Épisode 9, partie I

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Épisode 9, partie I : Ravitaillement à la Johnny !

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Je ressens une sensation étrange de légèreté qui me monte à la tête, presque comme une ivresse, mais différente de celle du combat. Ce n'est plus l'adversaire devant moi qui capte mon attention, c'est la musique qui tourne en boucle, envahissant chaque pensée — qui empoisonnaient ma concentration — , et fibres de mon corps.

Chaque note résonne en moi, me guide, habite mes mouvements avec une fluidité nouvelle et agréable. Les tensions ont disparu et même si cela paraît insensé, j'ai l'impression que la puissance de mes coups est plus importante, comme si elle avait doublé.

Après une longue série d'enchaînements, nous passons à la deuxième étape.

Soudain, Arthur coupe tout et m'explique qu'il faut maintenir ce rythme effréné dans ma tête, comme si je pouvais entendre du Black Sabbath, AC/DC ou du Mötley Crüe, en plein combat, sans avoir besoin d'avoir mes casques.

— À moins que tu aies le temps de mettre tes écouteurs, mais généralement, ça ne marche pas, ajoute-t-il avec un sourire en coin.

Sa remarque me fait pouffer de rire, et je m'imagine la scène absurde : un colosse menaçant, stoppé net à quelques centimètres de mon visage alors que je lève un doigt pour lui demander une minute, comme dans un vieux dessin animé des années cinquante. Le temps de sortir mes Air Pods, de les mettre en place, avec "Jump the Gun" qui commence à vibrer dans mes oreilles... Puis, BAM ! Un coup de poing bien placé qui l'envoie valser en l'air.

Rien que d'y penser, un autre sourire s'étire sur mes lèvres.

J'ai peut-être jamais vraiment compris pourquoi je devais m'entraîner aussi durement, mais tout est devenu clair à l'instant où je me suis retrouvée face à ce type aspergé de Ketchup.

C'est une mission, en plus d'être une question de survie. Et qui sait, peut-être que John et moi trouverons la paix en fin de compte. Lui fera le deuil d'un passé douloureux et moi... Je pourrais enfin devenir la fille de John. Mon père.

Mais pour ça.

Il faut agir sans réfléchir, laisser le corps prendre le relais. Chaque geste, chaque décision, tout doit être instinctif.

Cependant, une peur sourde me ronge : et si cette façon de vivre devenait une habitude ?

Je ne veux pas devenir une tueuse sans âme, une machine qui ne fait qu'exécuter.

Pendant les brèves pauses — il faut s'hydrater — je tente d'aborder le sujet qui me hante depuis longtemps : mon père. Je demande à Arthur s'il risque la prison car si ce qu'il fait peut le conduire derrière les barreaux, je ne sais pas ce que je devrais. Il esquive ma question avec un calme qui m'agace, répondant vaguement :

"Si tu dois le savoir, il t'en parlera lui-même. Mais honnêtement, je pense que tu es assez intelligente pour comprendre que ; s'il risquait de se faire arrêter pour aller en taule, il y serait déjà, non ?"

La vérité, c'est que je ne sais pas. Je n'ai aucune idée de ce que cela implique d'être un "agent", ni depuis combien de temps il l'est. Ça me fait penser à Matrix, à ces réalités cachées sous la surface. Si ça se trouve, son surnom c'est Smith. Cette mer de brouillard est très lourde, comme si je n'avais jamais vraiment vu la véritable vie de mon père. Mais pour l'instant, ce n'est pas le moment de m'attarder sur ces questions. Ce qui compte, ici et maintenant, c'est de rester en vie car les entraînements n'existent plus.

Arthur a raison, cependant. Cette cadence, ce tempo intérieur, c'est ce qui doit me contrôler même dans le chaos. La musique devient ma ligne de vie, mon fil conducteur, et je dois m'y plier. Ce n'est plus seulement une question de technique, mais de ressentir chaque instant, chaque battement, comme une pulsation vitale.

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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Not After Us, Only You - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant