Anastasia (En Réécriture)

Epilogue

Plusieurs mois plus tard :

Je fais mes valises, mes mains tremblantes alors que je plie soigneusement la dernière robe que je n'ai presque jamais portée. Liza est là, à mes côtés, assise sur le bord du lit, les bras croisés. Son regard est triste, résigné. Elle ne veut pas me voir partir, mais elle sait aussi que je n'ai plus ma place ici. Pas après tout ce qui s'est passé.

- Tu es sûre de toi ? me demande-t-elle pour la énième fois, sa voix à peine un murmure. Ça ne me dérange pas de partager ma chambre à vie avec toi !

Je lui souris doucement, sans vraiment répondre. Comment pourrais-je être sûre ? Tout a tellement changé en si peu de temps. Ces dernières semaines ont été un tourbillon, une série d'événements qui ont bouleversé la Russie et nos vies. La bataille finale, la victoire à un prix élevé, le palais réduit en ruines. Tant de morts, tant de vies sacrifiées pour un trône que je ne désire pas.

- Je ne peux pas rester, Liza, dis-je finalement, mes mains se resserrant sur la poignée de ma valise. Tout cela... la royauté, le pouvoir... ça ne mène qu'à plus de violence. Il y aura toujours quelqu'un qui voudra prendre ma place, qui se battra pour le trône. La Russie a besoin de paix, pas d'une autre guerre pour une couronne.

Elle détourne les yeux, ses lèvres pincées. Elle comprend, mais ça ne rend pas la séparation plus facile.

- Ivan gère la situation maintenant, je continue, essayant de la rassurer. Il a été élu député, il prend les rênes. La Russie est entre de bonnes mains. C'est un long chemin vers la démocratie, mais c'est la seule solution. Abdiquer est la seule chose que je pouvais faire pour que la paix ait une chance.

C'est vrai qu'il s'est passé beaucoup de choses pendant ses dernier mois. Le groupe a triomphé, mais à un coût élevé, on décompte un nombre important de morts et le palais a été endommagé par la bataille. La menace bolchevik a été anéantie et les derniers survivants se sont rendus. J'ai débattu pendant des jours avec Ivan et finalement, j'ai pu obtenir la signature des traités de paix envers les différents clans en échange de mon abdication volontaire. C'est un choix que Sergeï n'aurait sans doute jamais approuvé. Attaché à la royauté et à ses valeurs, il aurait sûrement vu cette abdication comme une trahison des valeurs qui ont guidé nos familles pendant des siècles. Heureusement, il n'est plus là pour voir ça. Et je me surprends à imaginer son regard sombre et déçu, un reproche silencieux face à cette Russie nouvelle que je laisse derrière moi. Mais la guerre a tout changé. Elle a brûlé jusqu'à la légitimité de ce trône pour lequel il s'est battu. De toute façon, je ne veux pas de cette couronne si cela engendre une guerre. C'est donc une politique démocratique qui régnera sur la Russie avec plusieurs nominés au parlement dont quelques membres du Cercle. Cela mettra du temps pour installer tout ça, mais pour l'instant Ivan a été élu et il gère les négociations. La Russie est entre de bonnes mains avec lui.

Liza soupire, les larmes aux yeux.

- Je sais, mais... sa voix se brise un instant. Tu vas me manquer.

Je m'arrête, la regardant avec une émotion sincère.

- Tu vas me manquer aussi, Liza.

Avant que l'une de nous ne puisse dire quoi que ce soit de plus, Dimitri entre dans la pièce, un sourire au coin des lèvres. Il se place derrière moi, et sans un mot, il pose une main apaisante sur mon ventre. Je tourne légèrement la tête pour le regarder, et nos regards se croisent avec tendresse. Son soutien me rassure, comme toujours.

- Tu as pris la bonne décision, murmure-t-il, avant de déposer un baiser léger sur mes lèvres. Son geste me réchauffe le cœur, et je sens la tension en moi s'apaiser légèrement.