La bande

14. Les opposés

Melwon était assis à son bureau, absorbé dans l'examen minutieux de plusieurs dossiers. Sharon entra sans frapper et s'installa sur le lit, son regard fixé sur lui, sans prononcer un mot. Melwon tourna lentement la tête vers elle, soupirant profondément tout en tirant sur sa lèvre inférieure, une expression de lassitude se dessinant sur son visage.

- On ne t'a pas appris à frapper ? dit-il agacé.

- Tu vois bien que non. répliqua-t-elle, un sourire provocateur aux lèvres.

Il détourna son regard en direction de sin ordinateur, feignant de l'ignorer. Sharon le dévisagea, son irritation croissante palpable, avant de demander :

- Pourquoi as-tu réagi ainsi au manoir ? Tu daignes ensuite me mentir sur ce que tu ressens pour moi. Tu es vraiment pitoyable, Melwon !

Melwon ne lui répondit pas.

- Qu'est-ce que tu as ? Tu fais la tête à cause de cette soirée ? C'était pourtant à moi de t'en vouloir et non l'inverse.

- Non, loin de là. Tu sais bien que je n'aime pas être dérangé lorsque je travaille. répondit-il d'un ton détaché.

- Donc, monsieur a le droit de s'introduire dans ma chambre quand il le souhaite et moi non ?

Melwon poussa un soupir profondément exaspéré. Sharon se leva avec une détermination palpable, s'approcha de lui et posa sa main délicate sur la sienne. Il écarta sa main d'un geste brusque, un frisson de tension parcourant son corps.

- Tu vois, tu me fuis. affirma-t-elle, l'inquiétude se mêlant à son irritation.

Melwon se leva à son tour, la frustration creusant ses traits.

- Sharon, pas maintenant, s'il te plaît. dit-il, la voix tremblante, baissant les yeux pour la regarder, du haut de ses trente-cinq centimètres de plus qu'elle.

Sharon, résolue, leva les talons, essayant d'atteindre sa hauteur, mais elle ne parvint qu'à atteindre le haut de son cou. Elle approcha ses lèvres de celui-ci, le regard brûlant de désir, se remémorant la scène inattendue du manoir. À présent, elle était sûr des sentiments qu'il lui portait.

Il recula immédiatement, le choc marquant son visage.

- Mais que fais-tu bon sang !

- Je... je sais Melwon. Tu ne peux le nier, dit-elle d'une voix assurée.

- Mais de quoi, parles-tu ?

- Les sentiments que tu as envers moi ! dit-elle en se rapprochant de lui. Melwon fronça les sourcils, réfléchissant quoi répondre puis il parvint à placer quelques mots.

- Qu...Quoi ?

- Oui. Tu es amoureux de moi Melwon.

Melwon ne put s'empêcher d'éclater de rire, une action qu'il n'avait jamais accomplie au cours de sa vie. Il revint à la réalité en s'entendant et en observant le visage offusqué de Sharon, qui, pour la première fois, avait perçu son rire d'une virilité saisissante.

Il s'excusa, puis son sourire s'effaça, laissant place à une expression sombre sur son visage.

Sharon baissa la tête, désillusionnée par son comportement. Elle s'éloigna sans un mot. Melwon, quant à lui, demeura silencieux et se rasseya à son bureau en soupirant.

Alors qu'elle traversait le couloir, encore en proie à la colère suscité par la situation, elle croisa Hélios, dont les mains étaient ensanglantées. Elle n'y prêta guère attention, submergée par le rire narquois de Melwon. Il s'était moqué d'elle, alors qu'elle venait de lui confesser ses sentiments. Elle ne souhaitait plus jamais entendre parler de lui ni même le revoir. Elle venait de prendre cette décision, sans retour possible.