Les sœurs Belcourt. Tom 1 Promesse amères

chapitre 6 Damon

Elle refusait toujours. Malgré toutes mes tentatives pour lui faire comprendre la nécessité de cet arrangement, elle persistait, farouche, décidée à me tenir tête. Chaque rencontre entre nous se transformait en une confrontation silencieuse où je pouvais lire dans ses yeux la même lueur de révolte. Cela m'exaspère autant que cela m’intriguait. Elle semblait se délecter de me défier, et quelque part, cela nourrissait mon propre désir de la voir plier.

Je repassai en mémoire notre dernière conversation, où elle s’était montrée implacable, refusant catégoriquement toute discussion. Elle croyait pouvoir repousser cet engagement, mais elle ne réalisait pas à quel point elle se trompait. Je m’assis dans mon fauteuil, jouant distraitement avec un stylo, tandis que je réfléchissais aux prochaines étapes. Seraphena Belcourt ne céderait pas facilement, mais cela ne changeait rien. Ce mariage devait avoir lieu, et elle finira par accepter.

Le bruit d’un coup frappé à la porte me tira de mes pensées. Mon associé, Grégory, entra, le regard inquiet. Je n’avais pas encore évoqué la question de Seraphena avec lui, mais j’avais l’intention de le faire.

- Comment se passe ton petit arrangement avec mademoiselle Belcourt ?  demanda-t-il en s’installant face à moi, un sourire en coin.

Je levai les yeux vers lui, me demandant s’il se rendait compte de l’ampleur de ce que j’avais entrepris.
- Elle est… obstinée. Mais cela ne m’inquiète pas. Je sais qu’elle finira par comprendre où est son intérêt.

Gregory éclata d’un rire léger.
-Ah, Damon, tu crois toujours que tout le monde finit par te suivre. Mais cette fois, tu sembles avoir affaire à une femme avec du caractère.

Je haussai les épaules, indifférent. Peu importait son caractère, peu importait sa résistance. J’avais toujours atteint mes objectifs, et cette fois ne ferait pas exception. Le regard de Victor se fit plus perçant, comme s’il tentait de sonder mes pensées.

- Et si elle ne cédait pas ? demanda-t-il finalement, son ton empreint d’un soupçon de provocation.

Je soupirai, exaspéré par cette hypothèse.
-Elle cédera. Elle sait ce qui est en jeu pour elle, pour sa famille. Je ne doute pas de sa résistance, mais il y a des réalités qu’elle ne peut pas ignorer.

Victor hocha la tête, visiblement amusé.
- Peut-être. Mais tu sembles oublier qu’elle est aussi en position de force. Elle sait que tu as besoin de cette alliance, et elle pourrait bien en profiter pour t’amener à faire des concessions.

Je sentis une pointe d’agacement monter en moi. Les concessions n’avaient jamais fait partie de mes méthodes. Je n’étais pas de ceux qui se laissent dicter leurs actions par les caprices d’autrui, encore moins par une femme qui tentait de m’affronter.

- Si elle croit pouvoir me manipuler, elle se trompe lourdement, » répondis-je, mon ton se durcissant.  Je ne lui laisserai pas cette satisfaction.

Gregory sourit, mais il reste pensif. Je savais qu’il comprenait l’enjeu de cette alliance autant que moi. Cependant, il semblait prendre plaisir à me rappeler que cette fois, l’adversaire que j’avais choisi était tout aussi déterminé que moi.

Après son départ, je replonge dans mes pensées, analysant chaque échange que j’avais eu avec Seraphena. Il y avait en elle une force brute, une résistance qui semblait émaner d’un refus obstiné de se laisser contrôler. Cela aurait pu être un obstacle, mais au contraire, cela a renforcé ma détermination.

Je savais que ce mariage ne serait pas comme les autres. Nous étions tous deux enfermés dans une danse macabre où chacun cherchait à dominer l’autre. Elle m’intriguait autant qu’elle m’exaspérait. Je ne pouvais m’empêcher de l’admirer, même si je ne l'admets jamais. Elle avait un feu en elle, une passion que je n'avais jamais vue chez d'autres femmes que j'avais connues, mais cela importait peu. Ce mariage allait avoir lieu, qu’elle le veuille ou non. Elle allait devoir comprendre que, dans ce jeu, c’était moi qui détiens les cartes.

Quelques jours plus tard, je la revois lors d’une rencontre que nous avions fixée dans l’un de mes bureaux en ville. Elle entra avec cette même allure assurée, ses yeux rivés aux miens avec défiance. Il était clair qu’elle n’avait pas l’intention de se montrer conciliante.

-  J’aimerais savoir ce qui te donne le droit de penser que tu peux décider de mon avenir, lança-t-elle d’une voix tranchante.

Je fis un pas en avant, m’efforçant de maintenir mon calme.
- Ce n’est pas une question de droit, Seraphena. C’est une question de nécessité. Nous savons tous les deux que cette alliance est bénéfique, et il est temps que tu l’acceptes.

Elle leva les yeux au ciel, exaspérée, et je sentis une bouffée d’amusement me traverser. Elle était si convaincue de son pouvoir, de son indépendance. Mais je savais qu’elle finirait par comprendre que dans ce monde, les choix étaient souvent dictés par des forces bien plus grandes que nous.

- Ton arrogance te fait croire que tu peux tout contrôler, répondit-elle en s’approchant de moi, ses yeux brûlant de colère. Mais sache que je ne me laisserai pas faire. Je refuse d’être un simple outil pour satisfaire tes ambitions.

Je me sentis légèrement déstabilisé par la proximité soudaine. Elle se tenait là, si proche que je pouvais percevoir le parfum discret qui émanait d’elle. Je restai impassible, mais en moi, un étrange mélange de respect et de défi s’installait. Elle n’était pas comme les autres. Elle se battait avec une intensité que je n’avais pas anticipée.

-  Peut-être que tu ne le vois pas maintenant, mais ce mariage te sera aussi profitable qu’à moi, murmurai-je, m’efforçant de ne pas céder à l’envie de lui rendre son regard de défi.

Elle plissa les yeux, cherchant à lire au-delà de mes mots.
- Profitable ? Et à quel prix ?  demanda-t-elle, son ton empreint d’un sarcasme cinglant.

Je savais que la bataille ne faisait que commencer. Cette tension, cette lutte de pouvoir entre nous, n’allait pas se résoudre facilement. Mais je ne comptais pas abandonner. Elle finirait par céder, j’en étais convaincu. Peu importe le temps que cela prendrait, elle finirait par accepter ce mariage.