Chapitre 8 : L'Heure Sombre

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La nuit était déjà bien avancée lorsque Léa se retrouva devant la clinique. Les lumières blafardes de l’entrée et les grandes fenêtres noires faisaient ressortir le côté sinistre de l’établissement. L’atmosphère était pesante, et elle sentait l’angoisse monter en elle à mesure qu’elle s’approchait. La brume qui recouvrait le sol donnait à la clinique des allures fantomatiques.

Elle jeta un coup d'œil à sa montre : 23h30. Elle savait que l’endroit ne serait pas totalement désert, mais les infirmiers de garde étaient souvent débordés la nuit, laissant de nombreuses parties de la clinique sans surveillance étroite. Elle comptait sur cette négligence pour pouvoir entrer sans être repérée.

Elle fit le tour de l’édifice et entra par la porte de service à l’arrière, une entrée qu’elle avait souvent utilisée en tant que membre du personnel. Elle avança silencieusement dans les couloirs, ses pas amortis par le sol en linoléum.

Son cœur battait à tout rompre. Elle avait l’impression que les ombres autour d’elle l’observaient, prêtes à se refermer sur elle au moindre bruit. Mais elle se força à avancer, déterminée à découvrir la vérité.

Elle se dirigea vers l’aile où étaient gardés les patients en isolement. Elle savait que M. Verdier s’y trouvait, mais aussi d’autres comme lui, des patients que le Dr. Moreau et son équipe essayaient de garder sous silence.

Arrivée à proximité des chambres, elle aperçut un infirmier de garde devant la porte principale. Il semblait somnoler sur une chaise, son visage à moitié enfoui dans un magazine ouvert. Léa en profita pour se glisser discrètement derrière lui et pénétrer dans l’aile.

Le couloir était faiblement éclairé, les lumières vacillantes ajoutant une touche de malaise. Elle passa devant plusieurs portes, toutes verrouillées, jusqu’à ce qu’elle arrive à celle de M. Verdier.

Elle hésita un instant avant de poser sa main sur la poignée. Elle prit une profonde inspiration et l’ouvrit doucement.

À l’intérieur, M. Verdier était assis dans un fauteuil, tourné vers la fenêtre, exactement comme la dernière fois. Mais quelque chose avait changé. Son corps semblait plus maigre, ses traits tirés. Et pourtant, il dégageait une étrange énergie, comme s’il était plus alerte, plus… conscient.

"Léa," dit-il calmement, sans même se retourner. "Je savais que vous reviendriez."

Elle referma la porte derrière elle et s’approcha de lui, son cœur battant toujours aussi vite. "Je ne peux pas vous laisser ici, M. Verdier. Je dois comprendre ce qui se passe."

Il sourit faiblement, mais son sourire était teinté d’une étrange tristesse. "Vous ne pouvez plus rien pour moi, Léa. Ni pour les autres. C’est déjà trop tard."

"Non," répliqua-t-elle fermement. "Je peux encore vous aider. Il doit y avoir un moyen."

"Il n’y a pas de remède," murmura-t-il. "Ce qui vit sous ma peau n’est pas une maladie. C’est autre chose. Quelque chose d’ancien, de puissant. Et maintenant, cela se nourrit de nous."

Léa sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine. "Comment le savez-vous ?"

"Parce que je l’entends, Léa. Je l’entends me parler, dans ma tête. Et ce n’est pas seulement moi. Les autres patients, nous sommes tous connectés à cette… chose."

Il tourna enfin la tête vers elle, et Léa recula instinctivement. Ses yeux étaient d’un noir profond, comme s’ils avaient été vidés de toute vie. Mais ce n’était pas tout. Sa peau, autrefois marquée de légères ondulations, était maintenant parcourue de fissures, comme si quelque chose tentait de déchirer son enveloppe charnelle de l’intérieur.

Léa mit une main sur sa bouche pour étouffer un cri. "Mon Dieu…"

"Il est trop tard pour nous," répéta-t-il d’une voix résignée. "Mais vous, Léa… vous devez partir. Avant que ça ne vous prenne aussi."

Elle secoua la tête, terrifiée et déterminée à la fois. "Je ne peux pas vous laisser comme ça."

Mais avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit de plus, un bruit assourdissant retentit dans le couloir. Quelque chose frappait contre les murs, quelque chose de lourd et de violent.

Léa se retourna juste à temps pour voir la porte de la chambre de M. Verdier s’ouvrir brusquement. Une silhouette se tenait là, mais ce n’était pas un médecin. Ce qu’elle vit la fit reculer d’horreur. Une créature, mi-humaine, mi-monstrueuse, se tenait devant elle, sa peau distendue par d’innombrables fissures, comme si elle était sur le point d’exploser.

"Il est là," murmura M. Verdier, son regard maintenant totalement vide. "Le maître de nos chairs."

Léa hurla, incapable de bouger, tandis que la créature s’avançait lentement vers elle, son regard noir la fixant intensément.

Et alors qu’elle se préparait à son inévitable fin, une seule pensée traversa son esprit : Comment en sommes-nous arrivés là ?

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