Le cri de Léa résonnait encore dans l'air froid de la clinique alors que la créature s’approchait d’elle. Ses pas étaient lourds, comme si chaque mouvement provoquait une déchirure dans sa chair distordue. Le regard noir de l’être ne la quittait pas, et elle sentait une pression psychique écrasante émaner de lui, comme si sa simple présence aspirait toute l’énergie de la pièce.
Léa recula contre le mur, cherchant frénétiquement une issue. Mais la porte était bloquée par cette chose, et le silence oppressant de la clinique ne laissait présager aucune aide. Elle était seule. M. Verdier, toujours assis dans son fauteuil, semblait déjà absorbé par une autre réalité, son esprit peut-être déjà pris au piège par cette entité.
Mais une lueur d’espoir s’alluma dans l’esprit de Léa : elle devait comprendre ce que cette chose voulait, ce qui la poussait à agir ainsi. Peut-être qu’il y avait encore un moyen d’interagir avec cette créature… ou au moins de la ralentir. Après tout, M. Verdier avait parlé d’un lien, d’une communication. Peut-être que cette créature n’était pas simplement là pour détruire.
Elle prit une profonde inspiration, se forçant à calmer les battements frénétiques de son cœur. "Qu’est-ce que tu es ?" demanda-t-elle, sa voix tremblante. "Pourquoi es-tu ici ?"
La créature s’arrêta, ses yeux noirs brillant d’une lueur étrange. Puis, contre toute attente, elle répondit. Pas avec des mots, mais avec une vague d’émotions qui déferla dans l’esprit de Léa. C’était une sensation indescriptible, comme si toutes ses pensées étaient instantanément noyées sous un océan d’images et de sentiments étrangers.
Elle vit des visions d’un autre monde, un monde ancien, dominé par des êtres gigantesques, des entités qui régnaient sur la terre bien avant l’arrivée des humains. Elle sentit la puissance brute qui émanait d’eux, mais aussi leur désir insatiable de survivre, de trouver de nouveaux hôtes pour prolonger leur existence. C’était cela : ces créatures étaient des parasites d’une autre époque, des prédateurs intelligents qui avaient trouvé un moyen de transcender le temps et l’espace.
Léa recula de plus belle, la tête prête à exploser sous le poids de ces révélations. Ces créatures n’étaient pas là par hasard. Elles étaient revenues pour dominer, pour régner à nouveau. Et M. Verdier, ainsi que les autres patients, n’étaient que les premières victimes d’un plan bien plus grand.
"Vous voulez… prendre le contrôle," murmura Léa, ses jambes flageolantes. "Vous n’êtes pas juste ici pour survivre. Vous voulez régner."
La créature émit un grognement sourd, une réponse silencieuse à sa déduction. Puis, avec une lenteur délibérée, elle leva une main déformée, ses doigts ressemblant davantage à des griffes, et s’avança vers Léa.
Elle sentit son souffle se couper. C’était fini. Elle avait compris, mais cela ne l’avait menée nulle part. Pourtant, une partie d’elle refusait de céder à la panique. Elle devait agir, elle devait tenter quelque chose. Si ces créatures étaient des parasites, elles avaient peut-être une faiblesse. Mais où ? Comment les vaincre alors qu’elles semblaient avoir évolué au-delà de toute forme de vulnérabilité humaine ?
Juste au moment où la créature allait l’atteindre, une autre porte s’ouvrit brusquement dans le couloir, et des pas rapides se firent entendre. Une silhouette familière apparut dans l’encadrement : le Dr. Moreau, armé d’une sorte de seringue étrange, se précipita dans la pièce.
"Léa, éloigne-toi !" cria-t-il.
Elle se jeta sur le côté juste à temps, tandis que le Dr. Moreau plongeait vers la créature et lui plantait l’aiguille dans le cou. La bête émit un hurlement déchirant, une sorte de râle monstrueux qui fit trembler les murs. Son corps se tordit dans des spasmes incontrôlables, et elle recula, frappant violemment le sol avant de s’effondrer dans un bruit sourd.
Léa se releva, son souffle encore saccadé, et regarda le Dr. Moreau, le cœur battant à tout rompre. "Qu’est-ce que vous lui avez fait ?"
Le Dr. Moreau, essoufflé, se tourna vers elle, son visage marqué par la fatigue et la terreur. "Une forme de tranquillisant. J’ai mis des jours à trouver une composition chimique qui pourrait affecter ces créatures. Mais ce n’est qu’une solution temporaire. Elle ne sera pas endormie pour longtemps."
"Vous saviez…" Léa se rapprocha de lui, la colère montant en elle. "Vous saviez tout depuis le début !"
Le Dr. Moreau baissa les yeux, honteux. "Oui. Mais ce n’était pas censé se produire comme ça. Nous pensions que nous pouvions les contenir, les étudier… comprendre ce qu’elles sont. Mais elles ont évolué plus vite que nous. Et maintenant, elles sont hors de contrôle."
Léa serra les poings, essayant de contenir sa rage. "Vous avez mis tout le monde en danger. Vous saviez que ces créatures étaient des parasites, et pourtant vous avez laissé ces patients se transformer. Pourquoi ?"
Le Dr. Moreau la regarda, les yeux fatigués, vidés de toute illusion. "Parce que nous avions l’espoir de trouver une solution. Une forme de cohabitation, peut-être… quelque chose qui aurait pu révolutionner la médecine, voire la vie humaine. Mais nous avons échoué. Et maintenant, il est trop tard."
Un silence lourd tomba entre eux. Léa savait qu’il disait la vérité. Il n’y avait plus de solution, plus de retour en arrière.
"Alors que fait-on maintenant ?" demanda-t-elle, la voix tremblante.
Le Dr. Moreau posa son regard sur la créature, toujours inconsciente. "Nous devons fuir. Quitter cette clinique et trouver un moyen de les stopper avant qu’elles ne prennent complètement le contrôle."
Léa secoua la tête. "Mais elles sont déjà trop nombreuses. Et elles ne s’arrêteront pas là, n’est-ce pas ?"
"Non," répondit sombrement le Dr. Moreau. "Elles ne s’arrêteront pas tant qu’elles n’auront pas dominé tout ce qu’elles peuvent. Et nous ne sommes que le début."
Léa sentit une boule se former dans son estomac. Le monde qu’elle connaissait était en train de disparaître, dévoré par une menace bien plus grande qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. Mais elle refusait de se laisser abattre. Elle refusait de laisser ces créatures gagner sans se battre.
"Alors partons," dit-elle fermement. "Et trouvons un moyen de les arrêter."
Sans un mot de plus, le Dr. Moreau acquiesça et se dirigea vers la porte. Mais avant de quitter la pièce, Léa jeta un dernier regard à M. Verdier, toujours immobile dans son fauteuil, son regard vide perdu dans l’infini.
"Je suis désolée," murmura-t-elle avant de suivre le Dr. Moreau dans le couloir sombre.
La bataille venait à peine de commencer.
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Sous la Peau
HorrorSous la surface parfaite de notre monde, quelque chose de terrifiant se cache... Quand Léa, une jeune étudiante en médecine, accepte un stage dans une clinique isolée en montagne, elle pense avoir trouvé l'opportunité idéale pour booster sa carrière...