Chapitre 12 : Le Réveil du Silence

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Le calme étrange qui régnait après la fermeture de la brèche était presque plus terrifiant que les cris des créatures. Léa et le Dr. Moreau se tenaient à l'extérieur de la clinique, les yeux fixés sur l'immense bâtisse qui, désormais, paraissait dénuée de toute vie. Le vent soufflait doucement, éparpillant des feuilles mortes à leurs pieds, mais aucun bruit ne venait troubler cette atmosphère étouffante.

"Est-ce vraiment fini ?" demanda Léa, sa voix à peine un murmure dans l'air glacé.

Moreau hocha la tête, mais son regard restait fixé sur l'horizon, incertain. "Nous avons fermé la brèche, c'est certain. Mais... je ne sais pas si cela suffira. Les créatures qui étaient déjà ici... il faudra du temps avant qu'elles ne disparaissent."

Léa resserra son manteau autour d'elle, luttant contre le froid qui s'infiltrait jusqu'à ses os. Elle savait que ce qu’ils venaient de vivre les changerait à jamais. Mais elle n’était pas prête à se laisser submerger par la peur. Il leur restait encore du travail à faire.

"Et si nous retournions vérifier à l'intérieur ?" proposa-t-elle soudain. "Pour être sûrs qu'il ne reste rien."

Moreau la regarda, visiblement surpris par son audace. "Tu veux y retourner ? Après tout ça ?"

"Je ne veux pas prendre de risque. Si une seule de ces créatures survit, tout cela n'aura servi à rien." Léa parlait avec une détermination froide. Elle avait vu la noirceur qui habitait ces monstres, et elle ne voulait pas laisser la moindre chance à ce mal de renaître.

Le Dr. Moreau soupira, épuisé, mais il finit par acquiescer. "Très bien. Nous allons vérifier, une dernière fois."

Ils retournèrent lentement vers l'entrée de la clinique. Chaque pas les rapprochait du lieu où tout avait commencé, où leurs vies avaient basculé dans l'horreur. Le bâtiment semblait les observer, silencieux, comme un prédateur endormi qui pourrait à tout moment se réveiller.

Ils pénétrèrent dans le hall principal. L'odeur métallique du sang et du désinfectant flottait encore dans l'air, mais le silence régnait en maître. Ils traversèrent les couloirs désertés, le bruit de leurs pas résonnant dans l'immensité vide. Les murs, auparavant tapissés de cris et de douleur, étaient maintenant froids et immobiles.

"Rien... Il n'y a rien," murmura Moreau après avoir inspecté plusieurs salles. "Elles sont parties."

"Ou elles se cachent," corrigea Léa, son regard scrutant chaque recoin sombre. Elle n'était pas prête à baisser sa garde.

Ils finirent par retourner au sous-sol, là où se trouvait le laboratoire. En entrant dans la pièce, Léa sentit une vague de malaise la submerger. L'artefact, bien que silencieux, trônait toujours sur son piédestal, inerte mais étrangement inquiétant. La lumière des machines qui clignotaient faiblement créait des ombres dansantes sur les murs, comme si le mal n'était jamais parti.

"Nous devrions détruire tout ça," proposa-t-elle, désignant les machines. "On ne peut pas laisser cet endroit intact."

Moreau hocha la tête. "Tu as raison. Plus rien ne doit rester."

Ils commencèrent à désactiver les équipements, à débrancher les câbles et à désassembler les machines. Chaque pièce qu'ils mettaient hors d'usage était un pas de plus vers la fermeture définitive de ce chapitre de leur vie. Mais alors qu'ils s'affairaient à tout détruire, un bruit faible, presque imperceptible, parvint aux oreilles de Léa.

Un battement. Faible, régulier. Comme un cœur qui s'éveillait lentement.

Léa se figea, son regard se posant immédiatement sur l’artefact. Elle s'approcha doucement, ses yeux rivés sur la surface lisse de la pierre. Elle tendit l'oreille, son cœur battant à tout rompre.

Le battement venait de l'intérieur.

"Moreau…" murmura-t-elle, son souffle coupé.

Le Dr. Moreau s’approcha à son tour, ses yeux s'écarquillant en entendant le son. "C'est impossible… La brèche est refermée, l'artefact ne devrait plus réagir."

Mais le battement s’intensifiait. Léa recula instinctivement, une peur primitive grimpant le long de sa colonne vertébrale. Quelque chose n'allait pas. La fermeture de la brèche n'était pas totale. Une force inconnue, plus profonde, continuait de pulser à travers l'artefact.

"Il est toujours actif," dit Léa d'une voix tremblante. "Nous n'avons pas tout coupé. Il reste quelque chose de connecté à cet autre monde."

Moreau se tourna vers elle, désemparé. "Je... je ne comprends pas. Nous avons tout désactivé !"

Léa réfléchissait à toute vitesse. Ils avaient désactivé l’alimentation du laboratoire, coupé les machines, mais l’artefact, lui, restait. C’était comme si sa source de pouvoir ne provenait pas d’ici, mais d’une énergie qu’ils ne comprenaient pas.

"Nous devons le détruire," dit-elle d'une voix ferme. "Ce n’est pas suffisant de le débrancher. Il faut l’anéantir, pour de bon."

Moreau regarda l'artefact, une expression de terreur pure sur le visage. "Mais nous ne savons pas comment... il pourrait déclencher quelque chose de pire."

"Et si nous ne faisons rien, il finira par réouvrir la brèche. C’est un risque que nous devons prendre."

Elle s’approcha de l’artefact, prenant une barre de fer sur l’une des tables voisines. Elle sentit la peur la paralyser un instant, mais elle refusa de céder. D’un coup sec, elle abattit la barre sur l’artefact.

Rien.

Le bruit métallique résonna dans toute la pièce, mais l’artefact restait intact, indifférent à sa tentative. Léa frappa de nouveau, avec plus de force, mais sans résultat.

"Ça ne marche pas…" murmura-t-elle, désespérée.

Soudain, un souffle chaud traversa la pièce, comme si quelque chose venait de s’éveiller. Les murs du laboratoire se mirent à vibrer, et une lumière rougeâtre s’échappa des fissures de l’artefact.

"Qu'est-ce que c'est… ?" souffla Moreau, horrifié.

Léa recula de quelques pas, ses yeux rivés sur l'artefact qui commençait à se fissurer, non pas sous l'impact de ses coups, mais de l'intérieur. Des éclairs d'énergie rouge sang s'échappaient des fissures, et une force invisible commença à s'étendre dans la pièce, comme une vague de chaleur étouffante.

"On a déclenché quelque chose," murmura Léa, la voix tremblante.

Moreau, impuissant, regarda l'artefact s’effondrer lentement sous son propre poids, libérant un flot d’énergie incontrôlable. La réalité elle-même semblait se tordre autour de l’objet, comme si une nouvelle brèche était en train de s’ouvrir, plus grande, plus puissante que celle qu’ils avaient refermée.

"On doit partir, maintenant !" cria Moreau, agrippant le bras de Léa pour l'entraîner vers la sortie.

Ils coururent à toute vitesse à travers les couloirs, le laboratoire derrière eux se désintégrant sous l'effet des forces libérées. L'air devenait lourd, saturé d'une énergie surnaturelle. Alors qu'ils atteignaient la sortie, Léa jeta un dernier regard en arrière. La clinique entière semblait se dissoudre dans une lumière rouge aveuglante, avalée par le chaos qu’ils avaient tenté de stopper.

"Est-ce que ça va les détruire ?" demanda-t-elle, haletante, une fois dehors.

"Je l'espère…" murmura Moreau, essoufflé. Mais il n'en était pas certain. Ils avaient peut-être fermé une brèche, mais une autre, plus grande, s'était ouverte à l'instant où l'artefact s'était effondré.

Le silence de la nuit les enveloppa, mais cette fois, il n'était pas apaisant. Il était lourd de promesses terrifiantes.

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