.

Je secoue la tête pour chasser ma culpabilité.

Non, j’ai fait ce qu’il fallait. Bianca devait connaître la vérité.

La première fois que j’ai vu Luke, je ne vais pas vous mentir : j’ai failli l’étrangler et commettre un crime devant le lycée public de Chicago.

Mais je me suis comporté comme un parfait gentleman. Mes hommes l’ont "gentiment" attendu devant le portail du lycée et l’ont escorté dans ma voiture.

Sa première réaction ? Crier à l’aide. Puis, comprenant que c’était peine perdue, il m’a menacé de me dénoncer à la police tout en m’insultant de tous les noms.

Évidemment, il m’a fallu un self-control monstrueux pour ne pas lui défigurer le visage sur-le-champ.

Puisque la patience n’est pas mon point fort, je suis allé droit au but :

— Fermez-la. Je ne suis pas ici pour écouter vos insultes à deux balles, lui ai-je lancé sèchement.

— Mais qu’est-ce que vous voulez, à la fin ?! m’a-t-il crié dessus.

Je lui ai alors montré une photo d’Ivory. Pas très compliqué de trouver un cliché d’elle.

— Vous la reconnaissez ? lui ai-je demandé, sachant très bien la réponse.

— C-comment...

— Écoutez-moi bien. Je ne vais pas tourner autour du pot. Comment faites-vous pour vous regarder dans un miroir après le mal que vous lui avez infligé ?!

— De quoi parlez-vous ? Je ne lui ai rien fait ! m’a-t-il certifié.

— Inutile de mentir, je...

— Je ne mens pas ! Ivory et moi... On était amoureux...

Évidemment, quand il a commencé à me raconter leur histoire, je ne l’ai pas cru. Pas avant qu’il ne me montre les preuves.

Et par preuves, je parle des nombreuses photos d’eux deux en train de se câliner, de s’embrasser, de rire, mais aussi des diagnostics médicaux confirmant qu’Ivory souffrait de trouble dissociatif de l’identité.

Sans le savoir, Bianca avait donc passé neuf ans de sa vie avec deux personnalités différentes de sa mère.

Quand j’ai informé Luke qu’il avait une fille, il a failli faire un arrêt cardiaque, puis il m’a presque supplié de la voir. J’ai hésité, car je sais à quel point il est douloureux d’être à nouveau confronté à son passé.

Mais il était important que Bianca connaisse la vérité, pour qu’elle trouve un minimum de lumière dans ses ténèbres.

Mais au final, tout ça a mené à quoi ?

Bianca est introuvable dans cette immense ville depuis quatre heures maintenant. Je ne l’ai pas retenue quand elle s’est enfuie, pensant qu’elle voulait simplement être seule.

Mais je croyais qu’elle resterait dans le coin. Elle n’était pas assez irréfléchie pour s’aventurer seule dans Tokyo... ou du moins, c’est ce que je pensais.

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