12. Le Gala

363 19 3
                                    

BROOKE

— Ça va aller ? il demande, remarquant sûrement que je le scrute avec intérêt.

— O... Oui, je crois, je bafouille, en jouant du regard. Entre lui, et eux.

Si j'avais compris le petit jeu de Kayla Lance plus tôt ce matin, je ne serais pas là à porter une robe à des milliers de dollars et à descendre ces escaliers avec mon insupportable patron, bien que très élégant ce soir. Son costume aussi noir que l'abysse est aussi parfaitement taillé que ses autres costumes. Étrangement, nos tenues se marient avec élégance.

Comment n'ai-je pas pu arriver à la conclusion qu'ils envisageaient de m'offrir cette tenue, quand Kayla est par tout hasard, venu me demander mes mesures ? Nous étions en train de prendre un café avec Judith quand elle a soudain surgi de nulle part et a commencé à débiter sur mes vêtements et la coupe qui me mettait le plus en valeur. Une chose est sûre, elle a fait du bon travail et cette robe est magnifique. Je ne me suis jamais senti aussi belle dans un vêtement.

J'ai été surprise, quant à peine j'ai franchis la porte de mon appartement et est fermé derrière moi, qu'un livreur s'est présenté avec un paquet immense. L'emballage était plus volumineux que la robe en elle-même.

Un truc de riche certainement.

Nous continuons de descendre les marches à allure normale. Je sens les regards de tous ces gens posés sur nous, sur nos mains liées. J'ai redouté de me prendre le sol en pleine figure à plusieurs reprises tellement le poids de leur regard est pesant. Ils nous dévisagent. Ils me dévisagent. J'ai l'impression d'être une bête de foire. Et les messes basses ? Elles se sont transformées en brouhaha général. La première chose qui me vient à l'esprit c'est : pourquoi ai-je accepté d'être embarqué là-dedans ? Je ne fais pas partie de ce monde, pour ces gens je suis une étrangère, une usurpatrice.

« Brooke Davis, chargée de communication chez Lance Company Incorporation, croqueuse de diamant à ses heures perdues », voilà à quoi ressembleront les articles.

La foule se dissipe une fois que nous arrivons en bas. Tous nous laissent l'espace nécessaire et je me rends compte que je me suis arrêtée de respirer tout ce temps. Je prends une profonde inspiration, ferme les yeux quelques secondes et en les ouvrant de nouveau, ce sont le noir de ses yeux qui m'accueille une nouvelle fois.

Je ne saurais expliquer la sensation que me procure son regard sur moi. En haut des escaliers, quand sa main a accueilli chaleureusement la mienne, ce contact n'était en rien égal à celui de son regard dans le mien. Pendant une seconde, j'avais en face de moi un Aaron Lance totalement différent de ce que les tabloïdes racontent. Il était redevenu un peu plus sympathique.

— Brooke ! Mon Dieu, la robe te vas à merveille, s'exclame la sœur Lance une fois arrivée à nous, et toi, elle jette un coup d'œil à son frère, tu n'es pas si mal.

— Brooke, je crois ne pas avoir à vous présenter ma sœur Kayla, il suppose.

— Kay, pour les intimes, elle rebondit, mais tu as raison, pas besoin de te donner ce mal.

Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un rire sans oublier de la saluer encore une fois aujourd'hui. Une seconde, c'est le temps d'inattention que j'ai eu et où la grande famille Lance a décidé de se présenter à moi. Le seul et l'unique Richard Lance, anciennement président-directeur général de LCI, s'approche de moi avec un sourire aussi large que ses épaules. Cet homme est le portait craché de son fils aîné.

— Enchanté mademoiselle, Richard Lance, il me tend une poignée de main que je saisis, ravi de faire votre connaissance...

— Brooke, Brooke Davis, intervient Aaron, ma petite amie.

Je laisse couler quelques secondes de silence. Un silence pesant. Je regarde autour de moi : Kayla me sourit et me lance un clin d'œil, et le père de mon faux petit ami laisse échapper une étincelle dans ses yeux. Derrière lui, sa femme, Patty Lance, accompagnée de son jeune fils Sam Lance et une jeune femme qui ne m'est pas inconnue.

— Ta petite amie ?! elle s'exprime, enthousiaste.

Quoique son enthousiasme soit surplombé d'ironie, voir de moquerie.

— Mon grand frère a enfin décidé de sortir de sa grotte et rencontrer du monde, ajoute Sam. Enchanté Brooke, Sam Lance, il se présente sans oublier sa compagne, mannequin renommée, Sara.

En plus de la famille Lance, deux autres personnes nous font part de leur présence. Un jeune homme noir, portant un magnifique costume sur mesure, une tenue simple mais qui n'en reste pas moins chic. Et une magnifique jeune femme au teint doré, si je fais confiance à mes talents de déduction, je dirai qu'elle a des origines méditerranéennes. Elle porte un magnifique tailleur-pantalon noir. Il est simple, mais exceptionnel. On dirait que de la peinture lui a été jetée dessus, de la peinture couleur or. Ça n'a rien d'une tâche, c'est une œuvre d'art. On dirait qu'un phœnix a été dessiné avec de l'or sur une partie de son tailleur.

Je les voyais arriver au loin, enfin, nous les avons tous vus arriver au loin. Ils se chamaillaient comme deux enfants.

— Bien le bonsoir, quelle magnifique soirée Monsieur et Madame Lance, se lance l'homme.

Richard Lance le remercie tout en le saluant, accompagné de sa femme. Elle, ne s'est toujours pas présentée à moi et c'est tant mieux. Je les remercierai d'avoir retardé l'inévitable une fois que ce sera plus calme...

— Seth, intervient la jeune femme en donnant un coup de coude à son compagnon et en jetant un coup d'œil dans ma direction.

— Eh bien dites-moi ! s'approche de nous l'intéressé.

— Brooke, je te présente Seth, intervient Aaron dans un soupir exaspéré, et Maura, des amis.

La jeune femme prend un air surpris, presque offusqué.

— Des amis ? Tes meilleurs amis ! Enchantée, Brooke, Maura, elle se présente à moi. Cette robe est magnifique, tu la portes à merveille.

Merci beaucoup, j'adore ta tenue aussi, c'est de qui ?

— De moi, elle se tourne sur elle-même me montrant son chef-d'œuvre.

Nous discutons quelque temps tous les quatre. C'est très court, mais assez pour que je sache à quel point Aaron était un enfant insupportable, perturbateur et que j'avais raison de penser que cet homme est imbu de lui-même.

Les minutes défilent et la mère Lance finit par s'avancer dans ma direction. Je pensais pouvoir éviter ce tête à tête, mais j'ai bien vu les coups d'œil qu'elle nous jetait à son fils et moi.

Nous faisons la même taille, et l'avoir à ma hauteur n'arrange en rien mon mal aise. Je mens à ces gens. Nous mentons à ces gens.

Son regard s'attarde sur mon visage un peu trop longtemps tandis qu'elle ne se prive pas de me reluquer de la pointe de mes talons, jusqu'au-dessus de ma tête.

— Vous êtes ravissante, je n'arrive pas à comprendre pourquoi mon fils vous a caché tout ce temps, dit-elle en jetant un regard appuyé à l'homme à ma droite.

Son regard sur lui est dur, et dure un court instant avant qu'elle ne le recentre sur moi. Je sens son bras agripper le mien et nous voilà bras dessus, bras dessous.

— Je t'emprunte ma potentielle future belle-fille, je te la ramène dès que possible, elle annonce en me tirant à sa suite.

La panique me prend et mon regard cherche celui de mon abruti de patron qui ne bouge pas d'un poil. Il me lance un regard sévère, remplit de prévention, comme s'il ne me faisait pas confiance quant à ce qui pourrait sortir de cette entrevue privée entre sa chère mère et moi. Au moins, je suis surprise de le voir chuchoter je ne sais quoi à l'oreille de sa sœur. Tous les deux ne nous ont pas lâchés une seconde des yeux. Comme s'ils leur étaient impératifs de nous avoir dans leurs champs de vision.

— Eh bien dites moi, Brooke, elle appuie sur mon nom faisant mine de s'en souvenir, depuis quand connaissez vous Aaron ? Il me semble vous avoir déjà vu quelque part.

— Je suis chargée de communication marketing chez Lance Company Incorporation, vous m'avez sûrement vu à la té...

— Vous travaillez pour lui ? son expression change du tout au tout, encore une fois.

Elle pouffe d'un rire mauvais et sa réaction à la fâcheuse tendance de me déplaire. Elle se moque de moi, mais pire encore, elle se moque de son fils.

— Y a-t-il un problème à cela ?

— Pas le moins du monde, elle se calme, alors comme ça, il a décidé de s'éprendre de son employée, elle s'approche un peu plus de moi, le dos droit, les épaules ramenées en arrière.

Nous faisons la même taille et pourtant sa posture me laisse croire qu'elle essaye de se sentir supérieur à moi. Certes, je ne joue pas dans la même cour que cette femme, mais jamais je ne laisserai quiconque penser que je suis à sa botte ou me faire me sentir moindre. Je redresse les épaules à mon tour, le regard droit dans le sien et inspire un bon coup.

— La vie de votre fils ne vous regarde en rien madame, il est assez grand pour choisir ses fréquentations et plus important encore, sa... je bégaye, sa petite amie. Alors excusez-moi, mais si votre but est de me déstabiliser en me faisait croire qu'il se débarrassera de moi aussi vite, je préfère vous laissez et retrouver mon compagnon, je conclus fièrement et la contourne prête à rejoindre le reste des convives.

— Très bien, elle reprend, mais si j'ai une chose à vous dire, et prenez-le pour un conseil ma chère, ne vous attachez pas davantage à lui, elle m'avertit. Il finira par vous briser le cœur, Aaron n'est pas du genre sentimental, alors essayez de vous préserver autant que possible.

Pourquoi son avertissement ne ressemblait en rien à une mise en garde mais plus à une certitude. Elle est certaine que son fils est comme elle le décrit. Non pas qu'il me soit envisageable de lui susciter un tel intérêt, mais tout de même c'est sa mère. Une mère ne devrait-elle pas se réjouir pour son enfant ? A-t-elle toujours été comme ça avec lui ? Avec toutes ses petites amies ?

En signant le contrat il a précisé que sa mère ne supportait plus de le savoir célibataire, mais pourquoi agir comment ça ?

Au moment où je décide de lui faire face, elle ne me laisse pas le temps d'en placer une et retourne à la charge :

THE CONTRACTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant