Chapitre 19

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Le silence qui règne dans la pièce est presque aussi oppressant que les regards rivés sur moi. Je me tiens droite, les mains posées à plat sur la table pour ne pas révéler leur léger tremblement. Mon cœur bat vite, mais je ne peux pas me permettre de laisser cette peur transparaître. Pas maintenant. Pas ici. Pas devant lui.

Antonov, ce monstre en face de moi, se recule légèrement dans sa chaise, un sourire narquois déformant ses traits durs et bourrus. Ses yeux me transpercent, froids, calculateurs, comme s'il attendait le moment où je flancherais, où je lui donnerais ce qu'il attend depuis le début : ma faiblesse.

Mais je ne lui donnerai pas cette satisfaction. Je suis Anastasia Romanov, et ce titre n'est plus un fardeau. C'est mon bouclier, mon arme.

- Alors, petite princesse, commence Antonov d'une voix traînante, pleine de moquerie, c'est quoi ton plan ? Tu vas pleurer et supplier pour que je sois clément ?

Je sens la colère monter en moi, mais je la contrôle. Depuis des jours, depuis des semaines, j'ai appris à le faire. La colère, l'injustice, tout cela fait partie de cette guerre, mais il ne faut pas y céder. Je ne suis plus cette enfant effrayée qui fuyait à travers les bois. Je suis une Romanov, et je ne me laisse plus écraser.

Je le regarde droit dans les yeux, et malgré le nœud qui me serre la gorge, ma voix est ferme, claire.

- Je suis ici parce que je suis prête à trouver une solution. Pas pour supplier.

Antonov écarquille légèrement les yeux, surpris par mon ton, mais son sourire s'agrandit. Il pose un coude sur la table et penche sa tête sur le côté, comme s'il me jaugeait, cherchant la faille.

- Une solution, hein ? Tu penses que des mots vont arranger les choses ? Regarde autour de toi. Ton monde est en train de s'écrouler. Il n'y a plus rien à sauver.

Je respire profondément, refoulant l'amertume qui me serre la poitrine. Ce qu'il dit n'est pas entièrement faux. Mon monde s'est écroulé, et je me bats chaque jour pour rassembler les morceaux. Mais ce n'est pas pour le passé que je suis ici. C'est pour l'avenir.

- Il y a encore quelque chose à sauver, dis-je, en forçant mes yeux à rester fixés sur lui. Le sang versé jusqu'à présent ne doit pas être vain. Vous avez gagné des batailles, Antonov, mais une guerre ouverte ne vous servira à rien. Pas à vous, pas à moi, et certainement pas à la Russie.

Son sourire s'efface lentement, remplacé par une expression plus sombre.

- Ne me parle pas de la Russie, crache-t-il, ses mots brusques. La Russie, c'est vous qui l'avez détruite. Tes ancêtres, tes privilèges, ce trône que tu veux retrouver. Tout ça, c'est terminé.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale, mais je ne faiblis pas. Je m'attendais à cette réaction. La haine, il l'a accumulée pendant des années, et pour lui, je suis l'incarnation de tout ce qu'il méprise.

- Je ne suis pas ici pour défendre ce que ma famille a fait, répliquai-je calmement. Ce qui est arrivé appartient au passé. Je suis ici pour éviter que plus de vies ne soient sacrifiées pour rien.

Je sens mes poings se serrer sous la table. Mon père, ma mère, mes sœurs... ils ne sont plus là pour répondre de leurs actes, mais moi, je le suis. Je dois porter ce fardeau, mais je peux en changer le sens.

Antonov se lève soudainement, sa chaise raclant le sol de pierre. Il s'approche, ses mains posées à plat sur la table, se penchant vers moi. Je peux sentir son souffle contre mon visage, l'intensité de sa colère est palpable.

- Tu crois que ça change quelque chose, Anastasia ? Il prononce mon nom comme s'il crachait une insulte. Ton nom est une malédiction pour ce pays. Et tu veux que je t'écoute ? Pourquoi ? Pour que tu reprennes ton trône et que tout recommence ?

Anastasia (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant