Episode 8 Partie I

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Episode 8, Partie I : Arthur


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Mon père s'avance vers moi, sa silhouette imposante se découpant comme une ombre noire au-dessus de moi. Je suis obligée de lever la tête pour croiser son regard et pour être honnête, je ne l'ai jamais vu dans un tel état de rage. Même lors de mes petits écarts, sauf lorsque je mentionnais Maman, sa réaction se limitait à un avertissement froid. Et si je poussais un peu trop loin ou hors de sa limite — ce qui n'est arrivé qu'une seule fois, le jour où il m'a giflé — John quittait simplement la pièce, préférant se réfugier dans le garage pour s'occuper de ses jouets, faire un tour ou son bureau.

Aujourd'hui, c'est différent. Il est intimidant, effrayant même, et cette peur est comme une écharde enfoncée dans mon cœur, qui me pique et me brûle en s'enfonçant un peu plus à chaque respiration. Mais derrière cette peur grandissante, il y a aussi cette haine, brutale et enragée, qui bouillonne en moi comme un volcan prêt à exploser.

Ses yeux sombres, perçants, ne me regardent pas avec le même air sauvage qu'il réservait aux bandits qui ont tenté de me kidnapper. Pourtant, il y a quelque chose de similaire, ce même aspect bestial. La colère, oui, mais il y a autre chose, un sentiment plus enfoui que je n'arrive pas à déceler. Je perçois en lui cette culpabilité, mélangée à ce lien qu'on ressent lorsqu'on tient à quelqu'un. C'est difficile à nommer, comme un attachement douloureux, dissimulé derrière des paupières qui refusent de s'ouvrir, de révéler ce qu'il cache vraiment.

Son regard, malgré tout ce qu'il tente de réprimer, ne ment pas entièrement. John... Papa, m'aime, c'est évident. Son besoin de me protéger dépasse tout ce que j'aurais pu imaginer. Alors pourquoi cette colère qu'il me réserve ? Cette dureté qu'il affiche en criant sur cet homme à l'accent si marqué ? — Je mettrais ma main à couper qu'il vient de Pennsylvanie, son intonation est bien trop américain pour un Irlandais de pure souche.

Peut-être que c'est là, dans cette dualité (aussi paradoxale soit-elle) entre la protection et la colère, que réside la réponse...

Tout à coup, un mouvement rapide surgit à ma gauche, frôlant ma joue. Instinctivement, je lève mon bras pour bloquer l'attaque soudaine de John, enchaînant tout de suite avec mon autre main qui s'en va rencontrer ses abdos durs et tendus. Je le repousse avec force, mais il recule à peine. Contrairement à moi, il reste parfaitement en équilibre, ses pieds encrés au sol telle une plante qui se nourrit des pouvoirs de mère nature, prêts à anticiper chaque nouvelle offensive de ma part.

Je n'ai pas le temps de voir s'il est satisfait ou non de ma réaction, qu'il enchaîne sans hésiter avec un gedan barai* suivi d'un mae giri*. Son pied s'enfonce violemment dans mon estomac, me coupant Instantanément le souffle. Propulsée en arrière, je n'ai pas le temps de réagir. Mes genoux heurtent violemment un banc, et avant même que je puisse me rattraper, mon dos percute le mur derrière moi. Une douleur fulgurante explose dans ma colonne vertébrale alors que le bord du banc s'enfonce directement au milieu de mon dos.

Je m'effondre au sol, la tête frappant le béton avant que le bois du banc ne vienne s'enfoncer dans mon flanc, entre le pancréas et le bas du foie. La douleur me traverse comme un coup de poignard, irradiant tout mon corps d'une chaleur brûlante et paralysante. Je serre les dents pour ne pas crier, mais mon corps se plie en deux sous l'assaut de la souffrance. Je grimace en me retenant de ne pas gémir tel un alien du maître feu H.R. Giger puis tombe à genoux, mes mains s'écrasant contre le sol rugueux, comme une bête blessée. 

Les larmes montent, incontrôlables, alors que mon souffle s'échappe en halètements courts. Je crispe mes doigts contre le sol, une rage sourde et muette coincée dans ma gorge, incapable de se libérer. Mais la douleur, intense, devenue électrique, me maintient au sol, incapable de bouger.

Not After Us, Only You - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant