Les sœurs Belcourt. Tom 1 Promesse amères

Chapitre 38 Damon

Je n’aurais jamais imaginé que Seraphena s'appliquerait à ce point. Voir son engagement grandir jour après jour a déclenché en moi un mélange de surprise, de reconnaissance, et, il faut bien l’avouer, d’une certaine crainte. Je me suis toujours vu comme le protecteur, celui qui devait tenir les rênes, gérer les crises, et prendre sur lui. Et voilà que Seraphena, avec sa détermination tranquille et ses idées pragmatiques, s’intègre de plus en plus dans cette bataille que j’avais toujours crue mienne.

Je sais que je devrais lui épargner ce fardeau, mais l’idée de partager cette charge avec elle devient étrangement réconfortante. Elle est là, à mes côtés, et pour la première fois, je me surprends à envisager un avenir où nous pourrions nous épauler mutuellement.

Assis à la table de notre salon, j’observe Seraphena qui feuillette les dossiers et passe en revue les options de financement que j’avais écartées par peur d’aggraver la situation. Elle est concentrée, son regard perçant les pages comme si elle pouvait y déceler le moindre secret caché.

— Nous pourrions envisager d’obtenir un prêt,  dis-je doucement, comme si l’idée m’apparaissait pour la première fois.

Elle relève la tête, un sourire d’encouragement se dessinant sur ses lèvres.

—  C’est une possibilité,  répond-elle.  Mais nous devons nous assurer de trouver les bonnes conditions. Et je pense que mon père pourrait peut-être nous introduire à certains de ses contacts dans le milieu bancaire.

Je hoche la tête, songeant à toutes les implications de ce partenariat. Son père… Voilà une idée que je n’avais pas envisagée. Il possède des relations que je n’ai jamais exploitées, et bien qu’il m’ait toujours paru distant, peut-être serait-il prêt à nous aider si Seraphena en fait la demande.

Ce qui me frappe alors, c’est que nous sommes en train de devenir une véritable équipe. Non plus simplement un couple, lié par un mariage d’alliance, mais deux personnes prêtes à unir leurs forces pour faire face à des difficultés communes. C’est un sentiment nouveau pour moi, et même si je reste méfiant, je me sens étrangement revitalisé.

—  Je dois te dire, Seraphena, dis-je en cherchant les mots,  je n’avais jamais pensé que tu te lancerais à mes côtés avec autant de détermination.

Elle sourit, une étincelle dans les yeux qui me fait comprendre que cette détermination, elle l’a toujours eue.

—  Tu n'as encore rien vu de tout ce dont je suis capable, répond-elle, son ton défiant.  Je ne me contente pas d’observer de loin. Si nous sommes unis, alors je veux m’assurer que nous réussissons ensemble.

Sa réponse éveille en moi un mélange de respect et de fascination. Ce n’est plus simplement une alliance de façade. C’est bien plus que cela, et cela commence à prendre une tournure que je n’avais jamais imaginée.

Nous passons encore des heures à peaufiner notre stratégie. Avec Seraphena à mes côtés, les options se multiplient, les idées fusent. À chaque obstacle, elle propose une solution, et ensemble, nous pesons les pour et les contre. Son point de vue m’offre une perspective que je n’avais pas envisagée. Parfois, elle suggère une idée qui semble absurde à première vue, mais, après réflexion, elle apparaît comme une clé qui pourrait débloquer la situation.

—  Que dirais-tu de vendre quelques parts de l’entreprise familiale, juste assez pour attirer des investisseurs potentiels, sans pour autant perdre le contrôle ?  propose-t-elle.

Je suis stupéfait. Je n’avais jamais songé à cette option, mais l’idée a du sens.

— C’est audacieux, mais ça pourrait fonctionner,  dis-je, impressionné.

Elle sourit, contente d’avoir trouvé une faille dans mon obstination. Nous planifions les étapes, calculons les risques et les bénéfices, et pour la première fois depuis longtemps, je commence à croire en notre réussite.

À la fin de cette longue soirée, nous restons assis, silencieux, absorbés dans nos pensées. Je me rends compte qu’en seulement quelques jours, Seraphena a réussi à ébranler mes certitudes. Elle a prouvé qu’elle est plus qu’une partenaire de circonstance. Elle est devenue une alliée essentielle. Je lève les yeux et, pour la première fois, je me permets d’exprimer une partie de ma gratitude.

—  Merci, Seraphena. Merci d’être là,  dis-je, simplement.

Elle se contente de me sourire, mais ce sourire en dit long. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais je sais maintenant que je ne suis plus seul. Nous avons une alliance renouvelée, basée sur la confiance et le respect mutuel. Et quelque part, au fond de moi, je ressens un espoir que je n’avais jamais cru possible. En la regardant, je me surprends à penser que cette épreuve pourrait bien être le ciment qui rendra notre union indestructible.

Alors que nous éteignons les lumières, je sais que le souffle du changement est en marche, et pour la première fois, cela ne m’effraie plus. Avec Seraphena à mes côtés, je suis prêt à affronter l’avenir.