Chapitre 15 : Le Poids du Silence

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Léa se tenait au centre des ruines, entourée de la poussière retombante et du silence oppressant. Le portail était détruit, la brèche refermée. Pourtant, un malaise persistant grandissait dans son cœur. La lumière rouge avait disparu, les créatures s’étaient évaporées, mais l’atmosphère restait lourde, comme si quelque chose de plus sinistre demeurait en suspens.

Elle regarda le corps immobile de Moreau. Sa mort pesait sur elle comme un coup de massue. Tout ce qu’ils avaient traversé, tout ce qu’il avait sacrifié... et pourtant, rien ne semblait gagné. Pas de soulagement, pas de victoire. Juste un silence écrasant.

Les quelques rayons de lumière filtrant à travers les débris éclairaient faiblement la pièce, mais Léa avait l’impression qu’ils ne parvenaient pas à dissiper l’obscurité qui l’enveloppait. Elle se sentait seule, plus seule qu’elle ne l’avait jamais été.

Elle se releva lentement, ses jambes vacillant sous elle. Ses muscles brûlaient de fatigue, et chaque pas qu’elle faisait semblait plus difficile que le précédent. Pourtant, elle devait avancer. Rester ici ne ferait qu’aggraver la douleur et l'angoisse.

Elle se dirigea vers l’escalier menant à la surface, chaque mouvement lui coûtant plus d’effort que le précédent. À chaque marche, des souvenirs lui revenaient. Les premiers jours de la mission, l’enthousiasme naïf de découvrir quelque chose d’inédit. Puis les doutes, les cauchemars, les premières apparitions des créatures… et enfin, la chute dans l’horreur.

En atteignant le sommet, Léa ouvrit la porte qui menait à l’extérieur. La lumière du jour la frappa violemment. Elle avait oublié à quel point le monde pouvait être lumineux, vivant. La brise fraîche sur son visage contrastait douloureusement avec l’enfer qu’elle venait de traverser.

Mais le monde extérieur semblait indifférent. Le vent soufflait, les oiseaux chantaient, les feuilles des arbres bruissaient. À cet instant, Léa réalisa que malgré tout ce qu’elle avait accompli, le monde continuait de tourner sans se soucier des horreurs qu’elle avait affrontées.

Elle marcha lentement, s’éloignant de la clinique en ruine. Derrière elle, tout ce qu’elle connaissait, tout ce qu’elle avait combattu pour protéger, était maintenant un souvenir. Elle s’était battue contre l’impossible, et même si la brèche était refermée, le sentiment de victoire lui échappait.

Plus elle marchait, plus les souvenirs la hantaient. Les cris de Moreau, les visages des créatures, la lumière rouge, tout cela tourbillonnait dans son esprit. Elle ne pouvait pas les oublier, et elle savait que ce combat, bien que terminé, laisserait des cicatrices indélébiles.

Alors qu’elle continuait à avancer, une ombre se faufila dans son esprit. Un doute, une question qu’elle avait tenté de repousser depuis le début : et si ce n’était pas vraiment fini ?

Le monde semblait intact, mais cette sensation de malaise, cette pression qu’elle ressentait toujours dans sa poitrine, ne disparaissait pas. Elle s’arrêta un instant et se retourna, scrutant l’horizon.

Au loin, la clinique était à peine visible, dissimulée par les arbres et la distance. Mais au-delà de ce qu’elle pouvait voir, Léa sentait encore la présence de quelque chose. Comme un souffle lointain, une brise qui n’appartenait pas à ce monde.

Elle ferma les yeux, cherchant un instant de paix, mais à la place, elle vit un flash. Rouge. Intense. Comme une cicatrice sur l’intérieur de ses paupières.

Son cœur accéléra.

Non. Ce n'était pas possible. La brèche était refermée. Tout était terminé.

Mais alors qu’elle ouvrait les yeux de nouveau, la brise changea. Un souffle plus froid. Plus sombre.

Elle se redressa, son corps tendu. Quelque chose n'allait pas.

Léa savait qu’elle ne pouvait pas simplement partir. Quelque chose l’attirait vers cette clinique, quelque chose qu’elle n’avait pas encore compris. Une vérité qui n’avait pas encore été révélée.

Elle se retourna complètement et commença à marcher vers la clinique, malgré l’épuisement qui alourdissait chacun de ses pas. Elle ne pouvait pas fuir. Pas encore.

Arrivée devant les ruines, elle plongea de nouveau dans l’obscurité du bâtiment. Les couloirs étaient silencieux, mais l’atmosphère était différente. Il y avait quelque chose dans l'air, une tension palpable.

Elle revint à l’endroit où se trouvait le portail, désormais détruit. Les débris fumaient encore légèrement, et au centre de la pièce, là où la lumière rouge pulsait autrefois, une petite fissure luisait faiblement.

Léa s’agenouilla devant cette fissure, ses doigts effleurant la surface. Un frisson la parcourut. Cette petite lueur rouge était la preuve que la brèche n’était pas entièrement fermée. C’était une cicatrice laissée sur la réalité, une faille infime, mais présente.

Un bruit résonna soudain derrière elle. Léa se retourna brusquement, ses yeux scrutant les ombres. Rien. Mais elle savait qu’elle n’était pas seule.

La lumière rouge faiblit encore, mais une autre présence, invisible, pesait dans la pièce. Un souffle glacé effleura la nuque de Léa, la faisant tressaillir.

Elle savait qu’elle devait agir. Mais quoi faire face à cette menace persistante ? Comment refermer la faille quand elle n’avait plus d'alliés, plus d'armes, et plus de force ?

Léa se redressa, sa décision prise. Si elle devait retourner dans cet enfer pour refermer la brèche une fois pour toutes, elle le ferait. Peu importe le prix. Parce que tant que cette cicatrice subsistait, le danger n’était pas écarté.

Et cette fois, elle ne laisserait rien derrière elle. Ni peur, ni regret.

Le combat n’était pas fini.

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