Chapitre 24

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La nuit était tombée sur le royaume, apportant avec elle une obscurité pesante. Les événements récents avaient plongé Elysia dans une spirale de douleur et de confusion. Alors qu'elle errait, blessée et brisée, à travers des bois qu'elle ne reconnaissait plus, elle sentit ses forces l'abandonner peu à peu. Chaque pas lui coûtait un effort monumental, et son esprit était en proie à un tourbillon de souvenirs déchirants.

C'est dans cet état de désespoir qu'elle tomba sur un chemin de terre, presque invisible sous le couvert des arbres. Ses jambes cédèrent sous son poids, et elle s'effondra au sol, le visage baigné de larmes. Elle ne savait plus où elle était, ni même où elle allait. Tout ce qui lui restait était une faible lueur d'espoir, un instinct qui la guidait sans qu'elle en comprenne la raison.

Elle ne sut combien de temps elle resta ainsi, allongée, à moitié consciente, perdue dans la nuit. Puis, elle entendit des bruits de pas, lourds mais mesurés, qui s'approchaient lentement. Chaque craquement de branche sous ces pas résonnait dans l'obscurité, éveillant en elle un mélange de crainte et d'espoir.

Elysia essaya de se redresser, mais la douleur l'en empêcha. Elle se tourna faiblement vers la source du bruit, son souffle court, prête à se défendre si nécessaire, bien que son épée lui ait été retirée. Une silhouette émergea finalement de l'ombre, se révélant à la lueur tremblante de la lune. Une silhouette familière.

« Ser Greydon... » murmura Elysia, sa voix à peine plus forte qu'un souffle.

Le maître d'armes, un homme robuste au visage buriné par les années, s'accroupit près d'elle, posant une main sur son épaule. Ses yeux perçants, encadrés par une barbe grise, la scrutèrent avec une intensité qu'elle connaissait bien. Il n'était pas homme à se laisser surprendre, encore moins par la douleur visible chez son ancienne élève.

« Par tous les dieux, Elysia, qu'est-ce que tu fais ici, seule ? » demanda-t-il, sa voix grave teintée d'inquiétude.

Elysia tenta de répondre, mais sa gorge était trop sèche pour prononcer un mot de plus. Elle se contenta de hocher faiblement la tête, indiquant qu'elle ne pouvait pas parler. Ser Greydon, comprenant la situation, la souleva délicatement, la portant comme il l'aurait fait d'une enfant. Il sentit le poids de son corps affaibli contre lui, et une colère sourde monta en lui, dirigée contre ceux qui avaient causé tant de souffrance à cette jeune femme courageuse.

Sans un mot de plus, il se mit en route, la portant à travers les bois jusqu'à une petite cabane dissimulée par le feuillage épais. C'était un refuge qu'il avait souvent utilisé lors de ses patrouilles, loin des regards indiscrets et des routes fréquentées. Ici, Elysia serait en sécurité.

Les jours passèrent, et Elysia, allongée sur une couchette de fortune, luttait pour retrouver ses forces. Ser Greydon s'occupait d'elle avec une attention qu'on ne lui aurait pas cru capable, lui qui était habituellement si dur et inflexible. Il nettoyait ses plaies, lui apportait de la nourriture, et s'assurait qu'elle se reposait autant que possible.

Le silence régnait la plupart du temps entre eux. Greydon n'était pas un homme de grands discours, et Elysia n'avait pas encore trouvé le courage d'affronter la réalité de ce qu'elle avait perdu. Chaque nuit, elle se réveillait en sursaut, hantée par les images de la mort de ses parents, et par le regard impitoyable de son frère, devenu un étranger.

Ce fut au bout de plusieurs jours qu'Elysia, se sentant enfin un peu plus forte, tenta d'engager la conversation avec son ancien maître d'armes.

« Ser Greydon, » commença-t-elle doucement, sa voix encore tremblante, « pourquoi m'aidez-vous ? »

L'homme, occupé à aiguiser une vieille lame, s'arrêta un instant, ses yeux plissés tournés vers elle. « Parce que je le dois, » répondit-il après un moment de silence. « J'ai juré à vos parents de veiller sur vous. Et je tiens toujours mes promesses. »

Les Ombres de ValoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant