Chapitre 11 : L'Origine du Mal

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Léa et le Dr. Moreau se tenaient dans la cour froide de la clinique, les silhouettes sombres des bâtiments formant une muraille inquiétante autour d’eux. Le vent soufflait, glacé, emportant avec lui les murmures des créatures encore tapies dans les ombres. Ils n’étaient plus en sécurité nulle part, mais Léa sentait une lueur d’espoir grandir en elle. Si elles étaient venues de quelque part, ces choses avaient une origine. Et toute origine pouvait être détruite.

"Vous parliez de les éradiquer," dit Léa, brisant le silence oppressant. "Mais comment ? Qu’est-ce qui les lie à ce monde ?"

Moreau serra les lèvres, hésitant. Il semblait hésiter entre le désespoir et l’obligation de révéler une vérité qu’il avait cachée trop longtemps. Enfin, il se décida à parler, sa voix basse trahissant une culpabilité écrasante.

"Il y a un laboratoire en sous-sol, sous la clinique," commença-t-il. "C’est là que tout a commencé. Nous avons trouvé… quelque chose, enfoui sous la terre lors de travaux de rénovation. Un artefact ancien, une relique d’un autre temps. Lorsque nous l’avons découvert, nous pensions qu’il s’agissait simplement d’un vestige archéologique. Mais c’était bien plus que ça."

Léa fronça les sourcils, essayant de comprendre. "Un artefact ? Vous parlez d’une sorte de relique magique ?"

Moreau secoua la tête. "Je ne sais pas si 'magique' est le bon mot. Ce que nous avons trouvé semblait être une porte, un passage entre notre monde et une autre dimension. Les créatures viennent de cet endroit, une réalité parallèle où elles sont les maîtres. Lorsque nous avons accidentellement activé l’artefact, nous avons ouvert une brèche. Et elles sont venues à travers."

"Vous saviez donc que vous jouiez avec des forces qui nous dépassaient," murmura Léa, incrédule. "Pourquoi n’avez-vous pas détruit cette chose immédiatement ?"

"Nous avons essayé !" répondit Moreau, ses yeux se voilant de douleur. "Mais l’artefact est indestructible. Nous avons tout tenté, sans succès. Nous pensions pouvoir le contenir, l’étudier pour mieux le comprendre. Mais au lieu de cela, il s’est nourri de nous, de nos erreurs, de notre ambition."

Léa sentit une sueur froide couler le long de sa colonne vertébrale. "Et maintenant, il est trop tard. Ces créatures se répandent."

Moreau hocha tristement la tête. "Elles veulent dominer. Notre monde leur offre une forme d’énergie qu’elles ne peuvent trouver ailleurs. Elles utilisent les corps humains comme des hôtes, mais elles ont besoin de cette énergie pour survivre pleinement ici."

Léa serra les poings, un mélange de rage et de peur bouillonnant en elle. "Nous devons refermer cette brèche. Il doit y avoir un moyen."

Moreau prit une profonde inspiration, les yeux fixés sur le sol. "Il y a peut-être un moyen. Si nous retournons dans le laboratoire, nous pourrions désactiver l’artefact, couper le lien entre notre monde et le leur. Mais pour cela, nous devrons pénétrer dans le cœur même de la clinique, là où les créatures sont les plus nombreuses."

Un silence lourd s’installa. Léa savait ce que cela signifiait : ils allaient devoir retourner dans le lieu le plus dangereux de la clinique, là où tout avait commencé. C’était suicidaire, mais c’était leur seule chance.

"Alors on y va," dit-elle avec détermination. "Je refuse de laisser ces choses prendre le contrôle sans me battre."

Moreau la regarda longuement, impressionné par son courage. "Très bien. Prépare-toi, ça ne sera pas facile."

Ils se mirent en route vers l’entrée principale de la clinique, leurs pas lourds de détermination. Le bâtiment semblait les attendre, comme une bête affamée prête à les engloutir. Les couloirs étaient déserts, mais Léa pouvait sentir les yeux invisibles des créatures les observer dans l’ombre. Chaque bruit, chaque souffle semblait être une menace.

Ils descendirent rapidement les escaliers menant au sous-sol, là où le laboratoire secret était dissimulé. Moreau les guidait avec assurance, mais Léa voyait bien que l’homme était au bord de l’épuisement, tant physiquement que mentalement. Lui aussi avait peur, mais il savait qu’il n’y avait pas d’autre choix.

"Le laboratoire est juste devant," dit-il, sa voix tendue alors qu’ils atteignaient une porte métallique rouillée. "C’est là que tout s’est passé."

Léa prit une profonde inspiration et poussa la porte. L’intérieur du laboratoire était encore plus sinistre qu’elle ne l’avait imaginé. Des machines anciennes, des écrans clignotants, des piles de dossiers éparpillés. Et au centre de la pièce, sur une sorte de piédestal, l’artefact.

Il était petit, à peine plus grand qu’une pierre de rivière, mais sa surface semblait onduler d’une lumière étrange, presque vivante. Léa sentit un frisson la traverser lorsqu’elle s’approcha. L’objet semblait murmurer, comme s’il possédait une conscience propre.

"C’est ça ?" demanda-t-elle, sa voix à peine audible.

Moreau hocha la tête. "C’est là que tout a commencé. Lorsque nous avons activé cette chose, les créatures sont venues. Si nous réussissons à l’éteindre, peut-être que nous pourrons couper le lien entre les deux mondes."

Léa s’avança, la respiration coupée. Elle tendit la main vers l’artefact, mais une vague d’énergie la repoussa brutalement, la faisant reculer de plusieurs pas.

"Attention ! Il se défend," prévint Moreau, visiblement inquiet.

Léa se releva, la tête bourdonnante. "Il sait qu’on est là. Il sait qu’on veut le détruire."

Moreau s’approcha à son tour, ses mains tremblantes. "Je vais essayer de désactiver le mécanisme que nous avons créé pour l’alimenter. Si je coupe l’alimentation, cela pourrait suffire à refermer la brèche."

Il se pencha sur un panneau de contrôle situé près du piédestal, ses doigts s’activant rapidement sur les touches. Léa restait en alerte, son regard fixé sur l’artefact. La tension dans la pièce devenait insoutenable. Elle sentait que quelque chose de terrible était sur le point de se produire.

Soudain, un bruit sourd résonna derrière eux. La porte du laboratoire s’ouvrit brusquement, et une créature apparut dans l’encadrement, ses yeux noirs brillant d’une lueur malveillante.

"Vite, Moreau !" hurla Léa. "Elle arrive !"

Moreau continua de taper frénétiquement sur le clavier. "Encore un peu… presque…"

La créature se précipita vers eux, ses griffes prêtes à déchiqueter. Léa attrapa un scalpel sur une table voisine et se prépara à se défendre, même si elle savait que ses chances étaient minces face à une telle monstruosité.

Juste avant que la créature ne les atteigne, un bruit strident résonna dans le laboratoire. Les lumières vacillèrent, et l’artefact se mit à briller d’une lumière aveuglante avant de s’éteindre brusquement. Un silence assourdissant tomba sur la pièce.

La créature s’immobilisa soudainement, ses yeux noirs se vidant de toute vie. Puis, dans un craquement sinistre, elle s’effondra au sol, inerte.

Léa resta figée, son cœur battant à tout rompre. "Est-ce que… ça a marché ?"

Moreau, essoufflé et tremblant, hocha lentement la tête. "Je… je pense que oui. La brèche est refermée."

Léa regarda autour d’elle, son esprit tentant de saisir l’ampleur de ce qu’ils venaient d’accomplir. Ils avaient coupé le lien, mais à quel prix ? Combien de victimes avaient déjà été emportées dans ce cauchemar ?

"Nous devons sortir d’ici," dit Moreau. "Il reste peut-être des créatures, mais sans leur lien, elles ne survivront pas longtemps dans notre monde."

Léa hocha la tête et, sans un mot de plus, ils quittèrent le laboratoire, laissant derrière eux l’artefact silencieux. La clinique, désormais vide et morte, se referma sur eux comme un tombeau. Mais ils savaient qu’ils avaient gagné une bataille.

Cependant, en s’éloignant dans la nuit, Léa ne pouvait s’empêcher de se demander : avaient-ils vraiment refermé la porte ? Ou est-ce que quelque chose, quelque part, attendait encore son heure pour revenir dans leur monde ?

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