LA MAUDITE

𝟸𝟹 𝚓𝚊𝚗𝚟𝚒𝚎𝚛 𝟸𝟶𝟶𝟸

Aujourd'hui, je crois que j'ai atteint une nouvelle limite. Les couloirs du lycée me donnent toujours cette impression d'être observée, épiée, comme si je portais une cible sur le dos. Mais aujourd'hui, c'était pire.

Tout a commencé quand j'ai senti leur présence derrière moi. Pas besoin de me retourner, je savais que c'étaient eux. Toujours les mêmes. Toujours les rires, les murmures. Mon sac a été arraché de mon épaule et projeté au sol. J'ai hésité une seconde.

Ramasser mes affaires aurait été un aveu, mais ne rien faire aurait été pire. Alors je me suis penchée pour le récupérer.

Ils ont continué. Ils me bousculaient, se rapprochaient trop. Les mots qu'ils lançaient tournaient dans ma tête, se mélangeant avec les voix qui, elles aussi, n'arrêtaient pas de parler. Ça devenait difficile de distinguer ce qui venait d'eux et ce qui venait de moi.

L'un d'eux m'a poussée contre les casiers. Je crois que j'ai entendu un bruit métallique quand ma tête a cogné. Pas fort, mais assez pour me réveiller, pour m'obliger à affronter la situation. Une partie de moi voulait crier, une autre voulait courir. Mais je suis restée là, figée, à attendre que ça passe.

Et c'est là que c'est arrivé. Quelqu'un est intervenu. Une silhouette que je n'avais jamais remarquée avant s'est approchée. J'ai entendu une voix, ferme, mais calme. Les autres ont reculé, hésité, puis ils sont partis comme si de rien n'était.

Je suis restée là, incapable de bouger. Ce garçon, il a tendu une main pour m'aider à me relever, mais je l'ai ignorée. Mon instinct me criait de me méfier. Pourquoi il a fait ça ? Qu'est-ce qu'il veut ?

Je ne lui ai pas adressé un mot. Je suis partie presque en courant, le cœur battant, la gorge nouée. Maintenant que j'y repense, je ne sais pas si j'ai bien fait. Peut-être qu'il voulait juste m'aider. Peut-être pas.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que même ceux qui semblent gentils finissent toujours par te blesser. Alors à quoi bon ? Je préfère rester seule.