Anastasia (En Réécriture)

Chapitre 14

Quelques minutes plus tôt.

L'obscurité de la nuit est lourde, pesante, étouffante. Mes pensées tourbillonnent. Je sais déjà que le sommeil ne viendra pas. Pas cette nuit. Encore une nuit mouvementée et une seule personne hante mes songes. Des yeux noisettes et un regard de feu.

Bon, c'est loupé de toute façon, je ne réussirais pas à me rendormir. Il me faut un verre de lait chaud. Ça fait de l'effet sur Alexeï pour l'endormir, alors, pourquoi pas sur moi ?Ça apaisera peut-être ma tempête intérieure. Je me dirige vers la cuisine à pas de loup. Le bureau d'Ivan est encore allumé quand je passe devant. Visiblement, les garçons sont très occupés. Tout est éteint dans la salle principale. J'allume quelques bougies et me sers un verre.

- Mademoiselle.

Je me retourne en sursautant vers le garde et lui souris. Il est en tenue de soldat, il doit sûrement faire partie de ceux qui font des rondes pour protéger le Refuge.

- Ne faîtes pas attention à moi, je remonte tout de suite, lui répondis-je poliment en me retournant.

- Ça ne va pas être possible.

Ses mots sont tranchants, lourds de menace.

- Pardon ?

J'ai à peine le temps de me retourner que j'entends le cliquetis froid et mécanique d'une arme qu'on charge. Le temps semble s'arrêter. Mon sang se glace et ma respiration se bloque. Mes poumons ne fonctionnent plus alors que je me fige face à l'arme qui me pointe. Sous le coup de la terreur, je laisse échapper un petit cri alors que mon verre glisse entre mes doigts moites et s'explose au sol. Les éclats de verre mordent ma peau, mais je n'y prête pas attention. Je fixe le blond en face de moi. Je ne vois que ses yeux bleus, glacials, remplis d'une haine incommensurable. Un frisson me parcourt de la tête au pied.

- À bas les Romanov, souffle-t-il, chaque mot suintant de rancœur.

Je ferme les yeux, m'attendant à recevoir un coup de feu mais subitement, Dimitri déboule dans la pièce. Son regard est aussi affolé que le mien et il fixe le soldat avec hargne. Le soldat approche son doigt de la gâchette. Alors que je m'apprête à crier au brun de détaler, il se jette littéralement sur moi. J'entend la détonation qui se répercute dans chaque parcelle de ma peau. Je tremble comme une feuille. La seule chose que je perçois c'est le corps de Dimitri sur le mien. Je sens les effluves de son parfum parvenir à mes narines. Tout est flou autour de moi et lorsqu'un deuxième coup de feu résonne, je suis pétrifiée. Je ne saurais l'expliquer, mais à l'instant même, je crains plus que Dimitri soit touché que moi.

Il se relève doucement, le visage paniqué. Il me libère légèrement la vue ce qui me permet de voir le soldat étendu sur le sol. La mare de sang au sol m'indique avec certitude qu'il est mort. Je reste bloqué un long moment sur le visage de mon agresseur et me reconnecte à la réalité quand je vois les lèvres de Dimitri bouger. Je suis tellement sonné que je ne réponds pas tout de suite tandis qu'il palpe mon corps à la recherche d'une blessure imaginaire. Sauf que lorsque j'aperçois du sang couler de son bras, je me fige, comprenant qu'il est bien plus blessé qu'il ne le pense.

- Dimitri ! Je vais bien ! C'est toi qui saignes ! m'écriai-je, la panique montant en moi.

Il semble s'en rendre compte à l'instant et un pique de douleur traverse son visage. Il pose une main contre son épaule ensanglantée et ses forces l'abandonnent. Il se laisse tomber contre le sol dur et j'ai à peine le temps de glisser ma main entre lui et la parois rocheuse pour éviter qu'il ne se blesse.

Autour de nous, presque la moitié du refuge s'est réveillée. Heureusement, les deux enfants ne sont pas là. Ivan, Sasha et Vlad se chargent de soulever doucement le brun avant de se diriger vers sa chambre où il l'allonge doucement sur son lit. Je m'assois à ses côtés tandis qu'Ivan fait sortir tout le monde sauf Sasha, qui revient avec une trousse de soins. Je m'assois à ses côtés et sa main vient se nicher directement dans la mienne. Je la serre fort contre moi, priant pour qu'il s'en sorte.