Chapitre 41 Seraphena

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La nuit était tombée, et je me tenais seule dans le jardin, le doux parfum des fleurs nocturnes flottant dans l’air frais. Les étoiles scintillaient au-dessus de ma tête, mais malgré la beauté du moment, une tempête de pensées tourbillonnait dans mon esprit. Mon cœur battait la chamade, partagé entre l’amour que je commençais à ressentir pour Damon et la peur grandissante de découvrir ses véritables intentions.

Je m’étais souvent perdue dans ses yeux, espérant y lire de la tendresse, de la passion, quelque chose de plus qu’un simple intérêt commercial. Mais ces derniers jours, un changement était palpable. Damon était distant, ses sourires moins fréquents, et une ombre semblait planer sur notre relation. Une angoisse sourde m’enveloppait, me laissant un goût amer dans la bouche.

Je revoyais sans cesse les événements récents, comme un film dont je ne pouvais détourner le regard. Je n’avais pas pu m’empêcher de surprendre une conversation entre lui et un de ses associés, et ce que j’avais entendu résonnait encore dans ma tête comme des coups de poignard.

—  Elle est un atout précieux, mais son amour pour moi pourrait être un problème.  Les mots avaient été prononcés d’un ton neutre, presque professionnel, mais leur impact avait été dévastateur.

Cette révélation me frappa comme une décharge électrique. Comment pouvait-il parler de moi de cette façon ? Je savais qu’il avait des raisons d’être avec moi, des raisons qui dépassaient peut-être l’affection ou la passion. Cela signifiait-il qu’il ne ressentait rien pour moi ? La question tournait en boucle, m’empêchant de trouver la paix.

Je marchais lentement dans le jardin, mes pensées me torturant, me renvoyant des souvenirs de nos moments ensemble. Les rires, les discussions, cette complicité que nous avions bâtie me semblaient désormais teintés de mensonge. J’avais commencé à me projeter avec lui, à imaginer un avenir où nos vies seraient entremêlées. Mais maintenant, tout cela semblait être un mirage.

J’arrêtais de marcher, me concentrant sur ma respiration. Le vent frais me faisait frissonner, et je me rendis compte que j’étais seule. La solitude me pesait lourdement sur les épaules, amplifiant mes doutes. Il avait tout pour lui, et je n’étais qu’une pièce dans son jeu. Je ne voulais pas être un atout. Je voulais être celle qu’il aimait vraiment, celle pour qui il se battrait, celle qu’il choisirait sans hésitation.

Je pris une profonde inspiration, essayant de chasser ces pensées sombres. Je me rappelais ses gestes tendres, les promesses implicites qu’il semblait faire à chaque sourire, chaque regard. Mais alors, pourquoi cet échange avait-il eu lieu ? Pourquoi le sentiment que je n’étais qu’un moyen d’atteindre un objectif se répandait-il en moi comme une traînée de poudre ?

Je décidai qu’il était temps de lui parler, de lui poser les questions qui me brûlaient les lèvres. Je ne pouvais pas continuer à vivre dans l’incertitude, à me laisser consumer par la peur. Si je voulais bâtir quelque chose de réel avec lui, je devais être honnête.

—  Damon, murmurai-je pour moi-même, m’efforçant de trouver le courage de confronter mes doutes.

Je me dirigeai vers la porte qui menait à l’intérieur de la maison. Chaque pas me semblait lourd, mais une détermination nouvelle grandissait en moi. Je ne voulais pas que notre relation soit fondée sur des secrets ou des non-dits. Je voulais la vérité, même si cela signifiait découvrir des choses que je préférais ignorer.

Dès que je franchis le seuil, je le vis dans le salon, son visage tourné vers une fenêtre, perdu dans ses pensées. L’ombre d’une inquiétude l’entourait, et je me rendis compte qu’il était lui aussi préoccupé. Je m’approchai lentement, cherchant les mots justes.

— Damon,  dis-je d’une voix douce mais ferme,  nous devons parler.

Il se retourna, surpris par mon interruption, et je vis une lueur d’inquiétude dans son regard.

— De quoi veux-tu parler ?  demanda-t-il, le ton neutre mais ses yeux trahissant une émotion sous-jacente.

Je savais que je devais être franche, même si chaque mot que je prononçais me coûtait.

— J’ai entendu ce que tu as dit à ton associé. Ma voix tremblait légèrement, mais je continuai.  Je veux savoir ce que cela signifie pour nous. Sais-tu combien j’ai souffert en entendant que je ne suis qu’un atout pour toi ?

Je voyais son expression changer, une ombre de surprise passant sur son visage. Il semblait chercher ses mots, mais je n’allais pas le laisser fuir. Je voulais la vérité, peu importe à quel prix.

—  Seraphena, ce n’est pas ce que tu crois, commença-t-il, mais je l’interrompis.

—  Alors dis-le moi, Damon. Dis-moi que tu ressens quelque chose pour moi au-delà de tout ça. Que je ne suis pas juste une pièce sur ton échiquier. Je ne peux pas supporter l’idée d’être utilisée.

Je sentais mes émotions monter, la frustration et la peur mêlées, prêtes à déborder. Les larmes menaçaient de couler, mais je me retins. Je voulais être forte, mais je ne savais pas si je pourrais l’être si je n’entendais pas ce dont j’avais besoin.

Damon resta silencieux un moment, ses yeux rivés sur moi, comme s’il tentait de percer mon âme. Je pouvais presque sentir les vagues de ses pensées, la confusion mêlée à une frustration similaire à la mienne.

—  Je suis désolé que tu aies entendu cela, finit-il par dire, la voix plus douce, mais toujours empreinte de gravité. Ce n’est pas simple, et je ne voulais pas que tu penses que…

Je le coupai à nouveau, ma colère se transformant en une vulnérabilité désarmante.

—  Je veux juste savoir si tu m’aimes vraiment, ou si je ne suis qu’un moyen d’atteindre un but.

Son regard s’assombrit, comme s’il était en proie à un conflit intérieur. La tension entre nous était palpable, et je sentais que nous étions à un carrefour.

Finalement, il s’approcha de moi, brisant la distance qui nous séparait. Ses mains prirent doucement les miennes, et je vis un éclat de détermination dans ses yeux.

— Seraphena,  dit-il, sa voix rauque,  je suis tombé amoureux de toi, pas parce que tu es un atout, mais parce que tu es toi. Je suis désolé d’avoir dit cela. Les enjeux sont élevés, et j’ai parfois du mal à gérer mes émotions. Mais sache que tu es bien plus pour moi. Je ne veux pas te perdre.

Je laissai échapper un soupir de soulagement, mes doutes commençant à s’effriter sous le poids de ses paroles.

—  Alors pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi garder ces secrets ?

—  Parce que j’avais peur, avoua-t-il, le regard baissé.  J’avais peur que si je te montrais ma vulnérabilité, tu m’abandonnerais. Mais je comprends maintenant que nous devons être honnêtes l’un envers l’autre, sinon nous ne pourrons jamais avancer.

Ses mots résonnèrent en moi, réchauffant mon cœur. La tension qui avait empoigné ma poitrine se dissipa lentement, et je réalisai que nous étions enfin en train de franchir une étape importante de notre relation. Je savais que les défis nous attendaient encore, mais au moins, nous avions désormais une base solide sur laquelle bâtir.

—  Je te fais confiance, dis-je finalement, ma voix plus douce.  Promets-moi que nous ne cacherons plus rien l’un à l’autre.

Il hocha la tête, son regard se plongeant dans le mien, et je sus à cet instant que nous étions prêts à affronter ensemble les tempêtes à venir. Une vague de soulagement me submergea, et je me sentis légère, prête à me lancer dans cette nouvelle étape de notre vie.

Les sœurs Belcourt. Tom 1 Promesse amèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant