Anastasia (En Réécriture)

Chapitre 20

Nous parvenons enfin au refuge, le souffle court, nos visages marqués par la tension et l'effort. Malgré l'air encore lourd de la menace qui plane, l'intérieur du refuge semble soudainement plus paisible, presque réconfortant après le chaos des souterrains. Je m'autorise une brève seconde pour savourer ce moment de répit.

Dimitri passe une main dans ses cheveux, toujours sur ses gardes, même ici.

- On est rentrés...souffle-t-il.

Il semble parler plus pour lui-même que pour moi, comme s'il essayait de convaincre son corps de se détendre.

Mais notre moment de calme est vite interrompu par des bruits de pas précipités dans le couloir. Liza. Ses joues sont rosies par l'effort, ses cheveux désordonnés et son regard brille d'inquiétude. Quelque chose ne va pas.

- Ana, Dimitri ! s'écrie-t-elle, avant même de parvenir jusqu'à nous. Sasha, plus grand, la suit de près, ses larges épaules se mouvant avec agilité. Il est presque collé à elle, et lorsqu'ils s'arrêtent à quelques pas de nous, il passe une main protectrice autour de la taille de la rousse, la maintenant près de lui avec une facilité naturelle.

Je ne peux m'empêcher de remarquer l'intimité soudaine entre eux, et souris devant ce geste protecteur. Dimitri, lui, ne manque pas l'occasion. Il sourit en coin en croisant le regard de Sasha.

- Tiens, tiens... murmure-t-il avec un éclat taquin dans la voix, un léger amusement perçant sa fatigue. Je vois que les choses avancent vite ici. Ravi que la guerre vous rapproche, vos disputes vont presque me manquer.

Sasha, pris de court, lui lance un regard mi-amusé, mi-embarrassé, mais Liza, elle, rougit jusqu'à la racine des cheveux. Elle repousse doucement Sasha, mais son rire trahit son embarras.

- Ce n'est pas... ce n'est pas ce que tu crois, balbutie-t-elle, mais le sourire en coin de Dimitri reste inchangé. Son regard taquin reste fixé sur Sasha qui, lui, hausse les épaules avec un petit rire.

- Oui, bien sûr, c'est toujours "pas ce que je crois", ricane Dimitri, son ton léger mais plein de sous-entendus. Juste une protection rapprochée, hein, Sasha ?

Sasha joue le jeu, levant les mains comme pour se défendre.

- Ce n'est que ça, mon pote. J'essaie juste de la garder hors des ennuis. Mais..., il baisse les yeux vers Liza avec un sourire espiègle...parfois, c'est plus facile à dire qu'à faire.

Liza lui lance un regard exaspéré mais complice, avant de se tourner vers moi. Son visage redevient sérieux et ses yeux brillent d'inquiétude.

- Non, écoutez, il y a plus important. Une missive. Elle est arrivée pendant que vous étiez partis.

La mention de la missive change aussitôt l'atmosphère. Mon cœur se serre immédiatement. Une missive ? Je jette un coup d'œil à Dimitri, qui a déjà perdu son sourire, sa main se crispant légèrement sur le manche de son arme.

Liza me tend une enveloppe marquée d'un sceau que je reconnaîtrais entre mille. Bolchévique. Sasha lâche un soupir, échangeant un regard inquiet avec Liza.

Je prends la lettre, mes mains tremblant légèrement, et déchire le sceau. Je commence à lire, la gorge nouée, mes yeux parcourant rapidement les mots écrits avec une froideur glaciale.

- Ils exigent ma reddition, murmurai-je, mes doigts se crispant sur le papier. La tension dans la pièce monte instantanément. Tout le monde sait ce que cela signifie. Ils veulent que je me présente au palais impérial..., je déglutis, les mots coincés dans ma gorge. Pour répondre de la mort d'Antonov. Ils... Ils disent que c'est moi qui l'ai tué.