Chapitre 23

225 24 65
                                    

La clarté du jour perçait l'océan à mesure que le voilier remontait vers la surface. Dès qu'il fit suffisamment clair pour voir le faîte du mât, Artie emmena Braalaka au pied de celui-ci. Elle montra du doigt les encordages, tout en expliquant comment ils maintenaient la voile enroulée sur sa poutre et comment ils pouvaient être libérés et tirés pour capter le vent. Afin de donner quelques techniques à Braalaka pour la suite de l'expédition, la rousse alla chercher deux cordelettes et fit une démonstration de tressage en les enroulant, seules ou ensembles selon le nœud, autour des rambardes. Après cette approche plutôt holistique elle répéta plusieurs fois le même tressage et tendit les cordes à la brune. Celle-ci avait gardé les sourcils froncés tout du long. C'était étonnant de voir le nombre d'attaches existantes lorsqu'elle ne connaissait que le nœud plat pour lacer ses chaussures. Elle saisit le matériel que lui tendait Artie et se posta en face de la rambarde, hésitante.

« Essaie de faire celui que je viens de montrer, c'est pour garder les voiles enroulées, encouragea l'infirmière.

- Heu...

Elle tenta quelque chose en croisant les fils et en les bouclant les uns dans les autres ; comme elle s'y attendait le résultat final ne ressemblait pas à grand-chose. Néanmoins elle tira dessus pour le tester : il tenait, au moins.

- C'est un nœud de bondage ça, fit Artie d'un ton espiègle.

Braalaka pouffa en plaçant une main désespérée à son front.

Le pont était suffisamment étroit pour que les éclats de rire parviennent aux oreilles de Marco, qui s'assura du coin de l'œil de ce qu'il se passait. Il sourit et secoua la tête en voyant Braalaka tirer comme une forcenée sur son nœud pour le défaire.

- On ne va pas tarder à arriver, yoi ! prévint le phœnix en hélant.

Elles se tournèrent immédiatement vers lui.

- Tu veux qu'on reprenne la barre ? tonna Artie.

- Oui.

Les deux femmes rejoignirent le premier commandant, qui leur laissa le gouvernail et les instruments de navigation.

- On va attendre dans la cabine, vous viendrez nous chercher quand on sera assez loin de l'archipel.

- Ok ! »

Braalaka récupéra les compas et se plaça devant la carte étendue sur un pupitre. Elle plaça ses mains de chaque côté du cadre pour y appuyer un peu de son poids tandis que son regard vagabonda brièvement, suivant les racines illuminées des grands arbres des Sabaody qui commençaient à s'agglomérer en troncs. Il lui semblait déjà distinguer la surface, sorte d'opercule clair filtrant le soleil et laissant deviner la continuité floue des branchages. Puisque la mer se trouvait plus chaude à cette profondeur, la température ambiante de la bulle avait également augmenté induisant chez les membres de l'équipe une certaine anticipation de la douceur de l'air libre et de la sensation des rayons du soleil sur la peau.

Marco alla chercher Rakuyou qui surveillait à la poupe qu'aucun courant marin ne fasse remonter des débris dans leur direction. Lorsque le phœnix posa une main sur l'épaule du moustachu celui-ci tressaillit légèrement comme si on l'avait sorti d'une méditation.

« On arrive, répéta Marco.

Il hocha la tête et ils prirent la direction de leur cabine. Avant que la vue sur le pont ne soit totalement obstruée par l'inclinaison de l'escalier le premier commandant jeta un coup d'œil aux deux femmes qui discutaient au poste de navigation.

- J'espère que ça ira.

- Ne t'inquiète pas, Artie a grandi sur ce genre de bateau et Braalaka apprend vite.

Aux Grands Maux Les Grands Remèdes [Barbe Blanche x Oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant