Chapitre 31 Seraphena

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Ces derniers jours avaient été teintés d’une félicité inattendue, une bulle de bonheur que je n’avais pas connue depuis longtemps. Damon et moi avions partagé quelque chose de profond, et je commençais à envisager un avenir que je n’avais jamais cru possible. Mais une part de moi restait méfiante, et ce pressentiment, je ne pouvais l’ignorer.

Un après-midi, alors que Damon était absent, je me retrouvai seule dans son bureau. Ce lieu dégageait toujours une certaine austérité, mais il y avait aussi une force, une énergie qui me rappelait la présence de Damon. Curieuse, je parcourais les documents qu'il avait laissés sur le bureau, mes doigts effleurant les feuilles de papier éparpillées. Et puis, soudain, mon regard se posa sur une lettre à moitié dissimulée sous un dossier.

En la dépliant, je lus quelques mots qui firent battre mon cœur plus fort. « Notification de dette » et « somme due » me frappèrent comme un coup de poing. Mes yeux parcouraient les lignes, détaillant le montant exorbitant qui nous menaçait. Cette somme était colossale, et la réalité de ce que cela impliquait me glaça.

Je me laissai tomber dans le fauteuil, la lettre toujours en main, mes doigts tremblant légèrement. Cette dette ne concernait pas seulement Damon — elle concernait aussi ma famille, ma vie, tout ce que j’avais voulu protéger.

Un flot de pensées contradictoires m'envahit. Comment avait-il pu me cacher cela ? Nous avions fait tant de promesses l’un à l’autre, de serments de loyauté, et voilà que je me retrouvais face à une vérité qu'il n'avait jamais mentionnée. Une colère sourde montait en moi, mêlée à une profonde déception. J’avais cru en lui, en nous.

Je me levai et commençai à arpenter la pièce, tentant de calmer le tumulte en moi. Il m’avait caché cette information, alors même que je croyais que nous étions sur la même longueur d’onde. Peut-être que ce lien que je ressentais n’était qu’une illusion, une ombre que j'avais confondue avec une réalité.

Je décidai d’attendre son retour, de le confronter. Quelques heures plus tard, Damon entra dans le bureau, sa présence imposante remplissant la pièce. Il s'arrêta net en voyant l’expression sur mon visage, ses sourcils se fronçant légèrement.

— Seraphena, qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-il, sa voix trahissant une pointe d’inquiétude.

Je levai la lettre pour qu’il la voie, sans dire un mot. Il comprit instantanément, son visage se fermant alors qu’il posait son regard sur le papier.

—  Tu aurais dû m’en parler, Damon. Nous sommes censés être partenaires,  lançai-je, ma voix brisée par l'émotion.

Il baissa les yeux, et je pus voir une lueur de regret dans son regard. Mais il reprit rapidement son expression impassible, comme s’il essayait de se protéger.

—  Je voulais te protéger de ça. Ce fardeau n’aurait pas dû être le tien,  répondit-il, la voix basse.

Je secouais la tête, incrédule. Comment pouvait-il encore penser que me cacher cette vérité était une forme de protection ? Nous étions liés dans cette histoire, et je ne pouvais pas simplement rester en retrait pendant qu’il affrontait tout seul ce défi.

—  Tu ne comprends donc pas ? dis-je, la voix tremblante.  Nous faisons cela ensemble, ou pas du tout. Je mérite de savoir.

Il me regarda, et je pus voir la bataille intérieure qui se jouait en lui. Peut-être était-ce son instinct protecteur, ou alors sa fierté, qui l’empêchait de s’ouvrir complètement. Mais à cet instant, je ressentais la douleur de la trahison.

—  Seraphena, écoute-moi,  dit-il, s’approchant de moi. J’essaie de réparer cette situation depuis longtemps. J’ai fait des erreurs, mais je ne voulais pas te mêler à cela.

Je voulais le croire. Je voulais qu’il y ait une explication qui puisse apaiser cette douleur en moi. Mais une part de moi doutait, craignant que d’autres secrets n’attendent encore d’être découverts.

—  Damon, tu dois me faire confiance aussi, dis-je enfin, prenant une profonde inspiration pour contrôler mes émotions.  Je ne peux pas être ton alliée si tu me laisses dans l'ignorance.

Il posa sa main sur mon épaule, son regard cherchant le mien. Je sentais qu’il voulait s’excuser, mais les mots semblaient lui manquer. À sa manière, il essayait de réparer ce qu’il avait brisé, mais je savais qu’il restait des choses non dites, des vérités qu’il gardait jalousement.

Je réalisai alors que notre relation, malgré ses fondations récentes, reposait sur des équilibres précaires. Pour qu’elle puisse perdurer, Damon et moi devions apprendre à nous faire confiance, à nous appuyer l’un sur l’autre sans nous cacher de secrets.

Je quittai le bureau, laissant Damon seul avec ses pensées, mon esprit encore agité. La vérité était douloureuse, mais elle avait le mérite d’exister. Peut-être que cette confrontation, bien qu'amère, allait nous rapprocher à long terme. Pour l’instant, je savais que nous devions travailler ensemble pour surmonter cette tempête. Mais il lui fallait m’ouvrir son cœur autant que je lui avais ouvert le mien.

Cette nuit-là, je restai éveillée, réfléchissant à ce que je devais faire. Ma place à ses côtés était celle que j’avais choisie, et malgré tout, je savais que j’étais prête à affronter ces défis avec lui. Mais seulement si nous pouvions nous faire confiance, enfin et totalement.

Les sœurs Belcourt. Tom 1 Promesse amèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant